Les somnambules - Chuck Wending

Auteur : Chuck Wending
Edition : Sonatine
Genre : Science-fiction
Sortie : 2021
Nombre de pages : 1164

"La femme qui a découvert la comète, Yumiko Sakamoto, vingt-huit ans, était une astronome amateure de la ville de Kurashiki, dans la préfecture d'Okayama."

Synopsis :

Un nouveau monde, le nôtre ?

Dans un petit village de Pennsylvanie, Shana surprend sa soeur, Nessie, quittant d’un pas résolu leur maison. Lorsqu’elle tente de l’intercepter, la petite fille ne réagit pas à sa présence. Mutique, absente, le regard vide, elle avance… Croyant à une crise de somnambulisme, Shana commence à la suivre. Rapidement, elles sont rejointes par un deuxième errant, frappé des mêmes symptômes que Nessie. Puis un autre. Bientôt, ils sont des centaines à converger vers la même destination inconnue, tandis que leurs proches, impuissants, leur emboîtent le pas. Très vite, cette mystérieuse épidémie enflamme le pays.

Chuck Wendig tend à notre monde un miroir dans lequel se reflètent ses hantises les plus contemporaines : l'irruption de l'inconnu, la peur de l’autre, la défiance envers le gouvernement, la force rampante des discours religieux et extrémistes… Rappelant autant Le Fléau que The Leftovers, Les Somnambules est un portrait humain mais sans concession d’une société au bord de l’extinction.

Ce que j'en ai pensé :

Ce roman risque de vous tenir éveiller durant de longues heures et même après avoir refermé cet énorme pavé. Mais avant de comprendre pourquoi, attachons-nous quelques instants à pourquoi lire ce roman alors que le thème proposé ici est une maladie mystérieuse qui va prendre de l'ampleur pour devenir pandémie mondiale et finalement l'extinction de notre espèce. Du déjà vu me direz vous ? Un public averti en vaut deux, vous continuez de souffrir des conséquences du COVID, deux options s'offrent à vous : passez simplement votre chemin, de trop difficiles souvenirs risquent de refaire surface, au contraire vous pourrez sans doute relativiser en sachant que ça aurait pu être bien pire. Oh oui, bien, bien pire !!! Lorsque Chuck Wending a écrit son roman, il ne se doutait sûrement pas que ce qu'il avait imaginé allait devenir réalité, ou du moins en parti.

C'est évident que si l'on m'avait proposé de lire ce roman l'année dernière j'aurai sûrement refusé : trop angoissant, trop réaliste (ou presque ...), trop, trop, trop dans un contexte également trop tout. Mais aujourd'hui, il permet de prendre un certain recul et faire un parllèle entre la gestion faite face à cette crise et ce que l'auteur à imaginer.

Mais revenons au fond de ce roman. Ce qui fait que ce livre devient un véritable page turner c'est la manière dont il est écrit : façon "meilleur roman de dystopie jeunesse" poussée en maturité. Comme ces romans si aimés du grand public, nous découvrons plusieurs personnages qui vont vivre la crise sanitaire de façon totalement  différente, des personnages auxquels nous ne pouvons que nous attacher et d'autres que nous ne pouvons que détester et enfin ceux que l'on apprécie guère au début et dont on va changer le regard. Ce roman est tout simplement écrit avec des gens comme vous, comme moi, comme lui ou comme elle, tous ces êtres que chacun d'entre nous peut croiser au coin de la rue, avec leur force et leurs faiblesses, leurs questionnements, leur craquages, leur courage, leur propre système d'auto-défense, leurs manies, bref des vrais personnages.

Et parmi tous ces gens, il y a le troupeau qui migre à travers les Etats-Unis dont lui seul connait sa destination finale et qui va diviser le pays. Nous restons les observateurs de ce troupeau qui évolue indifféremment des états d'âmes des personnages extérieur.

Ainsi, Chuck Wending touche du doigt le point sensible de l'être humain : comment réagir face à l'inconnu, faire à l'impensable. L'auteur décrit avec finesse un tableau de la société américaine en noir et blanc, où le racisme a toute sa place, la suprématie un objectif de fin de vie et l'espoir d'un monde meilleur une connerie, car quand l'humain risque de disparaitre, il va faire en sorte d'être le dernier quel qu'en soit le prix.

L'auteur a su mettre en lumière ou plus exactement dans l'obscurité le rêve américain qui est loin, très loin derrière la nouvelle génération et que ce pays certes immense ne fait plus tout du tout rêver sauf peut-être les décors cinématographiques fabuleusement dépeints lors de l'avancement des somnambules.

Mais voilà, malgré le très bon de ce livre, j'ai malheureusement moins accroché à la touche d'anticipation qu'a mis l'auteur . Pour les inconditionnels de la série Netflix "The 100", ils comprendront en lisant le roman. La similitude est déstabilisante et finalement m'a profondément ennuyée. Cet aspect conduit inexorablement à la fin de cette œuvre pour laquelle je n'arrive toujours pas à me faire une opinion. Pas de spoil, mais quand même ...

Ce ne sera donc pas un coup de cœur, mais j'ai refermé ce roman avec regret, me séparant de personnages terriblement attachants qui auraient peut-être mérité encore une bonne centaine de pages. Vous devez me croire folle : 1164 pages, ce n'est pas suffisant ? Quand on aime on ne compte pas et puis lisez-le et vous comprendrez.

Citations :

J'ai prêté le livre à ma mère, je n'ai donc pas mes notes... A venir

Le mot de la fin :

Le modèle fragile américain qui s'effondre en même temps que l'humanité. Des pages et des pages de lecture acharnée pour savoir encore et encore. Des personnages comme vous comme moi ou comme eux, qui rend le livre encore plus fort. Une excellente réussite pour un pavé délectatoire. 

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