Mortelle tentation - Christophe Ferré

Auteur : Christophe Ferré

Éditions : L'Archipel

Genre : Policier

Date de publication originale : 2019

Pages : 377

    

 "Quelques mètres après la bifurcation, l'homme commença à devenir bizarre."

Synopsis :

 Quand l’homme que vous aimez est accusé du pire, la confiance et la passion vacillent… Connaît-on vraiment la personne qui partage notre vie ? Dans un coin sauvage des Pyrénées, le cadavre d’une jeune femme est retrouvé entièrement nu. Peter, le mari d'Alexia, randonne en solitaire à cet endroit mais il est injoignable depuis le jour du meurtre. D’abord inquiète qu’il ait croisé la route de l’assassin, Alexia découvre avec effroi qu'il connaissait la victime. Et s’il était en réalité le meurtrier ? Déchirée entre l’amour et le doute, Alexia doit faire éclater la vérité.

Ce que j'en ai pensé :

Christophe Ferré nous emmène faire un tour du côté des Pyrénées, où nous découvrons ou redécouvrons l'air pur, les paysages grandioses que nous offrent ces chaînes de montagne magnifiques, on marche, on gravit, on souffle et on inspire à nous faire éclater les poumons, car au bout de cette balade, vous ne respirez plus. C'est un peu le sentiment que j'ai eu en finissant ce roman : de l'avoir lu en apnée, attendant avec impatience le prochain rebondissement, la prochaine révélation.

Une jeune femme retrouvée morte au milieu de nulle part par un randonneur curieux, puis un autre quelques jours plus tard. Il n'en faut pas plus pour planter le décors, car le prologue de ce roman décrit le premier meurtre et on le garde en mémoire pour la suite : une ambiance si bien décrite de peur, d'interrogation, de malaise, de souffrance. Pas besoin de jets de sang, de découpage de corps, de thriller bien glauque, non, seulement la plume de l'auteur qui a réussi à mettre beaucoup d'intensité dans son récit.

Introduction faite, nous découvrons ensuite le personnage d'Alexia, femme heureuse comme jamais en ménage, avocate des criminels en tout genre, responsable de dossiers dits compliqués. Quand elle prend connaissance du meurtre, elle ne s'y intéresse pas plus que s'il aurait pu un jour hypothétique être un nouveau dossier pour elle, mais s'inquiète désespérément pour son mari, parti quelques jours plus tôt randonner dans les cimes pyrénéennes : pas d'appels, pas de contact, juste un itinéraire vague. Et si, le meurtrier l'avait également tué ? Et si, et si, et si …

Plus que n'importe qui, Alexia va monter des plans, des scenarios, des explications sans fondement pour découvrir la vérité, parce que pour elle, malgré les indices qui commencent à s'accumuler, son mari ne peut être coupable : l'amour, le grand, le véritable amour de sa vie ne peut l'avoir trahie.

Mais voilà qu'au fur et à mesure, le tableau idyllique de la belle famille respectable se craquelle jusqu'à atteindre la fissure, le retour en arrière des sentiments est-il encore possible ?

Nous, en tant que lecteur, on doute : COUPABLE, oui, cet homme est coupable, tous les indices le montrent, sans compter que cette pauvre Alexia se fait manipuler depuis des années sans s'en rendre compte, elle est en présence d'un psychopathe manipulateur, envie de crier  : OUVRE LES YEUX ALEXIA !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Puis, on redoute : NON COUPABLE, non, cet homme est peut être un menteur, un homme peut être plus vulnérable que laisse apparaitre les apparences, et il dit peut être la vérité, mais c'est tellement dur d'y croire, pourquoi ne faisons-nous pas plus confiance au sixième sens d'Alexia ? Parce que j'ai trouvé la protagoniste tellement irritante, agaçante, parfois puérile. Je ne me suis pas du tout identifiée et c'est sans doute ce qui a fait que je ne l'aimais tout simplement pas. Mais après avoir refermé ce livre depuis quelques semaines, maintenant que je rédige cette chronique, ce roman aurait été sans aucun doute beaucoup moins bien avec un personnage plus rebelle, plus réfléchi, c'est sa sensibilité, sa parfaite adoration en son mari qui la rend plus forte, plus vrai, plus réelle, plus comme toi ou moi.

Ce roman se lit d'une traite, les pièces se mettent en place, puis d'autres finalement balayent les certitudes et même si j'avais trouvé bien avant la fin qui est le coupable (mari ou pas mari, non pas de spoil), le jeu du chat et de la souris prend une place si importante que l'on ne peut s'en détacher. Une belle réussite.

Citations :

"Elle avait peur de tout et de son contraire : des montagnes, du soleil, de la pluie, du vent. Elle avait peur du jour et de la nuit.

Qu'allait-elle dire à son mari ? Elle n'en savait rien.

Elle ne pouvait pas continuer à errer comme un fantôme dans une histoire qui la dépassait qui la meurtrissait, écartelée entre deux sentiments contradictoires, sa haine de Peter et son amour pour Peter."

"Je cherche encore à l'excuser, à lui trouver des circonstances atténuantes. Je traque des indices ténus pour le disculper. Parce que je l'aime encore. ,Parce que je l'adore. Mais cet amant merveilleux, ce bon père de famille est doute un assassin. Un tueurs pervers, menteur, narcissique et manipulateur. Je vais devoir vivre avec cette pensée insupportable jusqu'à la fin de mes jours."

Le mot de la fin :

Sur les chemins escarpés des Pyrénées, attendez à douter, à transpirer, à trembler, à défaire le vrai du faux puis le faux du vrai. Un roman qui se lit rapidement tellement l'ambiance, les questions les doutes et les préjugés sont nombreux, mais qui ment, qui dit la vérité ? Quels sont tout simplement ces personnes que l'on croit connaitre au plus profond de nous même ? Sommes-nous tous en train de porter un masque ? Christophe Ferré va tout faire pour nous perdre et c'est flippant.

J'aimerai remercier les éditions L'Archipel de leur confiance et particulièrement Mylène qui m'a proposé ce roman que je n'aurais pas choisi au premier abord mais que j'ai adoré découvrir. Merci beaucoup.

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