On se reverra - Lisa Jewell
Auteur : Lisa Jewell
Les souvenirs, c'est comme les cadavres : tôt ou tard, ils refont surface. Qui est cet homme assis sur la plage en pleine tempête, sur le lieu d'un crime commis vingt ans plus tôt ? Il n'a pas de nom, pas de manteau, et a perdu la mémoire. Alice prend l'inconnu sous son aile et décide de l'héberger, sans savoir qu'il va bouleverser sa vie à jamais. Au même moment, dans la banlieue de Londres, Lily attend en vain le retour de l'homme qu'elle vient d'épouser et dont la police tarde à signaler la disparition. Parviendra-t-elle à retrouver celui pour qui elle a tout abandonné ? Un roman haletant au suspense maîtrisé.
Genre : Drame
Date de publication originale : 2018
Pages : 412
"Alice Lake vit au bord de la mer, dans une petite maison de garde-côtes construite il y a plus de trois cents ans pour les gens plus petit qu'elle."
Synopsis :
Les souvenirs, c'est comme les cadavres : tôt ou tard, ils refont surface. Qui est cet homme assis sur la plage en pleine tempête, sur le lieu d'un crime commis vingt ans plus tôt ? Il n'a pas de nom, pas de manteau, et a perdu la mémoire. Alice prend l'inconnu sous son aile et décide de l'héberger, sans savoir qu'il va bouleverser sa vie à jamais. Au même moment, dans la banlieue de Londres, Lily attend en vain le retour de l'homme qu'elle vient d'épouser et dont la police tarde à signaler la disparition. Parviendra-t-elle à retrouver celui pour qui elle a tout abandonné ? Un roman haletant au suspense maîtrisé.
Ce que j'en ai pensé :
On se reverra, est le genre de roman qui prend au tripes, qui vous donne à réfléchir, qui se grave dans notre esprit et on ne l'oublie pas de sitôt. Même si les personnages sont des gens comme tout le monde ou presque, des personnages vrais, poignants, attachants. Des personnages qui mentent, aiment, vivent ou font semblant de vivre, des secrets bien cachés, des personnages que l'on a envie de secouer, de protéger, de se méfier, des personnages qui évoluent dans une atmosphère lourde. Une véritable réussite.
Ce roman est presque mon dernier coup de cœur, il ne me manquait pas grand chose, mais je pense tout simplement que je n'ai pas lu de roman gai les derniers mois, et donc c'est seulement pour ça. J'ai lu plusieurs romans durs, et je crois que j'ai simplement overdose de cruauté, de vide et de souffrance.
Lisa Jewell nous tend un fil que nous voulons dérouler et suivre jusqu'à la fin sans pouvoir nous arrêter. Plusieurs genres se croisent : contemporain, policier, drame, romance et même thriller psychologique. Lisa Jewell manie la plume avec une dextérité incroyable.
Alice est une femme perdue, déboussolée, fleur bleue qui a raté sa vie. Trois enfants. Trois pères différents. Toute seule à élever sa progéniture, qui cherche un peu de réconfort dans les bras d'hommes de passages, mais pas trop non plus seulement quand elle en a besoin. Elle n'est pas la mère parfaite, elle a du mal à emmener les enfants à l'heure à l'école, pourtant elle est présente pour eux et les aiment plus que sa vie. Elle a tellement d'amour à donner qu'elle recueille tous les chiens perdus au sens propre comme au sens figuré. Dans sa maison de guingois au bout de la plage, son antre est un peu la maison fourre tout mais pleine d'amour même si pour les enfants cette situation est difficile à comprendre.
Voilà le tableau est posé, mais ce n'est pas l'histoire d'Alice qui nous intéresse, car Alice, n'est que le vecteur de la vérité. Car un jour elle va découvrir un homme sur la plage, un homme amnésique, un homme à l'abandon, dont l'âme a quitté le corps. Un nouveau chien errant, Alice va tout faire pour l'adopter et va l'aider à retrouver la mémoire. Mais peut-elle avoir confiance en lui. Quel est son passé, son présent ? On l'appellera Franck, elle lui ouvrira les portes de sa maison : méfiance et curiosité s'entremêlent, la pousse à faire ce qu'elle fait. Car Alice est tout simplement une bonne personne, qui ne voit pas le mal, mais si c'est déjà trop tard. Pense-t-elle en priorité à sa solitude plutôt qu'à la sécurité de ses propres enfants ? Beaucoup de questions nous traverses l'esprit, mais peut-être sommes nous trop égoïste, et des fois nous devrions nous ouvrir aux autres.
Parce que en parallèle de cette plage balayée par le vent et le froid de l'hiver, ce ciel gris plombant, il y a cette histoire passée, dans le soleil de l'été, les fêtes de village, cette famille : père, mère, fils et fille qui vont passer un été mémorable, mais malheureusement pas dans le bon sens du terme. Une rencontre va tout changer. Le drame est inévitable mais quelle forme va-t-il prendre.
Et pour compliquer encore l'histoire, et c'est ce qui donne l'intérêt à ce roman, il y a Lily, jeune femme ukrainienne juste mariée, qui attend le retour de son mari qui a disparu et dont la police ne prend la peine de la croire, de faire des recherches. Et en tant que lecteur nous ne pouvons pas nous empêcher de croire que l'homme qu'elle admire et qu'elle aime est cet homme perdu sur cette plage.
Les rebondissements dans ce roman sont permanents, la tension parfois extrême, une empathie pour les personnages est presque obligatoire, nous faisant souffrir lorsque les morceaux de ces vies se superposent pour faire éclater la vérité.
Citations :
"Les gens, c'est comme les oignons. Ils se révèlent couche après couche. At avec le temps qui passe, on peut atteindre le cœur. En général, c'est là que se cache le pire d'une personne. Et si le pire n'est pas trop horrible, alors tu peux te marier."
"Elle sait que la fin de cette histoire est proche. Elle se profile à l'horizon, et elle a l'air cruelle et douloureuse. Alice se voit déjà assise seule dans sa chambre, découpant des cartes pour fabriquer des roses que des inconnus donneront à ceux qu'ils aiment. Elle se voit sur son canapé plein de miettes en train de regarder la télé, entourée de chiens puants et d'adolescents mal lunés. Elle se voit couchée à côté d'un lévrier, se réveillant avec les cheveux sales et emmêlés, sans motivation, pour recommencer ce qu'elle aura déjà fait la veille. Elle voit ce bel homme aux cheveux d'automne, aux yeux doux, à l'haleine chaude et aux mains puissantes quitter sa maison, la laisser seule cette vie qu'elle aimait bien avant qu'il ne vienne tout chambouler il y a cinq jours. Elle voit la meilleure chose du monde lui être arrachée sans même avoir pu en profiter. Elle ne parle pas."
"Elle monte dans sa chambre et jette un œil à ce que font ses parents. Ils sont assis sur leur beau canapé John Lewis et fixent la télé. Elle sait qu'ils n'ont aucune idée de ce qu'ils sont en train de regarder. Si elle les appelait pour leur demander ce qu'ils font, ils auraient du mal à lui répondre. Mais même dans le brouillard de leurs mémoires évanescentes, ils se tiennent la main, ils ne se lâchent pas. Ils ne sauraient pas dire qui est le Premier ministre, quel est le jour, le mois ou l'année. Ils ont du mal à se souvenir des prénoms de leurs filles et sont loin de pouvoir dire s'ils ont été déjeuné ou s'ils ont quelque chose de prévu pour le diner. Ils ne connaissent plus rien, pas même les choses cruciales. Mais ils savent qu'ils s'aiment."
Le mot de la fin :
Un véritable jeu du chat et de la souris, Lisa Jewell nous fait découvrir une histoire vibrante de réalisme, de tension, et de cruauté de l'âme humaine avec les travers de la manipulation. A lire impérativement, si vous aimez le genre.
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Je viens à l'instant de terminer ce livre et je pense que nos avis se rejoignent pas mal ! C'est pas un coup de coeur, mais pas loin (je lui ai mis 19). Et j'ai ressenti la même chose que toi ! Merci pour ce bel avis 😊
RépondreSupprimerMerci pour ton retour qui me fait très plaisir, oui c'est un roman qui maintenant s'efface progressivement de ma mémoire, mais j'ai encore quelques images qui me dit qu'il valait la peine d'être lu. Je lirai ta chronique si tu en fais une. A très vite.
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