Le dernier magicien Tome 1 : L'ars Arcana - Lisa Maxwell

Auteur :
 Lisa Maxwell
Éditions : Casterman
Genre : Fantasy
Date de publication originale : 2018
Pages : 644

    
 "Debout sur le rebord du monde, le Magicien regarda une dernière fois la ville."


Synopsis :

Arrêter le magicien.
Voler le Livre.
Sauver le futur.
De nos jours à New York, les magiciens vivent terrés dans Manhattan, piégés par le Brink, une barrière d'énergie sombre inventée par l’Ordre. S’ils la traversent, ils perdent leur pouvoir, et souvent leur vie.
C’est compter sans Esta, une magicienne ultra-douée qui récupère des artéfacts de l’Ordre en voyageant dans le temps. En effet, la jeune fille a le don de circuler à travers les époques. Et l’heure de sa grande mission est venue : elle doit se rendre en 1902 et empêcher un Magicien de se jeter du haut du pont de Brooklyn avec le Livre ancien contenant les secrets de l’Ordre. Esta saura-t-elle trahir le passé et ceux qu’elle aime pour sauver l’avenir ?


Ce que j'en ai pensé :

Je suis assez mitigée sur ce roman, et j'entends certains crier déjà au scandale !!! Non stop, ne me jetez pas la pierre et attendez que je vous explique le pourquoi du comment.

Tout d'abord, la librairie dans laquelle j'ai acheté le roman me l'a présenté comme étant le nouvel Harry Potter, et donc j'ai ouvert  de grands yeux étoilés : je m'imaginais des enfants découvrant la magie, des sorts, des gentils et des méchants, un coup de baguette magique et le tour est dans le sac d'Hermione.
Mais non, pas du tout, rien à voir avec les baguettes magiques et des sorts, mais plutôt avec des affinités dans le style des sœurs Halliwell sans potions magiques ou des X-mem à vous de choisir votre Team. Chaque personnage magicien, homme ou femme, est né avec un don qu'il exploite plus ou moins brillamment. Ces magiciens se retrouvent le plus souvent en groupe ou plus exactement  en gang, pour vivre ou devrais-je dire survivre. Car l'Ordre exècre la magie, et fait tout pour les traquer, les torturer pour connaitre les autres membres et les exterminer. Mais rassurez-vous tout cela se fait très proprement : l'Ordre n'a pas de sang sur les mains, patience, je vous dis tout, quelques lignes plus loin.

Bon vous l'aurez compris, si on ne me l'avait pas vendu de cette façon, j'aurai sans doute été beaucoup moins déçue en commençant ce livre. En fait il s'agit d'un roman parlant de la magie ancré dans le monde réel et exclusivement sur l’île de Manhattan entre notre époque et celle de 1902 : retour dans le passé, bond dans le temps, amateurs de voyages temporels, ce livre est pour vous. Ce livre n'est donc pas du tout jeunesse, pour public Young Adult averti et je dirai même très adulte. Mais revenons à notre histoire qui reste dans la tête.

Il y a fort, fort longtemps, a été créée  tout autour de l'arrondissement new-yorkais une barrière invisible piégeant les magiciens à l'intérieur de la ville ne pouvant s'y échapper. New-York, ville symbole du rêve américain, où le désir de liberté est plus fort que tout, aimante toutes les personnes désireuses d'avoir une nouvelle vie. Mais la liberté n'est qu'un mirage pour ceux qui ont un don : vous pouvez la traverser une fois mais jamais dans l'autre sens. La barrière a été mise en place pour aspirer votre don, votre énergie, et votre mort est quasi instantanée selon la puissance de votre affinité (sans oublier qu'au passage  : tout ça ne se fait pas sans douleur, donc quand je disais que l'Ordre n'avait pas de sang sur le mains, oui c'est le cas, mais il se délecte des cris d'agonies de ses victimes lorsqu’il leur fait traverser le pont de Brooklyn pour rejoindre la prison en face de l'île). Des milliers de magiciens se font coincés, adieux rêves américains, nouveaux départs, nouvelle vie, adieu liberté chérie et bonjour tristesse, traque et obligation de se faire protéger par un chef mafieux. Le décors est planté, sombre, noir , c'est peu réjouissant mais c'est l'endroit où Esta, notre héroïne, sans peur et sans reproche va évoluer et se battre pour changer l'avenir.

Esta est une jeune fille orpheline qui a été élevée par un sorcier : Lachlan, pour développer ses pouvoirs et  pour un jour permettre de briser la barrière invisible qui entoure Manhattan. Pour cela, elle est formée et envoyée en mission dans le passé pour récupérer des objets appartenant à l'Ordre qui tous réunis pourront avoir assez d'énergie pour les aider à briser la barrière. Mais Esta, n'est pas une jeune fille sage et obéissante, elle est mignonne et mutine, n'en fait souvent qu'à sa tête, profite de son don pour devenir Arsène Lupin, mais la jeunesse lui joue des tours, et malheureusement pour elle, une des missions va s'avérer en tant soit peu différente de ce qu'elle aurait dû être. Toucher au passé impacte sur le présent. Et malheureusement quand on se croit intouchable, on fait beaucoup moins attention et le présent (ou futur, en fonction de l'époque où on se trouve) change. Et Esta va le comprendre en revenant de sa dernière mission : une personne à laquelle elle tenait n'existe tout simplement plus car elle n'est jamais née, des lieux sont modifiés mais il est déjà trop tard pour retourner en arrière.

Et oui, Esta !!! L'Odre est là, note tout, scrute tout et maintenant qu'elle est  repérée, elle doit remonter le temps encore plus loin, et cette fois elle doit retrouver le Livre ancien qui contient tous les secrets de la magie : l'Ars Arcana qui a disparu en 1902 volé par le Magicien. Elle doit l'arrêter pour se sauver et sauver le futur. 

Elle va faire un saut dans le temps considérable et va faire la connaissance de Dolph : chef de gang qui va être fasciné par son don et qui va vouloir l'exploiter pour trouver le Livre magique pour lui. Sur son chemin Esta rencontre Harte et leur attirance non avouée contribue à la création de certaines scènes rocambolesques mais mignonnes. Il y a encore beaucoup d'autres personnages et même si en écrivant cette chronique je m'y retrouve mieux avec les uns et les autres, au début de ma lecture ce fut catastrophique, j'ai eu du mal à voir qui était qui.

Comme vous pouvez le lire, du moins je l'espère, l'histoire est particulièrement bien menée, les personnages sont complexes, travaillés. Je prends le temps de saluer l'écriture de Lisa Maxwell qui a le don de savoir écrire en noir et blanc. Oui, je sais, c'est étonnant. En effet, quand j'ai lu ce roman et en particulier quand Esta se trouve plongée dans le passé en 1902, j'ai eu l'impression d'évoluer dans un monde sans couleur, comme si tout devait être calfeutré, comme si la prohibition avait déjà fait son apparition et qu'il fallait être la plus discrète possible et rester dissimulée. C'est la première fois que je lis de cette manière. Et pourtant Lisa Maxwell arrive a mettre de la couleur, dès que Esta est chargée en émotions : la peur, l'énervement, le frémissement de la passion : chacune a sa couleur et les scènes s'éclairent grâce à des notes de couleurs qui n'apparaissaient pas quelques pages au par avant,  puis ces couleurs s'éteignent et laissent la place à la suite de l'histoire en nuance de gris. J'ai adoré ressentir cela, lire en couleur comme lorsque l'on écoute de la musique et que parfois certains sons résonnent dans notre esprit comme un tableau de couleurs. Non, je vous rassure, je n'ai bu pendant ma lecture que des boissons légales à base de plantes dans le style reines de près, myrtilles ou verveine, menthe. Mais c'était tellement étrange que j'avais vraiment envie de vous le faire partager. 

Ce point plus que positif pour ma part est compensé par le rythme du livre qui quant à lui n'en a pas. J'ai trouvé que les actions s'étendaient à ne plus finir quitte à finalement me dire que les actions n'en étaient pas. Habituée sans doute trop à ce que les livres "jeune adulte" soient des pages-turner, j'ai été déçue ici que tout me semblait long. Malgré le changement de point de vue à presque tous les chapitres, cela n'a pas était suffisant, et j'ai cru que les chapitres étaient trop longs et en refeuilletant le livre je me suis aperçue que non, donc je me suis ennuyée pendant la lecture de ces 644 pages, il aurait fallu peut être écourter un peu pour casser la monotonie.


Nouvelle rubrique : je spoile les points clés ou personnages clés pour m'y retrouver

Pour commencer, j'ai décidé de rédiger cette nouvelle rubrique car comme beaucoup d'entre nous, quand nous lisons un tome 1 soit le tome suivant n'est pas encore sorti, soit il traîne sur nos étagères des plombes et quand on considère enfin que c'est le moment de lire la suite, on ne se rappelle pas de tout, du tout surtout et ça m'agace ;) Alors je spoile volontairement, peut être que cela vous aidera également. 

Dolph, le patron du gang de 1902 : il a perdu son amour en l'envoyant être un agent double auprès de l'Ordre qui l'a torturée et lui a fait passée la barrière. Il inflige une marque sur le corps de ses ouailles, qui lui permettaient de les faire souffrir en l'activant, mais il a perdu son pouvoir mais personne ne le sais, il est donc fragile mais fait croire encore à tous qu'il a la situation bien en main

Harte Darrigan, magicien qui essaye de duper tout le monde et en particulier l'ordre, il joue non pas avec le feu mais avec la vrai magie celle des spectacles, celle à laquelle on a le droit en proposant de nombreux tours spectaculaires à la David Coperfield. Très attiré par  Esta, il veut le Livre et il va s'en emparer et littéralement l'absorber et absorber ses pouvoir. Dolph a toujours voulu l'avoir dans son  gang mais Harte a toujours refusé la contre partie sordide imposée par le chef de gang.

Jack est le Da Vinci mégalomane de l'histoire. Sans aucun pouvoir magique, raté d'une famille influente au sein de l'Ordre, il créé une machine pour étendre la barrière et ainsi tuer tous les magiciens d'un seul coup pour prouver son intelligence, son pouvoir et être enfin renommé. Il est ami avec Harte dont il ignore l'affinité. 

Lachlan : professeur d'Esta dans les temps moderne, en fait il est Nibs dans le passé et c'est tout le retournement de situation à la fin du livre, car nous pensions le professeur assassiné lorsque Esta a traversé le temps pour se rendre dans le passé et en fait il a échafaudé un plan machiavélique pour la renvoyer dans le passé et s'emparer du Livre. Nibs étant la docile mais manipulatrice main droite de Dolph et il trahi tout le monde.

Citation :

"Elle se doutait qu'il serait agacé, voire irrité, mais elle n'avait pas envisagé une seconde une telle réaction de sa part. Elle avait fait une erreur de jugement. A force de travailler avec lui, elle avait fini par en oublier sa place, par oublier qu'en 1902, les rapports entre hommes et femmes étaient différents. Harte avait beau se comporter de manière plus évoluée que la plupart de ses contemporains, il n'en restait pas moins un produit de son époque. Elle aurait du se rendre compte qu'il ne tolérait pas qu'elle fasse des ajustements à son spectacle.
Cela dit, elle ne comptait pas s'excuser pour autant : le risque avait payé, et il devrait faire avec. Elle se retourna pour enlever son maquillage de scène."

"Le corps léger d'Evelyn sur ses genoux était comme une bouée de sauvetage dans la tempête."

"Elle était coincé dans l'instant présent, incapable de repartir en arrière pour changer les choses. incapable de modifier ce qui allait arriver sans mettre tout le monde en danger - à commencer par elle-même."

Le mot de la fin :

Énorme pavé de Fantasy qui aurait mérité une coupe estivale mais qui a néanmoins beaucoup d'atouts : un présent où tout se joue dans le passé, des personnages bien construits, un twist final qui donne envie de découvrir la suite et de laisser de côté les moins bonnes choses. Roman incontestablement adulte avec des personnages qui ne le sont pas, je reste mitigée mais je lirai la suite.

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