Interfeel T2 : Les résistants - Antonin Atger

A
uteur : Antonin Atger 
Edition : PKJ
Genre : Dystopie
Sortie : 2020
Pages : 384

"Le soleil se frayait un chemin entre les immeubles de l'épicentre. A son passage, les bâtiments d'un blanc laiteux s'embrasaient d'une couleur rougeoyante qui se propageait de mur en mur à l'ensemble du quartier."


Synopsis :
Après la rupture d’Interfeel, l’équipe « Résistance » est
dispersée…
Élizabeth est rentrée au quartier Est pour prendre la tête de la rébellion contre les Forces Spéciales.
Hanek et le professeur sont libres mais traqués par les Forces Spéciales et sans ressources.
Adila et Nadem se sont vu confier par Kassandra Kacem une mission : traverser le monde pour retrouver le créateur d’Interfeel, la seule personne capable de stopper la
machination qui se met en place.
Le Tatoueur tisse sa toile et élabore son plan retors. Jour après jour il devient plus puissant, incontrôlable. Et dangereux.
Une seule personne peut l’arrêter : Nathan Ethanin. Mais depuis six mois, le jeune homme n’a plus donné aucun signe de vie…


Les résistants

Ce que j'en ai pensé :

Informations, désinformations, idéologies, connaissances, comment démêler le vrai du faux, et qui ça intéresse ? La surconsommation du Réseau abrutit le cerveau. J'ai déjà parlé du libre arbitre dans le tome 1, ici le post Jour Sans, les quelques secondes où la population a été déconnectée a provoqué un terrible ressenti : peur perte de contrôle, hystérie collective, quel peuvent être les conséquence d'un arrêt brutal de tous nos moyens de communication et d'information. C'st sidérant. C'est, je pense, tellement réaliste que ça en devient effrayant. Notre civilisation tombe-t-elle progressivement vers ce monde ultra connecté. Ouvrez-les yeux et ressentez par vous même, vous vous sentirez-mieux.

Voici les questions que je me pose une nouvelle fois en refermant ce roman :
1- Comment se fait-il que ce roman ne soit pas plus connu et autant lu ?
2- Pourquoi ces adolescents n'ont-ils pas plus d'attachement à leur parents ?

Rien à voir me direz-vous ? J'en conviens mais que voulez-vous, mon cerveau a tellement été trans-chambahuter (ce n'est pas français, j'en conviens aussi) que voici le résultat : je classe cette saga dans mon top 3 des meilleures dystopies. Rien que ça : OUI, foncez lisez la si vous êtes adeptes du genre.

Mais revenons un peu plus en détail sur ce tome que certains appellent de transition et pour lequel je ne suis pas d'accord. Cette suite, nous permet de mieux découvrir des personnages complexes qui réapprennent à penser, à sentir, à ressentir par eux-mêmes, et ce n'est pas une mince affaire. Comment exister dans un monde de faux-semblants et en même temps se protéger pour ne pas avoir peur, ne pas souffrir ou montrer de nouvelles émotions.

Que se soit Hanek, Adila, Nadem ou même Livia, chacun va être enfin des adolescents normaux que l'on croise tous les jours dans la rue avec leur doute, leur envie d'être considéré comme un adulte ; leur colère de ne pas l'être, leur joie de recevoir de nouvelles responsabilités ; leur peur de décevoir. L'adolescence, le moment de la vie de chacun où son moral monte est descend aussi vite qu'un wagonnet sur un manège à sensation et à chaque fin de tour : on ne se sent pas bien, on a mal au ventre, on n'a pas envie que l'on se moque de nous, on éprouve tout de même une envie de recommencer, et c'est reparti pour un tour.
Antonin Atger joue avec toutes ces émotions de l'adolescence et arrive à mettre les mots là où il parfois difficile de connaitre les maux.

Mais ce n'est pas son seul talent, il joue non seulement avec les émotions de ces personnages, mais également avec les nôtres. Le découpage des chapitres est plus que rageur et j'aime particulièrement leur enchainements. A partir du premier tiers du roman, chaque fin de chapitre est un cliffhanger, entrainant une difficulté chronique à lâcher le roman (encore plus que le premier) : on veut savoir la suite et c'est pour cette raison que je ne suis pas d'accord avec le terme de "roman de transition". Le fait que chaque chapitre évoque un personnage différent permet de donner le rythme du livre.

Pourtant j'ai été sensiblement déçue par Elizabeth que je n'ai pas trouvé aussi déterminée que ce qu'elle nous avait proposé dans le tome précédent. Haut personnage de la résistance du quartier Est, elle fédère plus qu'elle n'agit, c'est sans doute ce qu'elle a le mieux à faire, mais il manque cette flemme qui serait prête à mettre le feu à toute la poudrière.

Au contraire, quel travail fait autour du personnage de Nadem, incroyable la métamorphose proposée, le tout accompagné par une Adila très convaincante, audacieuse et empathique.

Pour Hanek, c'est aussi un plaisir de voir son cocon se déchirer pour voir éclore un personnage attachant loin du super-adolescent qu'il nous a proposé depuis le début : non Hanek n'est pas le plus beau, le plus fort, le plus intelligent, mais ça le rend maintenant beaucoup plus atta-chiant.

Quant à Nathan me direz-vous ? Et bien je vous laisse la surprise,... mais son père va rentrer dans l'histoire et c'est un personnage auquel je n'aurai pas pensé mais qui a finalement toute sa place. Comme quoi ces adolescents qui ne sont pas attachés à leurs parents ont tout de même de la chance que eux le soient.

J'ai la suite dans ma PAL, j'attends encore un peu pour le sortir, je viens d'apprendre qu'il va y avoir un tome 4 qui n'est pas encore en librairie. Patience ...

Citations :

"-Je sais que la vérité n'a pas bonne presse en ce moment [...] Mais la pire des réponses serait de renoncer à vouloir la produire pour ceux qui s'y intéressent encore : nous aurions vraiment baissé les bras."

"-Je te propose un truc. Comme on est partis pour vivre ensemble et partager beaucoup de choses, on va faire un pacte : toujours tout se dire, surtout quand ça ne va pas. Ne jamais s'imaginer que ça va passer ou tout garder pour soi. En gros, promettons nous d'être complètement transparents l'un avec l'autre.
-U  peu comme Interfeel, murmura Nadem.
-Un peu comme Interfell, répéta Adila. Sauf que cette fois, c'est nous qui décidons de le faire."

"Les gens étaient noyés dans un flot d'informations permanent. Une nouvelle en chassait une autre, la dernière information futile faisait oublier un peu plus une histoire peut-être plus importante, mais aussi plus ancienne. [...] La vérité était noyée dans des versions contradictoires permettant à chacun de choisir celle qui l'arrangeait le plus. Interfeel avait renforcé cette perception. Le Réseau, connaissant exactement les émotions de chacun, fournissait la version qui procurait le plus de satisfaction. Encore une fois, rien n'était caché. Simplement, il fallait cherché d'avantage pour voir les autres versions, dont la vraie, et les gens n'avaient pas le temps."

Le mot de la fin :

Un, deux, trois... Déconnection.
Vous aussi déconnectez-vous et entrez pleinement dans ce deuxième tome pour suivre ces adolescent au combien téméraires.
Lâchez téléphone et tablette pour la quête de la vérité (seule exception possible, si vous lisez ce livre en dématérialisé... mais si on vous déconnectait , vous ni survivrez pas et voudriez connaitre la suite)

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