Les fiancés du Rhin - Marie-Bernadette Dupuy

A
uteur : Marie-Bernadette Dupuy
Edition : Le livre de poche
Genre : Littérature de terroir
Publication originale : 2010
Pages : 999


"A coups de coude, le visage déformé par l'anxiété, Clémence Weller se frayait un passage dans la foule."




Synopsis :
Alsace, années 1930. Noëlle, fille adoptive d'un viticulteur de Ribeauvillé, s’éprend d’un jeune étudiant allemand, Hans, venu participer aux vendanges le temps d’une saison. Leur passion n'est pas vue d'un bon œil. L'hostilité à l'égard du couple grandit à mesure que la paix entre la France et l’Allemagne est menacée. Bientôt, la guerre sépare les fiancés : le jeune homme est contraint de retourner dans son pays. Avec pour seules armes leur amour et leur foi en la justice, Noëlle et Hans vont s’acharner à survivre et ne jamais renoncer à se retrouver. L'amour se moque des frontières…

Ce que j'en ai pensé :

Est-ce qu'il vous est déjà arrivé de passer plusieurs années sur un seul et même roman ? Est-ce qu'il vous est déjà arrivé d'apprécier un livre mais ce que nous lisez vous touche si particulièrement qu'il vous est impossible de poursuivre ? C'est exactement ce qui m'est arrivé avec Les fiancés du Rhin. 3 ans, il m'a fallu pour en venir à bout !!!

Non pas que je n'aimais pas ce que je lisais mais ce livre m'a tellement fait ressentir de forts sentiments d'abomination que j'ai eu le plus grand mal à poursuivre ma lecture et j'ai à chaque fois laisser beaucoup, beaucoup de temps avant de la reprendre.

Mais au final quel grand roman que nous propose une fois de plus Marie-Bernadette Dupuy avec une romance qui va au delà  des frontières, au delà de la guerre.

Noëlle, cette petite fille qui va être adoptée par son nouveau beau-père va subir les pires tourments par sa belle-grand-mère qui jamais ne l'acceptera et elle va cracher sa haine farouche, violente et malsaine. 

Mais Noëlle va grandir et rencontrer Hans sur l'exploitation viticole sur laquelle elle vit. Et Hans deviendra son seul, son véritable grand amour. Mais Hans est allemand et à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, malgré les sentiments profonds, l'amour démesuré qu'ils se portent, il va falloir choisir son camp, elle va faire son choix, mais une fois encore, le destin va être contre elle et on va la forcer à poursuivre un autre chemin. 

Marie-Bernadette Dupuy sait distiller tellement d'émotions dans son écriture, tellement de réalisme dans les faits racontés, qu'il est parfois difficile de supporter ce qu'elle décrit. Et quand les sanglots vous serrent le cœur, que vos yeux se remplissent de larmes, que la lecture devient insupportable, il est parfois nécessaire de reposer le livre pour souffler, pour voir autre chose et ne plus souffrir pour son héroïne puisque la lecture n'est pas faite pour ça normalement. 

Mais voilà, la volonté de connaitre la suite est toujours présente dans un coin de votre tête, et donc une fois calmé, vous renchainez. C'est là toute la magie de cette autrice.

Ce roman fut pour moi le 10ème de la liste extrêmement prolifique de Marie-Bernadette Dupuy, c'est pour vous dire que c'est une autrice que j'affectionne particulièrement même si je n'apprécie pas l'intégralité de sa bibliographie. Mais son talent est de toujours nous proposer des romans avec des héroïnes fortes, aux idées féministes, qui ne désirent que l'émancipation dans un monde où le pouvoir patriarcal est omniscient.  A chaque fois une région, une Histoire extrêmement bien écrite.

Dans ce titre, nous nous trouvons en Alsace, la veille du conflits franco-germanique. Région délicieuse, décrite avec tant de simplicité mais tant d'attachement que j'ai eu envie de partir découvrir ces terres qui se trouvent si loin des miennes.

Seul petit bémol qui m'a dérangé lors de ma lecture, c'est l'aveuglement constant de Noëlle pour son seul amour Hans. Et particulièrement à Paris lorsqu'elle est couturière. Elle est irraisonnée tant elle est engoncée dans son obsession. Oubliant les dangers qu'il l'entoure, elle en devient ridicule, presque haïssable mais c'est sans doute parce que des décennies plus tard, nous connaissons notre Histoire alors que Noëlle ne voulait que son histoire. 

Et puis d'un point de vue historique, on n'apprend pas grand chose mais peu importe, ce n'est pas ce que je recherchais en lisant ce roman.

Citation :

"Que les gens sont méchants et cruels ! Songeait-elle, allongée sur le lit, secouée de spasmes de chagrin. Que savent-ils de ma vie, de mes tourments ?"

"Vous connaissez aussi bien que moi l' histoire de notre région! Après la guerre, nous sommes redevenus français et les honnêtes familles allemandes installées dans le pays depuis des années ont dû repasser le Rhin. Ce ne sont pas les pauvres gens qui décident des combats ni des frontières! Qui donc, en Alsace, peut jurer qu'il n'a aucun ancêtre allemand dans sa famille? Vous-même, je sais que vous fréquentez des clients de Stuttgart! Ce n'est pas en cultivant la haine que nous honorons tous les morts de la dernière guerre!"

"Alors j' ai compris que la haine, la rancœur, la vengeance sont des sentiments dangereux, qui nuisent à la paix du cœur et de l' âme"

Le mot de la fin :

Tout ce que contient ce livre est ENORME. Enorme en nombre de pages, énorme en terme d'émotions, énorme en tant que courage et énorme en tant qu'amour. Marie-Bernadette Dupuy signe une fois encore un livre qui serre le cœur, qui nous fait ressentir tellement d'émotions et nous pouvons voir que même dans la plus grande obscurité il y a la lumière au loin. Si vous aimez l'autrice à lire absolument.

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