La mariée de Ceylan - Dinah Jefferies

Auteur :
Dinah Jefferies
Éditions : Milady
Genre : Historique
Date de publication originale : 2018
Pages : 562

    
 "La femme porta à ses lèvres une mince enveloppe blanche. Elle hésita un instant, s'interrompant pour écouter les douces notes mélancoliques d'une flûte cinghalaise dans le lointain."



Synopsis :

 À dix-neuf ans, Gwendolyn Hooper débarque à Ceylan pleine d’espoir et impatiente de retrouver son nouvel époux, un riche planteur de thé. Mais l’homme qui l’accueille se révèle rapidement très différent de celui dont elle est tombée amoureuse à Londres.
Sombre et distant, Laurence se consacre à son travail, laissant sa jeune épouse découvrir seule la plantation. Folle de joie lorsqu’elle tombe enceinte, Gwen sombre pourtant vite dans un cauchemar. Lors de l’accouchement, la jeune mère est confrontée à un terrible dilemme et doit faire un choix… Si un jour la vérité éclate, Laurence parviendra-t-il à comprendre et à lui pardonner  ?


Ce que j'en ai pensé :

Dinah Jefferies nous plonge à travers ce roman dans les champs de théiers sur l'île de Ceylan durant l'époque coloniale. Cette auteure a une écriture qui m'a particulièrement envoûté car elle a réussi non seulement à me transporter au delà des mers et des années, mais surtout, j'ai entendu, j'ai senti, j'ai découvert  des paysages extraordinaires, des couleurs vives, des instants de quiétudes, ce fut des moments d'intimité livresque, d'intimité entre les lignes, les mots, les caractères et moi. Une magnifique découverte. Les descriptions des lieux et des paysages nous permettent d'entrer dans un merveilleux tableau. Pendant le confinement, j'avais envie d'évasion, le livre a tenu ses promesses.

La mariée de Ceylan est Gwendolyn. A la différence de nombreuses romances historiques, Gwendolyn n'arrive pas dans un pays inconnu pour épouser un inconnu. Non, Gwendolyn a épousé Laurence en Angleterre, elle l'aime, il l'aime et ils ont toutes les chances de passer de très belles années ensemble. Laurence possède une plantation à Ceylan et c'est pour cette raison que sa nouvelle femme part le retrouver. C'est classique, mais finalement Dinah Jefferies a réussi de façon brillante à dépoussiérer cette partie de l'histoire que nous avons l'habitude de voir. La force de ce récit, ce sont des personnages entiers avec leur force et leur failles, des personnages non pas héroïques mais terriblement vrais, des personnages qui doutent, qui veulent faire le bien, qui font de leur mieux, qui vivent et survivent tout simplement. 

Mais pas seulement, le récit est également porté par des personnages secondaires, tout aussi intéressants, tous aussi importants que Gwendolyn et Laurence qui vont d’ailleurs participer à ce qu'est réellement ce couple que tout le monde envie. 
Nous retrouvons tout d'abord Fran, la cousine de Gwendolyn, cette jeune femme contemporaine qui se joue des convenances, et est éprise de liberté (artistique, sexuelle, ...). Ce personnage, rend Gwen beaucoup moins sage, plus vivante, qui est capable de se lâcher.  Beaucoup de complicité lie les deux cousines, leurs échanges sont drôles et intelligents et plutôt avant-gardiste pour l'époque des années 20.
Ensuite nous découvrons Savi, un métisse peintre qui va avoir une place importante dans la vie de Gwen. Ce personnage, je l'ai affectionné dès le début, et je n'ai jamais douté de lui (et c'est sans doute à cause de cela que ce roman n'est pas un coup de cœur), il sera présent tout au long de la vie de ce couple, comme une ombre de malheur ou de bienveillance, je vous laisse vous faire votre propre opinion. Je ne vais pas entrer plus en détails que ne le fait déjà le synopsis car ça serait dévoilé beaucoup trop d'intrigues et de rebondissements que je n'aurai pas aimé me priver.
Je ne peux pas passer à côté de Verity, la sœur de Laurence, la peste, le personnage que l'on adore haïr, celui auquel on ne peut pas donner d'âge. Oui Verity, pourrait aussi bien être la belle mère acariâtre, comme la petite peste de Nellie Oleson de la petite maison dans la prairie. Ce personnage met du relief dans la vie insipide de Laurence, et permet de lui donner du coffre. Ce personnage parfaitement dosé donne du relief à l'histoire et devient finalement essentiel.

En plus de personnages qui ont tous un rôle un jouer, des descriptions magnifiques des paysages, Dinbnah Jefferies ajoutent de nombreux twists dans l'histoire faisant de ce roman un véritable page turner, que je n'avais pas trouvé dans de précédents romans de ce genre. Mais n'y en a-t-il pas finalement un peu trop ? Possible. Et malheureusement pour moi, j'avais deviné beaucoup de choses avant la fin du récit, mais ce n'est au final pas gênant.

En plus de cette romance, de ces rebondissements, la partie historique de Ceylan est abordée. L'histoire des cinghalais et des tamouls ; le début de la colonisation britannique ; les droits passés et les nouveaux et les premières émeutes : prémisse de la libération de l'Inde.

Je ne peux pas finir d'écrire cette chronique sans parler de l'amour inconditionnel que peut être celui d'une mère. Gwendolyn est la mère qui aime sans réserve, qui aime au delà de ce qui est possible d'aimer. Cet amour charnel et filial qui est décrit avec des mots simples et vrais par l'auteure qui met en valeur la femme dans toute sa simplicité. 

Citations :

"Hugh en était encore à l'âge où la moindre chose représentait une source inépuisable d'intérêt. D'un regard résolu qui ne souffrait aucune contradiction, il ramassait et examinait chaque caillou, chaque feuille, qui attirait son attention, et remplissait ses poches et celles de sa mère de trésors qu'il aurait oubliés dans les dix minutes."

"Cette maudite Grande D2pression a obligé les syndicats à modérer leurs exigfences. LEs gens ont trop peur de perdre leur travail pour persister dans la voie de l'action radicale./Nous avons certes besoin de changements, mais nous devons trouver la bonne façon de la faire."

"Pour elle, Ceylan était un pays où les rêves britaniques étaient devenus réalité, où certains avaient fait fortune, où des familles anglaises avaient vécu et avaient donné le jour à des enfants, et où sa vie avait changé au-delà de ses rêves les plus fous. Là c'était un tout autre monde, où les petites filles couraient çà et là vêtues de jupes élimées et de simples hauts en coton, où les bébés gazouillaient et rampaient dans la poussière, où les gens ne mangeaient pas à leur faim."

"Mais, tandis qu'un sentiment diffus s'emparait d'elle, elle eut l'impression de ne plus être à sa place, et d'être séparée de son mari dans sa propre demeure. Elle comprit que son foyer ne se résumait pas à sa maison. Son foyer était sa relation quotidienne avaec tout ce qu'elle touchait, voyait ou entendait. son foyer était la certitude d'un quotidien familier ainsi que l'assurance de suivre une voie sûre et toute tracée."

"Personne ne lui avait dit qu'être mère impliquait de ressentir un amour si inconditionnel qu'il vous laissait sans voix, de vivre avec une peur si terrible qu'elle vous secouait jusqu'à l'âme. Pas plus qu'on ne lui avait dit que ces deux sentiments étaient presque indissociables."

Le mot de la fin : 

Ce roman est une véritable surprise, une romance moderne dans le passé qui garde les codes mais qui rajoutent ceux du thriller, parfois du young adult, et l'historique. L'auteure, a pris dans des styles différents, ce qui plait le plus au lecteur, et nous offre un roman plein de vie et de couleur, de pleur et de chagrin, de poussière et de lumière. Un roman qui est passé à côté du coup de cœur mais qui mérite de s'y arrêté quelques jours et de le découvrir.

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