Amours et autres obsessions - Liane Moriarty
Amours et autres obsessions - Liane Moriarty
L'amour, c'est comme la tombola : pas facile de tirer le bon numéro. Question de chance ou de... lucidité ? Prenez une hypnothérapeute en quête de stabilité sentimentale, amoureuse d'un père célibataire harcelé par une ex prête à tout pour ne pas être oubliée, y compris à traquer sa rivale. Ajoutez un zeste d'idéalisme et le rêve d'une relation parfaite. Cela donne un triangle amoureux à haut risque...
En quelques mots :
Une lecture déstabilisante, à la fois fascinante et dérangeante. Elle explore avec précision les émotions humaines à travers l’hypnose, le contrôle et l’obsession, mais le roman peine à trouver sa place entre drame, thriller et développement personnel. Si j’ai apprécié certaines scènes et la justesse d’écriture, l’ensemble manque de cohérence, me laissant plus de questions que de réponses.
En beaucoup plus de mots :
Je ressors très déstabilisée de cette lecture. J’ai apprécié certaines scènes, mais globalement, je n’ai pas adhéré à la proposition faite par l’autrice. Dès le départ, la construction du livre m’a paru floue : s’agit-il d’un roman contemporain, d’un thriller psychologique, d’un drame ou d’un livre de développement personnel ? Je n’ai pas réussi à situer clairement le récit, même si j’ai été surprise par les thèmes abordés.
Le fil conducteur de l’hypnose est sans conteste la partie la plus intéressante du roman. Liane Moriarty y aborde la pratique, ses limites et l’éthique que chaque individu doit avoir pour la pratiquer sont développées de manière riche et instructive. . C’est sans doute ce que j’ai le plus apprécié dans ce roman.
J’ai beaucoup aimé le personnage d’Helen, même si je ne cautionne pas du tout ses choix. Helen incarne une compassion sincère, parfois à ses propres dépens. L’autrice propose l’amour imparfait, mais laisse planer les difficultés d’un tel amour. Sa relation avec Patrick me semble vouée à l’échec : Helen triche, même si je reconnais que chaque relation est imparfaite (l’humain étant par nature imparfait) on ne change pas fondamentalement une personne, utilisant l’hypnose (même si elle répète à plusieurs reprises qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à agir contre sa volonté) pour faciliter son quotidien avec Patrick, et lui, se voile la face, ses sentiments sont comme des apparences : une relation basée sur des apparences ne peut durer. Oui, je le dis clairement : j’ai détesté Patrick dès le début... Ce personnage, qui se croit invulnérable, colérique et égoïste, persuadé d’avoir raison sur tout, il incarne une relation toxique, basée sur l’apparence et le contrôle. Même si certaines de ses réactions sont exacerbées par la présence insistante de Saskia, il y a d’autres raisons à son comportement.
À l’inverse, j’ai ressenti une réelle empathie pour Saskia. C’est paradoxal, car elle devrait être celle qu’on rejette, mais ses failles, son obsession maladive et même son humour involontaire m’ont touchée. Certaines de ses réflexions m’ont fait sourire, et j’ai compris que son obsession dévastatrice était devenue irrationnelle. Sa folie est à la fois effrayante et triste. Au final, le personnage que j’aurais dû détester le plus m’a été le plus sympathique. Comment chacun d’entre nous réagirait-il s’il devait envahir la vie d’autrui ou inversement ?
Ainsi, l'autrice renforce le thème du danger latent que toute personne court en s’impliquant trop dans les émotions des autres.
Liane Moriarty excelle justement dans cette exploration des émotions humaines. Elle déroule les émotions comme une pelote de laine, pénétrant profondément le cœur et l’âme de ses personnages, Helen, Saskia et même les patients secondaires d’Helen. Oui, ce sont des personnes ordinaires dans un monde ordinaire, mais qui décident, consciemment ou non, de ne plus l’être. C’est troublant, dérangeant, parfois fascinant.
Pourtant, je reste à distance. J’ai aimé des passages, mais je n'ai pas été sensible à la finesse d’écriture, et l’ensemble manque d'une certaine cohérence. Certaines intrigues secondaires sont laissées en suspens, ce qui est dommage. Je comprends que la perte de contrôle puisse survenir à tout moment et que des facteurs indépendants de notre volonté puissent perturber nos illusions, mais je reste en retrait du texte et me pose, en le refermant, de nombreuses questions. Ce roman m’a bousculée, mais il ne m’a pas convaincue.
Commentaires
Enregistrer un commentaire