La belle et la bête - Madame Leprince de Beaumont

 


Auteur : Madame Leprince de Beaumont

Éditions : Le livre de poche
Genre : Conte
Date de publication originale : 1756
Pages : 79


         "Il y avait une fois un marchand qui était extrêmement riche."

Synopsis :

Parce qu'il a cueilli pour sa fille cadette une rose dans le jardin de la bête, un marchand ruiné se voit contraint d'échanger la vie de son enfant contre la sienne. La belle, prête à sacrifier son existence pour sauver celle de son père, devient l'otage de la Bête, un monstre terrifiant. Mais dans ce château où règne la magie, la Belle va bientôt découvrir que l'amour éclot parfois là où on ne l'attendait pas...
Un récit intemporel et inoubliable sur la vertu, la modestie et la nécessité de voir au-delà des apparences.


 Ce que j'en ai pensé :

La Belle et la Bête écrit par Madame Leprince de Beaumont est un conte pour jeune fille bien éduquée de l'aristocratie et bourgeoisie du XVIIIe siècle.

En effet, ce conte est un extrait de l'œuvre : "Dialogues d'une sage gouvernante avec ses élèves" qui est une version que c'est appropriée l'autrice. La version originale paru en 1740 (soit une quinzaine d'année auparavant) est l'œuvre de Madame Barbot de Gallon de Villeneuve, plus fantastique et surtout beaucoup plus long, semble-t-il. 

Ici Madame Leprince de Beaumont cherche à débattre de la vertu d'une jeune fille bien rangée mais pas trop non plus. En effet, elle est, ce que je pourrai qualifier de féministe avant l'heure : une féministe intelligente qui réinvente Belle comme une jeune fille téméraire mais respectueuse de sa place dans la société telle qu'elle était au siècle passé. 

Le lecteur ne peut qu'admirer Belle non seulement pour sa beauté jalousée par ses ingrates de sœurs au cœur de pierre, mais surtout à travers l'acceptation de ses actes : le désintéressement matériel à l'enrichissement par l'amour de son prochain. Et même, si heureusement, la plupart du temps à notre époque nous vivons avec la personne que l'on a choisit, Belle n'avait pas notre liberté actuelle et par son sacrifice va cependant renaitre à travers une affection grandissante et fait le choix d'épouser la bête. 

Intéressant, non ? Mais voilà, j'ai essayé de prendre du recul et je pense sincèrement qu'il y avait deux lectures possibles.

La première : on lui impose un homme qu'elle découvre, qu'elle apprend à aimer et accepte sa destinée qui est , entre nous, un beau conte de fée et c'est le choix définitif de Belle

La seconde : elle aurait pu faire le choix de ne jamais épouser la Bête, la respecter et attendre qu'elle s'éteigne tranquillement dans ses bras, ce n'est pas de la compassion mais seulement une présence, mais elle n'a pas choisit cette option.

Dans la première lecture, le choix lui est imposé et elle s'en accommode plutôt bien, comme dirait feu mon arrière-grand-mère : "Quand tu es attelée à la charrette, ma fille, il faut bien la tirer" ou encore "Marie-toi, ma fille, l'amour ça vient après". Choquant !! non simplement d'époque.

Alors qu'avec l'autre lecture , le choix ne lui est pas imposé c'est simplement son propre choix : accepté la Bête comme elle est.

A vous de vous faire votre propre avis sur son amour pour la Bête, est-elle de son propre choix ou justement est-il né d'un non choix ?

Madame Leprince de Beaumont était sans doute trop éprise de liberté pour y répondre clairement car en découvrant sa vie et ses propres choix, la réponse semble évidente et la lecture de ce conte plus claire, ...

Citations :

"La Belle, lui dit ce monstre, voulez-vous bien que je vous voie souper ?
- Vous êtes le maître, répondit la Belle en tremblant.
-Non, répondit la Bête, il n'y a ici que maitresse que vous; vous n'avez qu'à me dire de m'en aller si je vous ennuie, je sortirai tout de suite. dites-moi, n'est-ce pas que vous me trouvez bien laid ?
- Cela est vrai, dit la Belle, car je ne sais pas mentir ; mais je crois que vous êtes fort bon.
- Vous avez raison, dit le monstre ; mais outre que je suis laid, je n'ai pas d'esprit : je sais bien que je ne suis qu'une bête.
-on n'est pas bête, reprit la Belle, quand on croit n'avoir point d'esprit : un sot n'a jamais su cela."

"Elles étaient toutes deux fort malheureuses : l'aînée avait épousé un gentilhomme, beau comme l'Amour; mais il était si amoureux de sa propre figure qu'il n'était occupé que de cela depuis le matin jusqu'au soir, et méprisait la beauté de sa femme. La seconde avait épousé un homme qui avait beaucoup d'esprit ; mais il ne s'en servait que pour faire enrager tout le monde, et sa femme toute la première."

"On se corrige de l'orgueil, de la colère, de la gourmandise et de la paresse ; mais c'est une espèce de miracle que la conversion d'un cœur méchant et envieux."

Le mot de la fin :

La belle et la bête versus jeune fille de bonne famille sans chandelier et sans horloge, ou la vertu et le désintéressement sont les gages de trouver le bel amour, un conte reste un conte mais où la question du choix ou du non choix reste en suspend.

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