Pasakukoo - Roy Braverman

Auteur : Roy Braverman

Edition : Hugo Poche
Genre : Policier
Sortie : 2021
Nombre de pages : 414

"Peu importe qui je suis pour l'instant, puisque je suis mort maintenant, mais voilà ce que je sais de cette curieuse affaire."

Synopsis :

Lac Pasakukoo, dans le Maine des été indiens. Le corps noyé d'une jeune romancière prometteuse, égérie annoncée d'une nouvelle génération d'écrivains. De chaque côté du lac, la résidence de deux auteurs à succès, meilleurs ennemis du monde. Un shérif qui ne les aime pas, et un village où aucun secret ne résiste à la douceur de vivre apparente. Un avocat noir et théâtral qui débarque. Une secrétaire à faire pâlir Venus en personne. Un assistant littéraire appliqué et ambitieux. Un manuscrit dont la seule existence fait frémir les familles les plus puissantes de la région. Des mots qui deviennent des armes, et des pages blanches des linceuls. Et soudain, une série de violences qui se déchaînent entre les rancœurs d'hier et les menaces de demain.

Ce que j'en ai pensé :

C'est sans hésitation que je peux affirmer que c'est ma bonne surprise de cet été. Seul regret que j'ai, ne pas avoir eu entre mes mains ce livre plus tôt dans la saison estivale pour vous faire découvrir et/ou partager ce roman. 

Envie d'évasion, envie de paysages sereins et apaisants, envie de calme et de températures tempérées, téléportez-vous immédiatement à côté du lac Pasakukoo. La beauté vous entourera mais attention, pas sûre que votre séjour se fera en toute quiétude : chasseur de prime, voleur de roman, auteurs à succès addict au sexe, à l'alcool et à la drogue, secrets de famille, inceste, incendie criminel, suicide et règlements de compte, ce roman est un western contemporains dans un pays où les serpents rampent sous les feuillages et les enfants les attrapent.

Un cocktail estival explosif, c'est pour moi un excellent roman policier pour l'été. Asseyez-vous, lunettes de soleil sur le bout de votre nez, installé confortablement, sirotant votre citronnade (l'abus d'alcool est dangereux pour la santé - et - je vous déconseille d'en abuser au risque de finir comme certains de ces personnages hauts en couleurs au propre comme au figuré).

Mais vous vous demandez qu'est-ce qui a déclenché en moi un tel engouement ? Tout d'abord, le rythme de ce roman : roman choral, de nombreux personnages vont se mettre en place au fur et à mesures, qui chacun montre aux autres la bonne ou la mauvaise partie de leur visage, cachant au plus profond d'eux leur vrai nature : la bonne ou la mauvaise. Jeu de pièces : puzzle à reconstruire ou jeu de la pièce que l'on lance et que les cowboys devaient trouer en l'air à l'aide de leur révolver, ce roman joue avec nous comme chacun des personnages jouent avec leur reflet.

Ensuite, la construction de ce roman, au début de chaque paragraphe, une personne évoque un souvenir qui donnera une clé pour le thème abordé dans le chapitre. Pendant longtemps on s'interroge sur l'identité de ce personnage, et révélation faite, tout prend du sens.

Roy Braverman joue avec nos déductions, joue un temps soit peu avec nos nerfs, rebondit de chapitre ne chapitre, se réinvente, construit un tour de passe passe. De très jolis jeux de mots, les personnages ont de l'esprit comme son auteur qui part de nombreuses tournures de phrases nous mènent par le bout du nez, nous laissant songeur lorsque l'on referme le livre, et finalement, nous aussi on aurait peut-être aimé vivre quelques jours sur les rives du lac Pasakukoo.

Citations :

"- Je n'ai pas de type d'homme, Monsieur. J'aime, et je ne cherche pas vraiment à savoir ni pourquoi, ni comment. ça me tombe dessus comme ça, sans prévenir.
- Mais je ne vous suis pas tombé dessus au moins, n'est-ce pas Matthew ?
- Non, Monsieur, rassurez-vous. De vous, je n'aime que votre écriture.
-C'est ce que j'aurais aimé entendre de toutes les femmes que j'ai cru aimer, soupire Dempsey."

"- A quoi servent les fêtes, sinon à s'enivrer ?
- A jouer à s'amuser, peut-être ?
- Vous le croyez vraiment ? Ne serait-ce pas plutôt toute cette putain de vie qui n'est qu'un mauvais jeu ? Les fêtes sont là pour nous permettre d'y échapper. C'est sérieux, une fête. C'est sérieux et joyeux comme évasion !"

"C'est tellement facile de tuer quelqu'un. Huit grammes de métal à quatre cents mètres par seconde et l'extraordinaire assemblage d'os, d'organes, de viscères, d'intelligence, de mémoire et d'âme que nous sommes n'est plus rien qu'un cadavre qui commence aussitôt à se décomposer. Pas étonnant que cette puissance de destruction fascine les auteurs. Je me sens depuis le début de ce roman comme un gladiateur dans une arène. Est-ce un hasard si, au temps des jeux de cirque, celui qui avait le pouvoir d'arrêter le combat ou d'exiger qu'il se poursuive jusqu'à la mort s'appelait "l'éditeur" ? "

"Prétendre, c'est vouloir tenter sa chance. La prétention est un défaut, mais les prétentions sont comme des rêves à atteindre."

Le mot de la fin :

Qui ne rêve pas d'un été indien à flâner le long d'un lac, au cœur de la nature. Roy Braverman nous propose une ballade rythmée de meurtres, de suicides, d'incendie et de mensonges. Des secrets de famille et d'amis en qui ne ne croyaient pas pouvoir faire confiance. Un roman sauvage au plus profond des êtres qui cache des secrets inavouables. Très belle réussite, mon coup de cœur de cet été.

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Je remercie NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce roman.



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