Condor - Caryl Ferey

Auteur : Caryl Férey
Edition : Gallimard
Genre : Policier
Date de parution : 2016
Pages : 411

"L'ambiance était électrique Plaza Italia. Fumigènes, musique, chars bariolés, les hélicoptères de la police vrombissaient dans le ciel, surveillant d'un œil panoptique les vagues d'étudiantes qui affluaient sur l'artère centrale de Santiago."

Ma note : 15/20

Synopsis :
Condor, c’est l’histoire d’une enquête qui commence dans les bas-fonds de Santiago, submergés par la pauvreté et la drogue, pour s’achever dans le désert minéral d’Atacama… Condor, c’est une plongé dans l’histoire du Chili, de la dictature répressive des années 1970 au retour d’une démocratie plombée par l’héritage politique et économique de Pinochet… Condor, c’est surtout une histoire d’amour entre Gabriela, jeune vidéaste mapuche qui porte l’héritage mystique de son peuple, et Esteban, avocat spécialisé dans les causes perdues, portant comme une croix d’être issu d’une grande famille à la fortune controversée…

Ce que j'en ai pensé :

Condor, c'est un western des temps modernes avec le bon, la brute et le truand ou devrais-je dire les bons, les brutes et les truands car le moindre que l'on puisse dire c'est qu'il y a de très nombreux personnages dans ce roman et c'est ce qui m'a sûrement déstabilisé au début de ma lecture. Des noms qui ne me sont pas familiers, des personnages qui changent d'identité, l'histoire d'un pays que je ne maîtrise aucunement à l'inverse d'un auteur qui a mis quatre ans pour écrire ce livre et qui a travaillé son sujet. Ca se sent dès le début du roman mais j'avoue avoir été très souvent perdue.

Lorsque l'on me parle du Chili, la première chose qui me vient à l'esprit, c'est ma meilleure amie d'origine chilienne et je me suis rendue compte au fur et à mesure de ma lecture que nous n'avions jamais évoqué son ressenti sur ce pays, son histoire, ses impressions, sa famille et en particulier sa grand-mère qui vit à Santiago. La seconde sont des amis qui vivent à Santiago que je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter et selon eux "le Chili, c'est extraordinaire, on y vit mieux qu'en Argentine", mais en lisant ce livre, la première impression que j'ai eu c'est que je suis bien en France, c'est que j'ai de la chance de vivre dans ce merveilleux pays.

A la lecture de ce roman le constat est assez amer. Ce livre traduit ce qu'est l'Homme de son côté le plus obscur, le plus mauvais, le plus refoulé. Mais en même temps, l'auteur n'a jamais oublié de nous faire voir le rayon de soleil qui se cache derrière les nuages de pollution de la cuvette de Santiago. C'est un subtil mélange, parfaitement dosé, qui rend ce roman noir mais lumineux par certains de ces personnages et en particulier à travers le couple que forme Estéban et Gabriela.

Alors oui, j'ai trouvé les 200 premières pages longues même parfois très longues (en particulier le livre qu'a écrit Estéban où je n'ai strictement rien compris à l'histoire et j'ai même sauté des pages ce qui est assez rare pour ma part). Caryl Ferey fait des aller-retour dans le temps et l'espace, c'est flou pour un néophyte du sujet, le passé des personnages se brouille avec le présent. Mais maintenant que j'ai fini les 200 dernières pages à un rythme effréné, je pense que ce début était nécessaire pour poser les bonnes bases et comprendre les intentions de chaque protagonistes. Un immense puzzle de personnages qui trouvent leur place au fur et à mesure pour avoir dans les deniers chapitres, la clé de voute qui tient l'ensemble.

Je n'aurais peut-être pas choisi cette fin et aurait inversé le destin de nos personnages ce qui m'aurait permis de ressentir plus d'émotion mais il faut reconnaitre que le scepticisme ressenti au début de ma lecture c'est évaporé comme l'eau du désert d'Atacama.

Pour terminer cette chronique, cette histoire m'a fait repensé à celle Des fauves et des hommes de Patrick Graham dont on retrouve beaucoup de points communs sans pour autant avoir la même époque, la même histoire et les mêmes personnages. C'est pour moi assez déroutant et agréable tellement j'avais aimé cette histoire. Si vous ne la connaissais pas encore et que vous avez aimé ce livre, n'hésiter pas.

Citations :

"Il n'y a pas de hasard, qu'une concordance de temps."

"-Les bombes, on avait l'habitude ; après tout, c'est conçu pour exploser. Le malheur, c'est qu'on n'était pas préparés..."

"Il avait cru à un monde plus généreux : aujourd'hui; l'idée même de partage semblait obsolète. Les gens ne connaissaient plus le nom des arbres, des fleurs ou des écrivains, mais pouvaient citer des centaines e marques de vêtements, de sportifs, de sodas... L'être ou l'avoir, un vieux débat qu'il n'en finissait plus de perdre."

"A quarante ans, un homme est fini : carrière professionnelle, amours, argent, si rien n'est banalisé, il y a de fortes chances que se soit trop tard."

Le mot de la fin :

Un roman en deux temps ou le premier fixe les bases et ce n'est pas toujours facile à appréhender et le second qui défile sans s'arrêter. Le premier étant indissociable du second. Un roman noir, dans un pays qui l'est aussi mais également un roman avec de l'espoir. A ne pas mettre entre touts les mains en tout cas pour les non familiers avec ce genre de livre.

***

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