Le marin de casablanca - Charline Malaval

Auteur : Charline Malaval
Éditions : Préludes
Genre : Contemporain
Date de publication originale : 2019
Pages : 320

           " J'dis pas qu'je vais me débiner dans les sous-sols mais j'ai le cœur dans les chaussettes et autant de courage que si on m'disait de m'jeter du haut d'une falaise…"


Synopsis :

 Il était grand, brillant, ambitieux et il adorait Jean Gabin, son modèle. Un à un, il avait gravi les échelons de la marine et voulait explorer le monde. En avril 1940, il disparait brutalement dans l'explosion de La Railleuse, un navire de guerre stationné dans la rade de Casablanca.
Il s'appelait Guillaume, il venait d'avoir vingt ans.

Elle est vive, passionnée et sensible. Le Maroc d'aujourd'hui l'enchante et elle est sûre que, un jour, elle parviendra à réaliser son rêve : ouvrir dans sa ville un cinéma d'art et d'essai. Mais son histoire est bancale : elle ignore tout de sa famille paternelle.
Elle, c'est Loubna, elle a presque trente ans.

Pour construire son avenir, la jeune femme devra creuser son passé et percer le mystère qui entoure le marin de Casablanca.

Ce que j'en ai pensé :

   Un homme ou peut-être un gamin, qui rêve de découvrir le monde car sa vie trop étriquée ne l'intéresse plus dans son petit village du nord de la France. Ce qu'il veut Guillaume, c'est voyager, voir du pays, voir des pays exotiques, sentir les embruns, avoir la peau burinée, devenir l'homme qu'il n'aurait jamais pu être s'il était resté chez lui.

Guillaume, il est comme ça, et quand il veut une chose, il fera tout pour l'obtenir, car Guillaume, il voit grand, trop grand ? Mais cela va le conduire vers une destinée qu'il n'aurait sans doute jamais eu s'il avait choisi le confort de chez lui.

Mais avec Guillaume, et c'est ce qui fait tout l'intérêt de ce roman, il y a les secrets qui stagnent autour de lui comme cette brume le matin qui apparait sur l'eau des ports. Guillaume joue, au sens propre comme au sens figuré, et nous allons découvrir à travers plusieurs personnages quelle a été sa vie, la vrai, pas celle qu'il s'imaginait.

J'ai beaucoup apprécié ce roman, Charline Malaval, nous place dans la tête de plusieurs personnages sauf celle de celui qui nous intéresse. Elle tire les fils habillement d'une pelote qui nous semblent au début inextricable. Nous aurons donc la vision du meilleur ami, du père, de la mère, de la sœur, de sa descendante, de la maîtresse, qui chacun à son niveau détient une part de l'histoire qu'il garde bien au chaud, chacun son secret pour ne pas être mal vu par les autres.

Il serait dommage de vous en dire plus sur ces personnages qui vont vous paraitre parfois attachant, puis détestable, puis finalement tout simplement des hommes et des femmes car ces personnages, c'est moi, c'est toi, ce sont nous, ce sont nos ancêtres, ce sont ces gens qui n'ont jamais été des héros, oubliés dans les pages des livres d'Histoire mais qui ont eu leur histoire et qui peut être proche de la notre. Charline Malaval raconte tellement bien les histoires, adaptant sa plume à chaque personnage pour le faire vivre encore une fois, chacun sa propre personnalité, chacun sa façon de s'exprimer, un gros travail sur les expressions, les styles a été fait, rendant ce roman encore plus fort.

Oui ce roman est passionnant, donnant toujours envie d'en savoir plus sur Guillaume mais il y a un petit MAIS ou deux même ; le premier, cette référence systématique au film de Casablanca, que je trouve tellement vu et revu à chaque fois qu'un livre ou un film parle de cette ville ; le second, j'ai trouvé que la fin était sans doute un poil trop rapide à mon goût et j'ai dû relire les quelques deniers chapitres pour comprendre vraiment ce qui était arrivé. J'étais peut être trop dans mes pensées, trop absorbée dans ce voyage au Maroc, circulant dans les rue des années 40 comme celles de nos jours, à observer ces façades oubliées, ces palmiers , ces plages, j'ai voyagé …

Citations :

"L'horizon, justement, qu'il zieutait tout le temps… Après, tu peux plus t'empêcher d'être toujours un peu ravagé quand tu le regardes. ça balance des idées splendides… Et sans qu'tu t'en aperçoives, il te vient des coups de tristesse que ça s'rait malhonnête de pas chialer …"

"On fantasme les retours de guerre comme des jours heureux. On s'imagine qu'ils seront la promesse que le danger n'existe plus et que la quiétude a envahi pour toujours nos vies. Mais ces jours ont surtout été des longs hivers de secrets enfouis."

"A la fin du conflit, nous touchions presque le même salaire que les hommes pour accomplir les même tâches. Pour certaines, comme moi d'ailleurs, les lendemains de la guerre ont été abominables en partie pour cela… Nous étions du jour au lendemain redevenues des femmes au foyer. Nos hommes, les valides, s'étaient empressés de travailler, à recouvrer la vie d'avant, s'étaient attacher à nous gâter pour - eux non plus ne l'avoueraient sans doute jamais - retrouver cette place que nous leur avions prise."

"Les hommes sont inconséquents, et encore plus à vingt ans, ma chérie. Il n'y a que l'âge et la peur de se retrouver seuls qui les rendent plus attentifs à la chance qu'ils ont d'avoir une femme à leurs côtés…"

Le mot de la fin :

Un roman rythmé par les secrets des uns et des autres pour découvrir qui était vraiment ce marin, parti pour découvrir le monde avant de se découvrir lui-même mais l'Histoire passe et le temps aussi et il est souvent trop tard … A découvrir.

***





Merci à Netgalley pour la découverte de ce roman

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