Praërie, T1 : Le monde des Sinks - Jean-Luc Marcastel

Auteur : Jean-Luc Marcastel
Éditions : Scrineo
Genre : Science-Fiction
Date de publication originale : 2014
Pages : 446

          " L'aube caressait à peine d'un rayon les sommets broussailleux des collines, quand le bruit vint déranger la quiétude matinale."


Synopsis :

   En 1994, un centre de recherche et un village entier disparaissent mystérieusement dans une petite vallée du sud de la France, sans laisser de traces… Vingt ans plus tard, le lieutenant Vincent Marty est envoyé sur les lieux dans le plus grand secret. Objectif : récupérer les travaux de ce laboratoire perdu… des travaux portant sur la miniaturisation. Plus facile à dire qu’à faire, quand on vous réduit à la taille d’une fourmi et que vous disposez de seize heures pour vous frayer un chemin dans la plus impitoyable des jungles, hantée par des créatures cauchemardesques plus terrifiantes, voraces, rapides et meurtrières les unes que les autres… les insectes. Là, au milieu d’un peuple d’humains microscopiques, Vincent découvrira un univers plus incroyable encore qu’un monde de fantasy. Une société violente, impitoyable, calquée sur le modèle du règne animal et des êtres déracinés qui trouveront avec lui le chemin de leur humanité.

Ce que j'en ai pensé :

  Oublié tout ce que vous connaissiez dans "Chéri, j'ai rétréci les gosses" pour ceux qui s'en souviennent, et venez découvrir un monde miniaturisé où les fourmis ne sont pas vos amies. Et encore s'il n'y avait que les fourmis se serait peut-être plus facile. Car ce qui grouillent sous nos pieds pourraient bien vous donner des cauchemars.

Jean-Luc Marcastel nous propose de découvrir un monde insoupçonné, riche en détails, une flore démesurée et une faune coriace, où seul ne compte que l'instinct de survie.

Vincent, un des personnages principaux, va découvrir un nouveau univers, parti à la recherche des explications d'un secret gouvernemental d'il y a 20 ans. Top secret devrais-je dire. Mais l'aventure qui devait durer 24 h va s'éterniser, car quand on se miniature, le temps, lui s'allonge. Une vie miniaturisée ne représente que 2 ans pour nous dans le monde réel. Cela permet à l'auteur de nous proposer de nombreux rebondissements et de décrire un peuple : les Sinks qui n'ont rien à voir avec nous, puisque plusieurs générations se sont succédées. Le résultat est fascinant : modification de l'Histoire, des coutumes, du langage, de la mode vestimentaires, les survivants ont évolué indépendamment de nos codes. J'ai beaucoup apprécié cet univers construit et réfléchi.

Mais ça n'a pas duré longtemps, car plus nous découvrons ce monde via les yeux de Vincent, le pire est de la découvrir de l'intérieur, par les raisonnements et les yeux de  Lo'Hiss, un Sink.
Dès le début du roman de nombreux clichés stéréotypés sont présents en particulier la place de la femme dans cette civilisation inventée : celles que l'on nomme les douventres pas besoin d'explications supplémentaires pour comprendre que la femme n'a qu'un seul rôle dans cette civilisation :  enfanter et permettre la survie de l'espèce. Et là, j'ai juste envie de crier quand je comprends que les douventres ne sont pas "douces" parce qu'elles accueillent en elles la future génération, mais quelles sont "douces" pour l'homme qu'elle va accueillir en elle. La femme est tout simplement décrite comme le trou de celui qui l'aura choisi sans avoir la possibilité de dire non. Le viol étant de mise dans cette société. Alors, oui, les hommes sont élevés comme des guerriers, mais il y a quand même des limites. Et même si l'auteur retourne la situation, puisqu'il y a un seul homme : Pyr qui "aimait" une douventre et ne voulait pas la partager, jamais, il n'y a eu rébellion, jamais il n'a dit que cela ne devait pas se produire. Il est l'exception qui confirme la règle. C'est tout simplement dégradant.

Et puis, ça va continuer encore et encore et toujours sur la vision de la femme régulièrement appelée démone, succube, abomination. J'ai l'impression de lire des fantasmes masculins véhiculés par les générations passées. Non, s'il vous plait, plus de femme à taille de guêpe habillée en noir et jaune, qui est dit, redit, encore dit, reredit, et encore et encore. Je n'en peux plus de cette description minimaliste, vulgarisant ce personnage qui pourtant aura, je suis sûre, un place importante dans le second tome. C'est d'une lourdeur où je ne pouvais que m'énerver contre l'auteur ce qui m'arrive assez rarement.

Il y a aussi les  combats entre "humains" et insectes. Pléthores de descriptions anatomiques, gestuelles, qui étirent les pages encore et encore, sans qu'au final, on n'y comprenne rien, car même si l'écriture est très visuelle, il y a comme des changement de plans qui font qu'on est perdu dans la scène. Alors j'avoue, je suis passée rapidement et de plus en plus souvent lorsqu'un Sink se battait avec un insecte quelque soit sa nature.

Finalement, beaucoup de points négatifs, dans ce monde pourtant tellement passionnant. Je n'arrive pas à me dire que je ne pourrai pas lire le tome 2, car j'ai vraiment envie de découvrir la suite des aventures de Vincent, qui m'a surement certains aspects touché, mais je vais faire une petite pause, et laisser mon féminisme redescendre un peu.

Citations :

"Enlève ton masque, Pyr. Je veux que tu l'enlèves, chaque fois que tu viens me voir.
Pourquoi ?
Parce que c'est l'homme que j'aime, pas le carapatte. Le carapatte n'est que le masque derrière lequel vous cachez vos faiblesses, vos sentiments, vos émotions, vos secrets et l'ombre qui est en vous… Ce masque, vous le portez si bien qu'à force, il vous dévore tout entier, vous et tout ce que vous pourriez être… CE que je veux de toi, c'est ce qu'il y a dessous, ce que tu dissimules aux autres, bon ou mauvais … Je te veux toi, Pyr, pas l'image que tu veux donner à tous…"

Le mot de la fin :

Un livre tout simplement gâché par le stéréotype de la femme objet. Et pourtant l'univers décrit est riche, ambitieux, l'aventure est incroyable et les nombreux rebondissements donnent envie de connaitre la suite.

***

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