Les promises - Jean-Christophe Grangé

A
uteur : Jean-Christophe Grangé
Edition : Albin Michel
Genre : Thriller
Sortie : 2021
Pages : 652

"-Tout se passe à la campagne. Elle arrive un matin d'hiver.
- Vous avez identifié la région ?
- Non. Je vis à Berlin depuis toujours et je déteste quitter la ville."

Synopsis :
Les Promises, ce sont ces grandes Dames du Reich, belles et insouciantes, qui se retrouvent chaque après-midi à l'hôtel Adlon de Berlin, pour bavarder et boire du Champagne, alors que l'Europe, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, est au bord d'imploser.
Ce sont aussi les victimes d'un tueur mystérieux, qui les surprend sur les rives de la Sprée ou près des lacs, les soumettant à d'horribles mutilations...
Dans un Berlin incandescent, frémissant comme le cratère d'un volcan, trois êtres singuliers vont s'atteler à l'enquête. Simon Kraus, psychanalyste surdoué, gigolo sur les bords, toujours prêt à faire chanter ses patientes. Franz Beewen, colosse de la Gestapo, brutal et sans pitié, parti en guerre contre le monde. Mina von Hassel, riche héritière et psychiatre dévouée, s'efforçant de sauver les oubliés du Reich.
Ces enquêteurs que tout oppose vont suivre les traces du Monstre et découvrir une vérité stupéfiante. Le Mal n'est pas toujours là où on l'attend.

Ce que j'en ai pensé :

AH !!!!!!! Je retrouve enfin cet auteur de thriller français que j'apprécie tant après qu'il se soit perdu lors de ses deux derniers romans comme j'ai pu le dire lors de ma chronique sur La dernière chasse.

Mais attention, ce roman est destiné à un public averti. Jean-Christophe Grangé qui propose toujours des histoires noires, très noires, dans un univers parfois malsain (La Terre des morts), ici fait encore pire avec les promises. Meurtres, assassinats, essais cliniques sous fond de début de seconde guerre mondiale à Berlin.

Partons traquer un serial killer qui assassine froidement des épouses de hauts dignitaires du parti nazi qui n'ont d'yeux que pour le Führer. 

Trois personnages vont s'associer pour découvrir la vérité qui iront beaucoup plus loin que ce que laisse présumer le début du roman.

Simon, gigolo des victimes qui les psychanalysait tout en les faisant chanter. Ce personnage haut comme trois, non deux pommes va devenir plus grand et sans doute plus honnête au fur et à mesure de ses découvertes. Un personnage qui pourrait paraitre égoïste mais qui en réalité sait s'adapter et se remettre en question. J'ai particulièrement apprécié ce personnage.

Franz, le chien d'attaque, incapable de lâcher sa proie une fois dans sa gueule perdant en même temps quelques neurones que la nature lui avait donné. Gestapiste, SS, ce personnage va également s'enrichir au contact de ses acolytes, comprenant que le cerveau est aussi un organe tout aussi important que les muscles. De déceptions en impasses, Franz va évoluer pour venger le monde des atrocités de cette période de l'histoire. 

Minna, fille de la haute bourgeoisie allemande, totalement perdue, noyée dans l'alcool et névrosée par toutes sortes de drogues, cherche à s'auto-détruire purement et simplement. Sa porte de salut, venger la mort de sa meilleure amie, tuée par le sérial killer.

Trois personnages unis dans l'horreur du mal qui les entoure et du mal qu'ils ressentent. Un trio riche qui nous conduit vers les horreurs perpétuaient sous le régime nazi.

Comme je vous le disais en préambule, ce livre est difficile à lire, ne commençait pas par ce roman si vous n'avez jamais lu du Grangé. Dès le début, l'auteur nous promène de personnages en personnages sans faire de lien, et c'est même parfois un peu trop long avant que le lecteur rentre dans l'histoire du serial killer. Mais d'une certaine manière, Jean-Christophe Grangé met les formes, nous décrit ce qu'était Berlin, la veille de l'invasion de la Pologne ; les ressentiments de ceux qui ont perdu la grande guerre et cette volonté de vengeance. 

Nous évoluons parmi les privilégiés. Soit de part leur statut social : haute société berlinoise qui n'ont pas besoin de faire grand chose pour vivre, ou soit de part leur fonction : gestapiste que seul son écusson fait trembler le peuple.

J'ai été immergé comme je l'ai rarement été dans l'histoire de 39 tel un tableau qui prend vie devant nos yeux. 

Puis les scènes quotidiennes laissent place à la folie de l'Homme et nous plongeons vers les méandres du mal, vers le côté le plus obscur de l'Homme, à la différence des précédents romans que j'ai pu lire, ici je n'ai pu m'empêcher de me dire que tout cela a réellement existé.

Citations :

"Non de tels parasites n'avaient pas leur place dans le Reich de milles ans. Ce genre d'esprits tordus ne menaient qu'à la débauche et au vice. Salopards d'intellectuels. Ils étaient la lèpre des sociétés nouvelles. A trop réfléchir, ils corrompaient le sens de la vie, ils n'entendaient plus la sourde palpitation, naturelle et essentielle, de la terre..."

"A cette époque, la moitié de Berlin s'ébattait chaque dimanche dans les innombrables lacs et rivières de la capitale. La nazisme était une dictature pleine de vitalité, qui faisait sa gymnastique chaque matin."

"Simon ne l'aurait jamais avoué en public mais il appréciait l'architecture nazie. Il y avait là-dedans un sens du colossal, du gigantesque, et aussi une sorte de pureté brutale qui le séduisaient. Cette manière de construire semblait tutoyer les dieux..."

"-Il y a quelque chose qui cloche avec la psychanalyse. Quand on va au théâtre, c'est le spectateur qui raque pas l'acteur."

Le mot de la fin :

Jean-Christophe Grangé nous glace encore une fois à travers un roman très puissant, déstabilisant, vibrant de réalisme qui ne laissera pas son lecteur indifférent.

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