Sans mon ombre - Edmonde Permingeat

Auteur : Edmonde Permingeat
Éditions : L'archipel
Genre : Thriller
Date de publication originale : 2019
Pages : 433


          " - Espèce de salope ! Déjà dans le ventre de maman, tu prenais toute la place !"


Synopsis :

Alice a tué Célia, sa jumelle. Son reflet, un alter ego inversé dont elle enviait la vie de rêve. Alors que, célibataire, elle doit gagner sa vie en enseignant la philosophie, sa jumelle, épouse et mère comblée, mène l'existence oisive des riches, dans le luxe et un magnifique cadre de vie au bord de la mer. Mais la mort de Célia va permettre à Alice de prendre sa place.
Du moins le croit-elle. Car au "pays des merveilles", ce n'est pas le bonheur mais le désenchantement qui l'attend. La vie d'Alice de l'autre côté du miroir va tourner au cauchemar… jusqu'à lui faire réaliser, mais un peu tard, que le beau miroir était celui des alouettes…

Ce que j'en ai pensé :

Il est impossible de vivre sans son ombre, où que l'on aille, de jour comme de nuit, discrète ou invasive, elle nous suit que nous le voulions ou non. Ce n'est pas un choix, c'est une obligation. Le seul qui a perdu son ombre est Peter Pan et même lui est revenu la chercher parce que, peut-être, ne pouvait-il pas vivre ou tout simplement pas exister sans ?

Ici, nous nous n'envolons pas avec Peter mais traversons le miroir avec Alice.

Alice, jeune femme d'une trentaine d'année, assumée, célibataire, sans enfant, à la vie sexuelle intense, cache au plus profond d'elle-même l'aigreur de ne pas  être née unique : Célia. Son double, sa jumelle, son reflet, son ombre qui la suit inexorablement, ou à l'inverse lui fait de l'ombre. 

L'aigreur, un beau jour de fin de vacances d'été, se transforme soudainement comme ces orages qui arrivent subitement dans le sud de la France en un claquement de doigt, en fureur. L'irréparable se produit, Alice passe à l'acte, Alice tue sa sœur.
Elle aurait pu s'arrêter là, se livrer à la police, dire qu'il s'agissait d'un accident, une mauvaise chute, non ce n'est pas le style d'Alice. L'orgueil et la vanité d'Alice seront plus importants que sa culpabilité. Alice va usurper l'identité de son double, de son ombre et intégrer une vie qui n'est pas la sienne : une vie au soleil.

Alice a tout de la serial killeuse qui n'a aucun regret, qui ne fait pas la distinction entre le mal et le bien. Malgré le fait qu'elle soit "titulaire d'une maîtrise en philosophie" s'enorgueillie-t-elle encore et encore, elle vit perché, dans ses livres, elle a le cerveau complétement retourné. Son égoïsme est démesuré, elle incarne a elle seule les sept péchés capitaux, ou presque.

Je me suis surprise, lors de ma lecture, d'apprécier et de détester ce personnage en même temps. On ne peut que sourire de son cynisme et de ces bons mots toujours bien placés cependant on ne peut s'empêcher d'espérer que son crime ne reste pas impuni. Est-ce que Alice va découvrir la rédemption ?

C'est en évoluant dans le pays des merveilles de sa sœur, qu'enfin Alice comprendra  ce que sont les apparences d'une vie parfaite, avec un mari parfait, avec des amis parfaits, parce que la première règle en ce monde, c'est que le gens ne montrent  que ce qu'ils ont envie de montrer et qu'il est tellement facile de créer un univers artificiel. "Alice, si tu étais aussi intelligente que tu prétends l'être, aurais-tu pu voir au-delà de ton nez qui s'allonge à la Pinocchio, tellement tes mensonges s'entassent ?"

Edmonde Permingeat nous entraîne dans la tête de cette meurtrière qui espère changer de vie en un coup de baguette magique mais va commencer à sombrer. La désillusion sera au bout du chemin.

Alors oui, j'ai eu un moment de flottement au milieu du roman, le comportement et les réflexions d'Alice devenaient insupportables, j'avais du mal à comprendre où l'auteur voulait nous emporter, puis nous basculons soudainement de l'autre côté du miroir, donnant un nouveau souffle au roman.

Ici Edmonde Permingeat nous décrit simplement la vraie vie, ça donne froid dans le dos. Pas besoin de sang, de meurtres macabres, de mises en scène complexes, non regardez juste derrière votre épaule, de l'autre côté de la clôture et malheureusement vous pourriez être confronté à Alice ou Célia.



Citations :


"M'envoler, fuir. Etre une mouette. Libre. Sans mari ni enfants. Ne plus avoir à subir les corvées familiales, ni ces réceptions ennuyeuses à mourir. alice ne saura sûrement jamais à quel point je l'admire et l'envie. Combien je voudrais être elle ! Entière, insoumise. Ne plus être l'esclave du sacrosaint devoir d'épouse et de mère. Une femme forte qui prend son destin en main … Entrer dans la peau de mon double, mon alter ego inversé. Etre Alice !"


"Je rêve d'une maison pleine de soleil et de rires. Une maison  ouverte aux amis . Aux vrais, à ceux qui n'ont pas une pierre à la place du cœur, qui n'ont pas besoin d'écraser les autres ou de briller pour exister, qui se contentent d'être eux-mêmes et qui sont tout simplement heureux de respirer l'air pur, heureux de vivre. Sans clinquant ni flonflons ni paillettes. Une vie toute simple. Saisir les petites joies qui passent comme des papillons multicolores. C'est ça le bonheur."




Petit bonus :



Dans ce roman, il y a beaucoup d'allusion à Alice aux pays des merveilles. ON y retrouve la reine de cœur incarnée par l'horrible belle mère, le chapelier fou qui a votre convenance peut prendre les traits du banquier ou du vétérinaire, et je m'arrêterai ici, ne connaissant que trop peu le dessin animé et n'ayant pas apprécié ma lecture d'Alice au pays des merveilles.


Pour en découvrir plus sur l'auteur et ce livre rendez-vous sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=AkKmQEhSWLc



Le mot de la fin :

Un bon roman qui séduit par la vérité éclatante du quotidien dans une ville où la vie n'est pas forcément belle. A découvrir.

***

Merci à Netgalley pour la découverte de ce roman



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