La perle et la coquille - Nadia Hashimi


Auteur :
 Nadia Hashimi
Edition : Milady
Genre : Contemporain
Sortie : 2015
Nombre de pages : 538

"SHAHLA nous attendait, postée devant la porte de notre maison, dont le métail vert vif rouillait sur les bords."


Synopsis :

Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses sœurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

Ce que j'en ai pensé :

Avez-vous déjà eu l'impression que certain livre vous attendait patiemment, prêt à être lu, mais que vous n'aviez pas la sensation que c'était le bon moment? Avez-vous déjà ressenti que ce livre était un trésor qui régnait dans votre bibliothèque parmi tant d'autres ? Avez-vous eu déjà la sensation que ce livre était plus qu'un trésor mais tout simplement il était une boite à trésor, et quoi de mieux qu'une boite à trésor qui porte le nom de "La perle et la coquille" : boite finement marquetée, incrustée de matériaux précieux, créée par des doigts délicats, qui aura passé du temps, patience et minutie. Et puis, un jour, vous décidez enfin d'ouvrir ce livre, vous vous immergez dans la lecture et cette boite n'est autre que la boite de Pandore...

Véritable boite de Pandore, La perle et la coquille renferme la vieillesse, la maladie, la guerre et la famine, la misère, la folie et le vice, la tromperie mais aussi la passion, l'orgueil mais surtout l'espérance. Zeus n'y est pour rien, seule Nadia Hashimi a pu distiller autant de maux à travers deux histoires, deux personnages, deux époques, deux vies, mais une seule tradition.

La perle et la coquille est maintenant un roman qui est sorti il y a plus de cinq ans, mais avec l'actualité brulante de ces derniers mois en Afghanistan, il était d'autant plus légitime de le lire maintenant.

Ce livre a déjà fait couler beaucoup d'encre : Magnifique ! Bouleversant ! Emouvant ! Captivant ! Je ne compte plus le nombre d'éloges et de retours positifs, quant à moi, je ne ressors pas tout à fait emballée et conquise.

La perle et la coquille est indéniablement un livre fort, qui a vocation de marquer les esprits, lorsque l'on prône de nos jours l'égalité et la mixité, nous sommes ici aux antipodes de l'idéologie occidentale. Et à travers ce roman, nous avons un début de réponses, quand est-ce que le schisme a eu lieu non pas entre des idéologies religieuses, mais simplement pour des idéologies de vie et d'égalité.

Clairement ce livre montre l'asservissement de la femme sans éducation vivant dans l'ignorance. Comment une femme peut-elle rêver d'un monde différent si elle ne l'a jamais vu : pas de télévision, pas de radio, elle vit entre quatre murs, sans jamais voir la vie à l'extérieur. Sa vie est simplement sa vie, sa vie est celle qu'on lui impose, sa vie est celle qu'elle ignore. L'image est frappante, redoutable, presque écœurante. Devons-nous rester aveugles, quels sont les leviers que nous avons touts et toutes à porter de main ?

Pourtant, ce livre montre également l'après Talibans, avec l'établissement d'un parlement qui se veut mixte. Une poignée de femmes qui se battent pour leur liberté mais elles sont encore moins nombreuses que le très peu de femmes présentes. la majorité d'entre elles sont illettrées, soumises au joug d'un mari violent, n'ont pas d'autres choix de faire ce qu'on leur dit de faire, car les votes ne sont pas confidentiels, ils sont à la vue de tous, et les représailles sont souvent mortelles. Mais rappelez-vous en 1948, premier vote des femmes en France, 80 ans en arrière (si vieux et si jeune en même temps), lorsque le mari disait à sa femme : "tu voteras ce que je te dis", qu'on fait la majorité des femmes à votre avis ? Elle n'ont pas voté pour leur droit (ou très peu d'entre elles), mais à travers la voix de leur époux. Les choses ont changé heureusement, le mari n'est plus le chef de famille depuis 1970 (plus de 20 ans après le droit de vote de la femme en France), symbole de la puissance paternelle, et ceci a été un combat de plus de 10 ans lorsque l'on s'est rendu compte que le législateur essayait de promouvoir l'égalité des sexes et cela allait à l'encontre des la tendance naturelle de la société qui ne la réalisait pas spontanément (Françoise DEKEUWER-DEFOSSEZ, Doyenne de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Lilles). Et pourtant je vous assure que lorsque j'ai participé à un mariage en 2010, le maire a dit au mari qu'il était le chef de famille, j'étais choquée, je ne savais pas encore que ce passage du chef de famille du Chapitre VI des devoirs et des droits respectifs des époux avait été abrogé en 1970, ... Etonnant non ? Alors pourquoi certains Maires en France ne respecte pas cette abrogation, et finalement on le reproche à un pays loin de nous ? Heureusement que beaucoup d'entre nous, se soulèvent, se battent, souffrent pour nos droits de l'Homme avec un H qui représente tout autant la femme que l'homme. 

Oui je disgresse, mais ce livre, comme je vous le disais précédemment ne laisse pas indifférent, il fait renaitre la petite flemme de la contestation, de la place que nous occupons tous les jours dans un monde qui n'est qu'une façade de la dure réalité. 

Alors pourquoi, me direz-vous je n'ai pas totalement été séduite par ce roman, je pense que c'est tout simplement la façon dont nous est raconté l'histoire, et plus particulièrement, le manque de précision dans les détails, dans les endroits où nous nous trouvons. J'ai trouvé que les descriptions qui m'étaient nécessaires pour poser le cadre n'étaient pas suffisantes. A plusieurs reprises, je me suis arrêtées dans la lecture pour m'imaginer l'endroit, mais avec beaucoup de difficultés. Même si les personnages sont bien travaillés, les émotions sont présentes, mais je n'ai pas été débordées par des sentiments qui auraient pu être beaucoup plus profonds. J'étais présentes plus à travers d'une vitre qu'au plus près des personnages. Et ça m'a manqué de ne pas pouvoir être interconnectée.

Citations :

"- Tu verras plus tard. Chaque petit effort porte ses fruits. Regarde-moi. j'ai la chance de savoir lire. C'est une bougie dans une pièce sombre. Ce que j'ignore, je peux le découvrir par moi-même. Il est plus facile de duper quelqu'un qui n'a pas cette autonomie."

"Les personnes qui sont frappées par la tragédie plus d'une fois, peuvent être certaines que le sort va s'acharner et qu'elle pleureront de nouveau. Le destin trouve plus facile de revenir sur ses pas."

Le mot de la fin :

Encore un roman qui colle avec l'actualité et qui ne laisse pas indifférent. Même si j'en garderai longtemps certaines images, je n'ai pas été conquise jusqu'au bout, déçue sans doute par la plume de l'auteur qui m'a laissé un peu plus en arrière que j'aurai voulu l'être.

***



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