Merci, Grazie, Thank you - Julien Sandrel

A
uteur : Julien Sandrel
Edition : Calmann Levy
Genre : Contemporain
Publication originale : 2022
Pages : 352


"Mme Salomé observe sa boule de cristal, et son visage est parcouru de tics."


Synopsis :
Gina, charmante vieille dame d’origine italienne qui mène une existence modeste à Paris, a un péché mignon que tout le monde ignore : elle va chaque mois jouer aux machines à sous. Et voilà qu’un jour, elle gagne…

Aussitôt, Gina prend une folle décision : cet argent, elle va le partager avec chacune des personnes qui ont joué un rôle dans sa vie et qu’elle n’a jamais pu remercier. Alors sans rien révéler à quiconque de son gain ni de ses intentions, Gina s’envole sur les traces de son passé…

Lorsque sa petite-fille Chloé découvre la « fugue » de sa grand–mère adorée vers New York, elle décide de partir à sa recherche, accompagnée, à son corps défendant, par la très loufoque et envahissante meilleure amie de Gina qui a le don pour les mettre dans des situations impossibles.

Commence alors pour les trois femmes un voyage riche en émotions fortes, entre fous rires et larmes, entre gratitude et transmission, rythmé par les secrets de Gina et les soubresauts d’une Histoire pas si lointaine...

Ce que j'en ai pensé :

Lorsque je me prépare à ouvrir un livre de Julien Sandrel, je suis maintenant partagée entre deux émotions contradictoires : l'excitation de me plonger dans la plume de cet auteur à l'imagination débordante et la peur d'être déçue puisque les autres m'ont tellement surprise par leur réalisme, leur délicatesse et leur intensité émotionnelle, provoquant à chaque fois, des larmes, des rires, du bien-être tout simplement.

Alors oui, je n'ai pas pu lire toute la bibliographie de cet auteur et en particulier les deux derniers, mais La chambre des merveilles et La vie qui m'attendait avaient été des coups de cœur, qu'en est-il donc de ce cinquième roman ?

J'avoue avoir eu plus de mal à rentrer dans ce livre. Au début je n'étais pas séduite par Gina dont la quatrième couverture annonçait comme étant une charmante vieille dame. Pour moi, elle n'était qu'une inconnue croisée dans une rue sans avoir d'opinion particulière sur ce personnage. Je n'ai pas ressentie une affection particulière pour ce personnage, et étais plutôt sceptique pour sa passion des machines à sous et surtout par la prémonition de la voyante rencontrée.

Mais c'est sans compter sur la plume de Julien Sandrel qui a le don de savoir capter l'intensité des émotions de ses personnages et de les traduire avec tant de justesse, de vérité que finalement et bien, je me suis attachée à ce petit bout de femme, cette petite pomme ridée pleine d'énergie et qui va tout mettre en œuvre pour vivre ou revivre son passé !!!

Une fois encore, l'auteur nous propose un road trip pas comme les autres et justement il ne s'agit pas d'un réchauffé de ses autres romans. Même si le thème de prédilection de Julien Sandrel est la décision de tout quitter pour aller vers des lieux inconnus pour se découvrir soi-même, ici Gina sait qui elle est, et surtout d'où elle vient. Son âge mature lui apporte un regard en arrière extrêmement éclairé sur ce qui a été sa vie que nous allons découvrir au fur et à mesure de son périple.

Et puis n'oublions pas, que toujours il y a l'amour au centre de ces romans, avec un grand A, avec un petit a, l'amour fraternel, l'amour filial, l'amour véritable, l'amour secret. Une palette de milles couleurs que Julien Sandrel partage, peint une histoire pleine de vie.

Avec beaucoup d'émotions nous allons découvrir ce personnage à milles vies qui n'a jamais baissé les bras malgré l'adversité, la chance qu'elle a pu provoquer dans ses rencontres, et devenir la Gina que nous découvrons.

Moins séduite également par sa petite fille, je suis restée en retrait de ce personnage tout en ayant une réelle affinité pour l'amie de sa grand-mère : Olga. Un personnage beaucoup plus casanier qui décide de suivre Chloé dans sa recherche de sa grand-mère parce qu'elle aussi s'inquiète et ne peux continuer à rester inactive face au départ soudain de son amie.

C'est donc encore un concentré d'émotions qui nous ait présenté ici avec beaucoup de rebondissements même s'ils sont un temps soit peu, beaucoup, passionnément rocambolesques et donc moins crédibles. Mais peu importe, le principal c'est qu'en refermant le livre j'ai passé un moment tellement agréable à découvrir les secrets de ma vieille pomme, que les petits défauts sont gommés par la pureté de l'âme de Gina.

Je ne recommanderai pas ce livre pour un lecteur qui ne connait pas l'auteur, je pense qu'il faudrait commencer dans l'ordre d'écriture, mais pour les grands amateurs, c'est le livre à emmener cet été dans sa valise et pourquoi pas, si vous en avais l'opportunité de refaire le road trip de Gina... Bon passez au casino avant, avec un peu de chance vos vacances seraient transformées et votre vie aussi.

Citations : 

"Je suis une rationnelle. Une cartésienne. J'ai besoin de me représenter l'ampleur de la béance entre Gina et moi. Ma grand-mère est en vie depuis 85 ans, soit plus de 31 000 jours. Admettons que j'aie passé en moyenne 4 jours par mois avec elle pendant 14 ans, puis de moins en moins, disons quelques jours par an seulement, sur la dernière décennie. Cela représente environ 800 jours. c'est considérable bien sûr, suffisant pour créer un lien indéfectible. Mais les chiffres ne mentent pas : techniquement, ma grand-mère a vécu 98% de sa vie sans moi. Seule la pointe de l'iceberg de son existence m'est accessible."

"Les femmes ont des qualités très particulières. Elles sont capables de réaliser des travaux extrêmement répétitifs qui lassent les hommes. comme mettre des enveloppes sous bande." De nos jours, une telle pensée archaïque susciterait des vagues d'indignation. En 1960, ce genre de commentaire était la norme.

"L'émotion me gagne, bien sûr. C'était prévu.
Je la laisse venir. Je l'accueille. Je la Chéris.
Pleurer, cela signifie aussi que l'on a aimé.
J'ai aimé très fort. J'ai pleuré beaucoup."

Le mot de la fin :

Julien Sandrel nous offre encore un roman plein d'espoir, d'altruisme sans méchanceté, ou quand celle-ci existe, arrive à trouver les mots pour apaiser la peine, mettant du soleil dans nos vies et dans nos cœurs pour aller encore et toujours en avant. 

***

Commentaires

Articles les plus consultés