L'hôtel Saint-Pol T1 - Michel Zévaco

Auteur : Michel Zévaco
Éditions : Fayard
Genre : Historique
Date de publication originale : 1909
Pages : 362

    
 "Dix heures du soir vont sonner … Dans la vaporeuse atmosphère de la nuit d'été, en ce coin de Paris qui s'étend de la rue Saint-Antoine à la Seine, c'était d'une saisissante vision que celle de cette formidable enceinte crénelée sur laquelle pèse un vaste silence…"


Synopsis :

 Dans l'hôtel St Pol qui abrite le palais de la reine, Isabeau de Bavière épouse de Charles VI, le roi fou, rêve d'unir le duché de Bourgogne au royaume de France. Pour cela, Charles VI, Philippe de Bourgogne et Marguerite de Hainaut doivent mourir. En ce soir d'été, Isabeau reçoit discrètement Jean sans Peur, fils de Philippe de Bourgogne et époux de Marguerite de Hainaut. Jean sans Peur, ivre d'ambition, jure son amour à la reine et s'allie à elle. Mais une dame d'honneur, Laurence d'Ambrun, a vu Jean sans Peur pénétrer dans le palais. La reine l'a remarqué et se rend chez sa suivante. Elle la découvre en compagnie d'une jeune enfant. Terrorisée, Laurence avoue que la petite Roselys est la fille de Jean sans Peur qu'elle espère épouser pour donner un nom à sa fille. Isabeau décide de tuer Laurence, mais c'est sans compter sur le frère d'adoption de Laurence. Celui-ci, le jeune chevalier Hardy de Passavant va se trouver plongé au coeur de ces complots pour le contrôle du royaume, confronté aux hommes de main de la reine, aux tueurs de Jean sans Peur, au sorcier Saïtano...

Ce que j'en ai pensé :

Paru en 147 feuilletons dans le journal "Le matin" du 24 avril au 1er septembre 1909, ce roman n'est qu'une succession de rebondissements haletant pour les lecteurs. Un vrai roman d'aventures de cape et d'épée sous la dynastie capétienne en l'an de grâce 1395. Ce livre m'a permis de faire un saut dans le passé qui me parait si loin dans ma mémoire d'écolière, de réviser cette époque méconnue pour ma part et d'en apprendre un peu plus sur ce bon roi Charles VI dit le "Bien aimé" mais surtout "Le fou". Le seul roi fou qui me restait en mémoire est Charles IX (décidemment il est préférable de s'appeler Louis que Charles quand vous possédez du rang royal) que j'avais découvert à travers
le roman que j'avais également beaucoup apprécié de Jean Teulé.

 Notre histoire se situe après la pseudo éviction au trône de Charles VI par ses oncles qui ont repris la régence du royaume de France et en particulier Philippe de Bourgogne. La guerre des héritiers va commencer entre le fils de Philippe de Bourgogne dit Jean sans Peur et le duc Louis d'Orléans (frère du roi qui revendique sa place au conseil au détriment de son cousin). Est-ce que vous suivez toujours ? Je trouve pour ma part que c'est passionnant. Je vous ai placé le contexte, je vais vous présenter les personnages de ce roman comme vous le constaterez passionnant.

Nous retrouvons au début de ce roman Isabeau de Bavière, épouse du roi fou qui n'en est que peu désolée mais au contraire complote dans son dos avec Jean sans Peur pour récupérer le pouvoir et devenir officiellement la régente du royaume. Forte de caractère, ambitieuse, plutôt jolie, son garde du corps n'est autre qu'un tigre. Elle va tout au long du roman décider de qui doit vivre ou mourir sans scrupule ni état d'âme, utilisant si nécessaire l'aide d'un sorcier obscur et fait appel à sa magie noire sacrificielle afin de voir ses caprices réalisés. Ce personnage décrit par Michel Zévaco est au combien haïssable, mais extrêmement bien décrit psychologiquement. Une méchante que l'on aime détester.

Je vous le disiez plus haut, on retrouve Isabeau avec son amant Jean sans Peur dont la réputation n'est plus à faire avec un surnom aussi distingué. Cruel et également sans scrupule, il est tellement amoureux (du moins au début du roman) de la reine qu'il fera ce qu'elle lui dit de faire et est prêt à tuer son épouse à la demande de sa maîtresse, mais il lui reste un brin d'amour propre pour ne pas le faire. Ceci lui coutera les bonnes grâces, mail il trouvera bien d'autres subterfuges pour les récupérer.

Mais lors de leur complots, une jeune femme écoute Laurence D'Ambrun (personnage fictif), celle-ci va donc être sacrifiée et sa fille Roselys qui est en fait la fille batarde de Jean sans Peur cachée. Mais en fait Laurence va être sauvée par  le mage noir d'Isabeau dont le nom résonne dans les couloirs obscurs comme un poison mortel : Saïtano (personnage également fictif). C'est sans compter sur le chevalier de Passavant (également fictif) qui a été élevé comme un frère pour Roselys qui va vouloir venger sa sœur de cœur et être emprisonné plus d'une dizaine d'années. 

Roselys reviendra par un incroyable jeu de circonstance sous le nom d'Odette de Champdivers qui a été un personnage réél. Jeune fille incroyablement belle et douce, discrète, affable et délicate, elle va faire tourner la tête de Jean sans Peur et du chevalier de Passavant, tout en aidant le roi fou à ne pas perdre la sienne, mais devra se méfier de la garder solidement attaché à son cou devant Isabeau de Bavière.

Alors oui, cela semble un temps soit peu compliqué lorsque je vous le décris comme ceci, mais c'est pour que vous puissiez vous immerger les intrigues, les rebondissements, les revirements de situations créés par Michel Zévaco au début du siècle dernier. Le tout avec une écriture fluide et addictive, j'ai retrouvé la manière d'écrire caractéristique des auteurs à feuilletons de l'époque comme Gaston Leroux (le mystère de la chambre jaune).

Oui ce roman est une très bonne découverte, c'est parfois un peu trop rocambolesque à mon gout et c'est sans doute pour ça que ce n'est pas un coup de cœur, car même si j'apprécie énormément le Chevalier de Passavant, je trouve qu'il en fait beaucoup trop et surtout que son âge ne colle pas forcément avec ce qu'il a pu réaliser. La fiction a un trop pris le pas sur la réalité.

Et puis, je vais vous dire que lors de la lecture de ce roman, j'ai regardé Games of T

Un roman lu très rapidement, puisque chaque fin de chapitre donne envie de découvrir la suite, profitez de découvrir ce roman, il est gratuit sur Kobo, je suis certaine que si vous aimez les romans historiques et les intrigues vous serez conquis.

J'ai volontairement décrit beaucoup de personnages et encore il ne s'agit que des principaux, pour quand je lierai le second tome intitulé Jean sans Peur, je ne suis pas totalement perdu. A très vite pour la suite des aventures de la cours d'Isabeau et de Charles VI.

Citations :

"Ne criez pas ainsi, leur dit-il. Vous ne pouvez me faire ni pitié ni peur. J'ai un nom qui exclut tout sentiment humain. Je m'appelle Scence. Or la science possède une logique implacable. qu'est-ce que la science ? La conquête de la vie. La vie sans fin ! L'éternité. "

"Ambitieux sans valeur, amant sans courage, c'est aux crimes les plus lâches que vous demandez la satisfaction de votre double appétit."


Petit bonus :

Comme ceci tombe bien, je viens de faire la guerre de cent ans avec mon fils dont voici ce qu'il avait comme arbre généalogique à étudier :




Charles VI (1368-1422) fut roi de France de 1380 à 1422. Fils du roi Charles V de France et de Jeanne de Bourbon, il succéda à son père. Son règne fut marqué par sa folie intermittente à partir de 1392, le reprise de la guerre de Cent Ans avec les Anglais et la guerre civile entre les partisans du dauphin Charles (les Armagnacs) et ceux du duc de Bourgogne (les Bourguignons) allié des Anglais.
Charles n'ayant que douze ans à la mort de son père. La régence du royaume est assurée conjointement par ses oncles Louis d'Anjou, Jean de Berry, Philippe II le Hardi duc de Bourgogne et le duc de Bourbon. Ceux-ci doivent faire face à de nombreuses révoltes populaires, les Maillotins à Paris, la Harelle de Rouen, les Tuchins en Languedoc et les Flamands de Philip van Artevelde.
En 1392, le roi est frappé de folie intermittente. Les grands seigneurs se déchirent pour savoir qui gouvernerait. Débute alors une guerre civile entre les Armagnacs (partisans de Louis duc d'Orléans frère du roi et les partisans du dauphin Charles) et les Bourguignons (partisans de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, cousin du roi, allié de la reine Isabeau de Bavière et aux Anglais).
Le roi d'Angleterre Henri V profite de la folie du roi pour reprendre la guerre et tenter de récupérer les territoires perdus pendant le règne de Charles V.
Après le désastre militaire de la bataille d'Azincourt, contre les Anglais, en 1415, le roi Charles VI doit accepter, en 1420, le traité de Troyes. Le roi déshérite son fils Charles, marie sa fille au roi Henri V d'Angleterre qui devient régent de France et héritier de la couronne.
Le roi, abandonné par sa famille meurt isolé en 1422

 Isabeau de Bavière, née vers 1371 à Munich et morte le 28 septembre 1435 à Paris, est une noble allemande, devenue reine de France par son mariage avec le roi Charles VI.
Élisabeth de Bavière (appelée Isabeau par les Français) est la fille du duc Étienne III de Bavière et de sa femme Thadée Visconti, de la famille des seigneurs de Milan. Elle est choisie pour devenir l'épouse du roi Charles VI de France, le mariage a lieu en 1385 à Amiens. Les deux époux ont douze enfants de 1386 à 1407, dont :
  • Isabelle (1389-1409), mariée au roi Richard II d'Angleterre, puis, après la mort de Richard II, à son cousin Charles d'Orléans,
  • Catherine (1401-1438), mariée au roi Henri V d'Angleterre ; devenue veuve, elle se remarie avec un seigneur gallois, Owen Tudor. Le roi Henri VII d'Angleterre (Henri VII Tudor) est leur petit-fils ;
  • Charles VII (1403-1461).
De son vivant déjà, Isabeau de Bavière a été sévèrement critiquée pour son train de vie dispendieux et ses infidélités supposées. Son règne, commencé sous les meilleurs auspices, est effectivement l'un des plus sombres de l'Histoire du royaume de France, qui n'est sauvé du désastre qu'après la patiente reconquête de son fils Charles VII. Jusqu'au XIXe siècle, l'historiographie a fait d'Isabeau l'archétype de la mauvaise reine. Pourtant, depuis le XXe siècle, les historiens ont réexaminé les différentes descriptions contemporaines de son règne et concluent que, même si son action à la tête du royaume a été catastrophique, de nombreux éléments de sa réputation sont exagérés et proviennent du factionnalisme ambiant et de la propagande conçue par les partisans de Charles VII.


Jean Ier de Bourgogne, dit « Jean sans Peur », né le à Dijon et mort assassiné le à Montereau-Fault-Yonne, est un prince de la maison capétienne de Valois.
De 1404 à sa mort, il est duc de Bourgogne, comte de Flandre, d'Artois et de Bourgogne palatine, seigneur de Salins, Malines et autres lieux. Il poursuit la politique de son père Philippe le Hardi, consolidant les bases de l'État bourguignon.
À la cour de France, il ne bénéficie pas du rôle de premier plan de son père au Conseil royal, n’étant que le cousin de Charles VI. Ce dernier connaît depuis 1392 des crises de folie intermittentes et sa cour devient le lieu de toutes les intrigues entre les princes. En 1407, Jean sans Peur fait assassiner son rival, le frère du roi Louis d’Orléans.
En commanditant ainsi le meurtre de son cousin, le duc de Bourgogne plonge le royaume de France dans la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, au cours de laquelle ces deux factions se disputent la capitale et la régence. Ces troubles contribuent à relancer la guerre de Cent Ans en amenant le roi Henri V d'Angleterre à saisir l'occasion pour revendiquer ses droits sur la couronne de France.
En 1419, alors qu'il tente une nouvelle réconciliation avec les Armagnacs pour tenter de parer l'offensive anglaise, Jean sans Peur est à son tour assassiné, sur le pont de Montereau.



Odette de Champdivers, dite la « Petite Reine » (vers 1390 – vers 1425), est une maîtresse de Charles VI, roi de France. Elle est la mère de leur fille Marguerite, qui sera légitimée après la mort de Charles VI.
Odette de Champdivers est la fille d'Odin, ou Oudin, seigneur de Champdivers, et maître d'écurie du roi en 1387. Elle appartient à la famille seigneuriale de Champdivers, qui tire son nom d'un fief près de Dole et de Saint-Jean-de-Losne, dans le duché de Bourgogne.
Odette est la sœur d'Henri de Champdivers, marié à Jeanne de Toulongeon (1382-1419). Jeanne de Toulongeon est la sœur de deux maréchaux de Bourgogne et d'un grand écuyer de France. Elle a aussi comme frère Odinet de Champdivers, chevalier, qui en 1394 suit Philippe le Hardi lors de son voyage en Bretagne.
Sa famille bourguignonne, sert le parti des ducs Philippe II et Jean sans Peur. Il paraît vraisemblable qu'Odette ait été introduite auprès du roi Charles VI par le duc Philippe le Hardi pour des raisons politiques et pour favoriser le parti bourguignon.
Le roi, surnommé « le Fol », a de violents accès de folie et la reine est une de ses victimes. Il lui est donc choisi une concubine, qui est Odette, à partir de 1405-6. Elle est dite avoir été très belle, et elle est surnommée par ses contemporains « la petite reine ». En 1407 naît Marguerite, leur fille.
Du vivant de Charles VI, de riches dons servirent de récompense à son dévouement. Odette est gratifiée de deux beaux manoirs avec toutes leurs dépendances situés l'un à Créteil, au Buisson et l'autre à Bagnolet, sans doute situé aux Malassis. Elle partage le long calvaire du roi de France atteint de démence jusqu'à la mort de celui-ci en . On dit même qu'elle invente pour le distraire les cartes à jouer.
Selon certains auteurs, Odette porte les vêtements de la reine dans le lit royal chaque nuit, et Charles ne repère pas la substitution

Le mot de la fin :

J'ai lu ce roman en même temps que je regardais Games of Thrones, vous sourirez sans doute si je vous dis qu'il y a beaucoup de similitudes : la reine, l'amant, la vengeance, les meurtres, le poison, le sorcier,  mais pas de dragons, pas de dieux ni de marcheurs blancs, c'est de l'historique bien sûr ; je vous le conseille fortement, un vrai plaisir à lire sans temps morts et de bonnes surprises, la suite arrive bientôt j'espère.

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