Plus aucun souvenir - Jeanne Popy

Auteurs : Jeanne Popy
Éditions : Persée
Genre : conte
Date de publication originale : 2017
Pages : 142

         "En retard, je suis toujours en retard. Il fait chaud, j'ai mal au pieds, des ampoules énormes."

Synopsis :
« En retard, je suis toujours en retard. Il fait chaud, j’ai mal aux pieds… »
Louisa n’imagine pas que cette journée va bouleverser sa paisible existence.
Bien sûr, on ne rencontre pas tous les jours un nain dans une poubelle, un nain qui parle anglais qui plus est. Edwards va pourtant l’entrainer dans une histoire totalement insensée.
Quinze jours totalement dingues, Chine, Brésil, Canada. Une mission pour sauver l’humanité, tout ça pour ne se souvenir de rien ! Mais Louisa aime tellement sa petite vie tranquille !

Ce que j'en ai pensé :

Jeanne Popy, nous propose par ce court récit les aventures non pas d'Alice au Pays des merveilles mais Louisa aux pays des miracles. Car il est difficile de ne pas faire le lien entre ces deux histoires. Le lapin c'est transformé en nain britannique qui n'a pas de montre mais c'est Louisa qui est en retard.

Pourquoi qualifier ce livre de conte des temps modernes ? Reprenons la définition :
"Le mot conte désigne à la fois un récit de faits ou d'aventures imaginaires.  Conçu pour distraire comme pour édifier, il porte en lui une force émotionnelle ou philosophique puissante. Il est distinct du roman, de la nouvelle et du récit d'aventures par son rejet de la vraisemblance."

Je trouve que cette définition colle parfaitement au récit que nous propose Jeanne Popy, car une fois embarqué dans la descente vers l'invraisemblance de la vie de Louisa, il est très difficile de lâcher ce court roman ; même si je n'ai pas tout compris à la quête que va mener notre protagoniste à travers différentes épreuves. Louisa est la seule à pouvoir sauver le monde, de quoi, et bien, ça reste relativement floue, mais il y a des gadgets, de tous les côtés, la pauvre et tranquille femme va devenir, l'agent secret la plus recherchée à travers le monde. Autour d'elle gravite des personnes incarnant le bien ou le mal (tout comme dans les contes de notre enfance), elle doit faire confiance, même si elle est très loin d'être sûre d'elle, elle n'a pas le choix.

J'ai trouvé que certains passages étaient totalement absurdes, mais n'est-ce pas cela également la définition d'un conte. Louise est-elle en train de rêver ou ce qu'elle vit est réel ? Elle surnage elle-même dans des courants trop forts pour elle en compagnie de personnes qu'elle ne connait pas et qui la pousse au delà d'elle-même.

J'ai beaucoup réfléchi après avoir reposé ce roman, qui a embrouillé un peu mon esprit : si nous avions la chance de changer notre vie, pour un temps ou pour tout le reste de notre vie, est-ce que se serait mieux ou moins bien ? Est-ce que ce n'est pas simplement nous-même qui conditionnons ce que nous voulons être dans la vie que nous nous sommes faites. Alors oui, les contraintes extérieures sont des facteurs non facultatifs de la vie que nous menons, mais sommes-nous aveugles au point d'avoir perdu tout libre-arbitre et décider ce que nous voulons faire de notre vie. Et puis, finalement, à vouloir changer, serons nous réellement heureux ou  simplement nous nous mettons des œillères et ce que nous vivons est ce qui est bien pour nous ? Jeanne Popy, nous propose donc à de nombreuses reprises, des paragraphes qui mettent des mots simples sur des réalités que nous avons oubliés, laissant rêveurs.

Croyais moi, le rythme de ce roman dynamite les codes et suinte à travers ces pages une force quasi-indescriptible : un conte moderne, un ovni littéraire, je ne sais plus comment classifier ce roman, mais il ne laisse sans doute pas indifférent au delà des mots et de l'histoire.

Citation :

"Encore une constatation qui me déprime. J'ai eu dans la vie des amis et amies qui ont comptés et que j'ai perdu de vue. Ils ne me manquent pourtant pas. Je sais que ce que j'ai partagé avec eux fait un peu partie de moi.
Une fois construit une vie de famille et enrôlé dans le monde du travail, on n'a plus le temps de connaître des gens, d'observer, d'entendre. Les moments où on prend le temps de le faire sont toujours des moments douloureux. Plus le temps passe et plus je m'aperçois que je ne sais rien et que je ne peux pas prendre le temps d'apprendre.
Je ne peux faire que mon possible pour écouter ceux qui m'entourent."

Le mot de la fin :

Au delà, d'un conte moderne, Jeanne Popy nous permet une introspection dans notre quotidien, nos rêves, nos désirs  pour les confronter à la réalité inébranlable qui nous entoure, ce roman m'a laissé sans doute un peu rêveuse ...

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