Je voulais te dire - Louisa Young

A
uteur : Louisa Young
Edition : France Loisirs
Genre : Historique
Publication originale : 2012
Pages : 456


"La nuit avait été tiède. Comme un parfum d'été. Plutôt calme."


Synopsis :
Nadine et Riley sont deux jeunes Londoniens issus de milieux très différents, mais amis depuis l'enfance. Au moment où leur complicité pouvait prendre un tour plus intime, des considérations de classe se dressent brusquement sur leur chemin. C'est alors qu'éclate la Grande Guerre. Ils n'ont que 18 ans. Riley passera trois ans dans les tranchées des Flandres et de la Somme, tandis que Nadine s'engagera comme infirmière.

Quand il revient, il n'est plus le même homme ; ce qui lui est arrivé sur le champ de bataille l'aura changé pour toujours. Ne pouvant pas imaginer que Nadine puisse encore vouloir de lui, il fera tout pour la repousser. Mais le destin lui compliquera la
tâche...

Louisa Young décrit avec éloquence la fin d'un monde, les dévastations morales et matérielles causées par le premier conflit mondial, l'incompréhension qui règne entre les combattants et ceux qui ne savent rien de ce qui se passe au front. Elle fait aussi et c'est une des grandes originalités du
roman, le récit du remarquable travail de pionnier accompli par les chirurgiens de la reconstruction faciale. Et, dans cette histoire d'un amour passion que tout contrarie, elle dépeint avec subtilité les relations sociales dans une Angleterre en
pleine métamorphose.

Ce que j'en ai pensé :

Voici un livre que j'ai acheté il y a quelques beaucoup années et que j'ai gardé précieusement dans ma PAL attendant le bon moment pour le lire. 

Louisa Young nous raconte une histoire de relations compliquées : premiers amours, inclinaison sexuelle, classes sociales différentes sous fond de la première guerre mondiale.

Nous découvrons donc Riley, vivant dans les quartier populaire de Londres dont le père n'est qu'un simple ouvrier à l'usine. Par un concours de circonstance, Riley va être pris sous l'aile d'un artiste  Sir Alfred des quartiers chics qui va l'accompagner, le faire évoluer en l'ouvrant au monde, en lui apprenant à parler, à se comporter, à s'élever tout simplement. Et même si Riley savait que le monde dans lequel il évoluait n'était pas le sien, à la défaveur de ses parents, il va continuer de fréquenter Sir Alfred. C'est à cette période qu'il va rencontrer Nadine, une élève du peintre, et va nouer d'amitié.

Les années passant, les rencontres entre Riley et Nadine sont toujours régulières, et leurs sentiments vont évoluer. Mais la guerre gronde en France, le déchirement que ressent Riley entre ses parents et Sir Alfred qui appartiennent à deux niveaux sociaux différents, le passage à l'adulte et l'envie de s'assumer en tant que personne en tant qu'adulte fait que la vie ne sera pas celle que Riley avait prévu. Pour échapper à la tension, pour s'émanciper, Riley va s'engager : "jusqu'à la fin de la guerre ou 6 mois, à toi de choisir". Riley est persuadé que la guerre ne va pas durer, il signe pour "jusqu'à la fin de la guerre". La suite vous vous en doutez, cette guerre va durer bien plus que six mois. 

Mais Riley ne se plaint pas. Il monte même les grades, échappe de nombreuses fois à la mort qui ne veut pas de lui. Jusqu'au jour où, ce fut justement le jour de trop...

Je préfère prévenir que la guerre prend une grosse place dans ce roman qui parfois peut paraitre un peu long. Même si d'autres personnages font leur apparition et dont on comprendra leur intérêt que dans la seconde partie du livre, Louisa Young réussit à faire passer par ses mots les démons qui hantent les différents personnages. Car la guerre laisse des traces, et que l'on soit au front dans les tranchées boueuses ou à la maison à attendre l'époux, l'ami, l'amoureux, sans nouvelles, sans perdre espoir, chaque personne  ressasse ce qui aurait pu être.

J'avoue que la lecture de ce roman n'est pas sans intérêt, mais n'est pas non plus une grande lecture. La romance est plutôt insipide, les personnages n'évoluent que très peu au fur des années. 

Mais cependant, j'ai aimé la seconde partie du roman et tout ce qui concerne les travaux de chirurgie esthétique. Car L'autrice nous présente les début de la reconstruction faciale pour les grands blessés de guerre et l'attrait que peuvent avoir les femmes de l'époque sur les nouveaux remèdes créés pour rester jeunes. J'ai appris beaucoup de choses et j'ai surtout été étonnée de l'ancêtre du botox autrement toxique été déjà utilisé au début du siècle dernier. En fait l'intérêt de ce roman ne repose pas sur les années de guerres, rythmées par les permissions, les conflits intérieurs, mais bien les avancées médicales incroyables de cette période. 

Pourquoi l'acception du corps sous toutes ces formes, est-elle si compliquée ? E t le reste encore de nos jours ? Nous parlons maintenant d'images vomies par les magasines, par les publicités et autres supports de communication, mais qu'en était-il à l'époque ? Le problème est bien plus complexe, et ce roman aborde cette avec beaucoup de délicatesse mais également avec beaucoup de violence, se besoin de plaire, de séduire, de se reconstruire, de s'accepter, et sans doute tout simplement de se pardonner à soi même.

C'est un roman qui n'est vraiment pas déplaisant à lire, malgré quelques longueurs, qui pourra plaire non pas à la majorité, mais il faut je pense aller au delà des clichés et voir la beauté intérieure de chaque personne.

Citations :

"La France, pour Riley, c'était les tournesols dorés peints par Van Gogh à Arles, les ciels lumineux, la ligne des arbres, les couleurs de Matisse, la mer, les filles de Renoir dans les cafés, les impressionnants héros à demi nus de David, les jeunes filles de Fragonard avec leurs jupons volants, les grandes dames d'Ingres avec leur peau blanche, les cheveux noirs et leurs doigts liquides..."

"Le jeune homme qui avait été à la pointe du système de destruction était à présent l'épicentre d'une industrie de reconstruction. Celui qui devait détruire était devenu celui qu'on devait réparer."

"Ce n'est pas ta faute. Tu n'as pas inventé le mariage, ni les rôles traditionnels attribuées aux femmes ; ce n'est pas toi qui as commencé cette guerre ; tu n'as pas choisi d'être appréciées seulement pour ta beauté, et préparée à une chose aussi futile qu'en faire étalage."

Le mot de la fin :

Première guerre mondiale, les souffrances de ceux qui partent au front et ceux qui restent. Comment retrouver une place quand on a vu le pire et subi l'irréparable et comment aidés ceux qui ne veulent pas l'être. Louisa Young, va au delà des vérités déjà connues dans les livres d'histoires, et dévoile à travers ce roman les prémices de la chirurgie réparatrice et esthétique. Sans doute pas assez approfondi mais parle de sujets rarement abordés.

***

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