Les fleurs sauvages - Holly Ringland
Éditions : Mazarine
Genre : Contemporain
Date de publication originale : 2019
Pages : 425
" Dans une maison en bardeaux au bout du chemin, la petite Alice Hart de neuf ans, assise à son bureau devant la fenêtre ouverte rêvait aux moyens de mettre le feu à son père."
Synopsis :
Lorsqu'une tragédie change à jamais sa vie, la jeune Alice Hart, âgée de neuf ans, part vivre chez sa grand-mère qu'elle ne connaît pas. Quittant le bord de l'océan où elle a grandi, elle trouve refuge dans la ferme horticole de June, où celle-ci cultive des fleurs sauvages d'Australie.
Au fil du temps, Alice oublie les démons du passé et apprend à perpétuer la tradition familiale en utilisant le langage des fleurs pour remplacer les mots lorsqu'ils se font trop douloureux.
Mais l'histoire des Hart est hantée par de nombreux secrets que June cache à sa petite fille. Une sorte de fatalité semble accabler les femmes de leur famille, aussi June préfère-t-elle tenir Alice à l'abri de la vérité, quitte à la tenir à distance de l'amour.
Une fois adulte, révoltée par ce silence et trahie par celles qui lui sont le plus chères, Alice se rend compte qu'il y a des histoires que les fleurs seules ne peuvent raconter. Si elle veut être libre, elle doit partir et inventer l'histoire la plus importante de toutes : la sienne...
Au fil du temps, Alice oublie les démons du passé et apprend à perpétuer la tradition familiale en utilisant le langage des fleurs pour remplacer les mots lorsqu'ils se font trop douloureux.
Mais l'histoire des Hart est hantée par de nombreux secrets que June cache à sa petite fille. Une sorte de fatalité semble accabler les femmes de leur famille, aussi June préfère-t-elle tenir Alice à l'abri de la vérité, quitte à la tenir à distance de l'amour.
Une fois adulte, révoltée par ce silence et trahie par celles qui lui sont le plus chères, Alice se rend compte qu'il y a des histoires que les fleurs seules ne peuvent raconter. Si elle veut être libre, elle doit partir et inventer l'histoire la plus importante de toutes : la sienne...
Ce que j'en ai pensé :
Ce roman est un éveil aux sens, simple, délicat, parfois poignant, tout en sentiments et en espoir.
Tout d'abord, la vue. Une couverture délicate tout droit sortie d'une ancienne herboristerie. Holly Ringland nous immerge dans des paysages tirés tout droit de son imagination comme par exemple la description du cratère, mais peut importe, sa plume nous invite au voyage, nous découvrons des décors qui pourraient exister : la mer qui court sur la plage, les champs de canne à sucre, les longues routes désertiques, la fermes au fleurs, la rivière qui prend vie. Chaque endroit où se retrouve Alice prend vie devant nos yeux. Le mérite est dans ce que cela ne devient pas lourd à la lecture, nous devenons un observateur discret et suivons les déménagements successifs d'Alice. Enfant puis adulte, ce personnage est parfois attachant, parfois agaçant, mais on ne peut lui en vouloir, elle n'a pas encore appris à ouvrir les yeux et justement tout l'intérêt de ce roman est de découvrir le moment où elle va recouvrer la vue et enfin être libre de choisir le chemin de sa vie.
Ensuite, l'ouïe, les vagues qui viennent s'écraser, le murmure de l'eau qui passe, le tonnerre qui résonne, un chien qui aboi, mais surtout l'ouïe ne serait rien sans son pire ennemi, le silence, le silence des mots, le silence des secrets, car Alice est entourée mais tous sont muets. Elle découvrira au fur et à mesure toutes ces trahisons, depuis ces parents, sa grand-mère, ses amours, des secrets qui l'emmèneront plus loin qu'elle aurait pu imaginer. Holly Ringland, nous raconte via le point de vue de plusieurs personnages, de lettres dissimulée, ce que porte le cœur des Hommes. La vérité n'est pas facile à dire et certain préfère porter le poids des non-dits, croyants protéger ceux qu'ils aiment. L'auteure a su distiller au fur et à mesures, ces indices qui nous permettent de prendre Alice toujours plus en affection.
Continuons avec l'odorat, très développé au début de ce roman. Sentez-vous cette odeur de fumée, cette odeur grasse, huileuse, la térébenthine du bois qui pénètre dans vos poumons quand tout est réduit en cendre. L'histoire d'Alice commence dans le feu, dès la première phrase de ce roman, une odeur qui va lui coller à la peau et qui va la tourmenter pour savoir si les choses s'étaient passées différemment comment aurait été sa vie, une construction personnelle qui tourne autour des si et qui vont faire d'Alice, une fois adulte, une jeune femme forte mais pas complétement stable. Cette jeune femme qui veut prendre en main son destin, fuir les mensonges, fuir son passé, fuir cette odeur qui continue à vivre en elle, mais devra-t-elle se consumer entièrement avant de renaitre de ses propres cendres ? Mais il y a également ces odeurs douces, celles de ses roses, qui s'éveillent le matin et embaument les cœurs des amours naissants, ces odeurs qui nous suivent et nous font oublier celles que nous souhaiterions oubliées et qui enivrent oubliant le monde qui tourne autour de nous.
Le goût, le sens rassurant, qui protège qui nous permet de retourner en enfance, cette madeleine de Proust qui nous fait du bien. Ces plats et ses douceurs préparés avec amour, pour ceux qu'on aime, ceux que l'on veut aider mais qu'on ne sait pas comment, ceux que l'on veut réparer. Autour d'une table en famille qui n'est peut être pas sa famille généalogique mais qui est celle auprès de qui on se sent bien. Autour d'un feu, à la belle étoile, avec ses amis qui nous apportent leur soutien. Alice aura plusieurs familles, et toujours, Holly Ringland mettra ce sens en valeur quand les moments seront graves.
Et pour finir le toucher, que l'on soit actif ou passif. Lorsque notre main se tend pour toucher ses fleurs, douces, rugueuses ou épineuses. Ces fleurs qui deviennent immortelles emprisonnées dans la résine, mais qui racontent une histoire, qui donnent un sens à celle qui la porte et qui inexorablement portera sa main vers elle pour la toucher, et se souvenir. Il y a également, la caresse de celui qu'on aime et avec qui on ne voudrait jamais être séparé, celui avec qui on croit que se sera pour la vie. Il y a également, les coups, durs, à encaisser, à se convaincre que c'était la seule fois, ces coups qui lorsque le bleu disparu restent gravés dans le corps. La force de vouloir arrêter, de vouloir partir, ou au contraire, ne pas y arriver, jusqu'au drame ultime.
Soyez prêt à partir dans un voyage sensoriel en lisant l'histoire d'Alice et de sa famille, découvrez, une petite fille qui va grandir et qui va se construire, en faisant des erreurs, en doutant, en voulant devenir quelqu'un d'autres.
Ce roman nous parle d'amour, d'écoute, de persévérance, d'espoir, d'erreurs, de chute, et d'élévation, pour atteindre l'équilibre qu'est la vie, avec ces moments difficiles et ces moments heureux. Ces séparations brutales, voulues ou au contraire involontaires, ces rencontres qui font chavirer et celles qui nous entrainent vers le fond. Tous ces chemins qui se croisent, qui s'entremêlent et qui font dire qu'au bout, il y a l'espoir.
Un très beau roman, cependant, j'ai été un peu déçue par la fin, trop rapide, par rapport au reste du roman, et je suis restée un peu sur ma faim, mais je garde de belles images dans ma tête du reste de l'histoire.
Citations :
"La vie va de l'avant, mais ne se comprend qu'en regardant en arrière."
"Oggi se dirigea vers la roseraie et ramassa les feuilles et les pétales qui jonchaient le sol. Quant il en eut de pleines poignées, il les apporta à Alice et les disposé par terre autour d'elle. Il fit plusieurs fois l'aller-retour jusqu'à ce que le cercle soit complet. […] "C'est ce que je faisais après la mort de mon père pour me consoler". Oggi entoura ses genoux de ses deux bras. "Je me disais que tout ce qui était à l'intérieur du cercle échappait à la tristesse. Je traçais un cercle de la dimension que je voulais, petit ou grand. Un jour, maman n'arrêter pas de pleurer et j'ai encerclé toute la maison. Sauf qu'il m'a fallu utiliser tous les pétales de roses, et sa réaction n'a pas été celle à laquelle je m'attendais."
"Le remords était une semence étrange ; plus vous l'enterriez, plus il s'escrimait à repousser."
"Ce doit être un véritable fardeau d'être incapable de dire à quelqu'un ce que vous souhaiteriez qu'il sache, parce que vous avez la trouille de plonger au fond de vous-même pour déterrer une histoire impossible à réécrire."
"Ne donne pas le meilleur de toi-même à quelqu'un qui n'en vaut pas la peine."
Le mot de la fin :
Un roman tout en douceur, où chacun de vos sens vont vivre une aventure magnifique. Des moments forts, des moments calmes et de grâce. Des secrets, et des vérités difficiles à entendre. Le tout dans des paysages grandioses et avec un personnage imparfait qui doute, lutte, aime, se tait, croit, espère tout simplement vie. A découvrir.
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