Les quatre filles du docteur March - Louisa May Alcott

 

Auteur : Louisa May Alcott
Éditions : France Loisirs
Genre : Classique
Date de publication originale : 1880
Pages : 304


         "Noël ne sera pas Noël si on ne nous fait pas de cadeaux."


Synopsis :

 L'Amérique de la guerre de Sécession. Le docteur March rejoint l'armée nordiste, laissant seules sa femme et ses quatre filles, quatre sours aux tempéraments et aux passions opposés. Meg est sentimentale, Beth adore la musique, Jo est à la fois garçon manqué et romancière en herbe, quant à la blonde Amy, c'est une vraie coquette. Les querelles ne vont pas manquer...Un univers féminin et le récit de la vie avec ses imprévus tantôt drôles, tantôt tragiques. Un roman certifié classique ! 






 Ce que j'en ai pensé :

La première question que je me suis posée en refermant ce livre c'est : quand est-ce que nous avons arrêté d'éduquer nos enfants de cette manière ? Ce n'est ni une envie, ni un reproche juste un constat. Mais avant que je ne réponde à cette question et dérive sur le sujet, revenons à l'œuvre phare de Louisa May Alcott, un classique de la littérature américaine à la fin du XIXème siècle, je veux parler des Quatre Filles du docteur March.

Alors oui, comme beaucoup, j'ai vu le téléfilm dans mon enfance, le samedi ou le dimanche après-midi sur M6 ( je vieillis, ma mémoire me fait défaut). Qui se rappelle encore des grandes sagas en deux épisodes diffusés sur la chaine ? J'ai le très bon souvenir d'une couette douce remontée jusque sous mon nez, un chat posé au creux de mes jambes, ma mère à côté de moi adossée à son oreiller et mon père qui régulièrement passait la tête dans sa chambre observant désespérément que nous n'avions pas du tout bougé, absorbées par ce petit écran au pied du lit parental, nos rires quand il disait : "vous êtes encore là" sans jamais de jugement ou d'amertume, juste le constat que nous étions bien. C'est ma madeleine de Proust, ce sentiment de protection jamais égalé, où le temps n'avait plus d'importance et nous appelions ces jours : "nos journée chat".

C'est donc pour ressentir ces moments heureux de mon enfance que j'ai décidé de replonger dans ce classique, mais même si le souvenir était toujours présent à mon esprit j'ai pris beaucoup moins de plaisir à découvrir le texte. Je n'irai pas dire que c'est ennuyeux mais certainement d'un ancien temps, d'une autre époque. Ou la fille était réduite à tenir la maison, écouter ses parents et s'absoudre de toute vanité. Les péchés capitaux sont bien enfouis et ne font pas parti du vocabulaire ou presque : adieu orgueil, vanité, gourmandise, colère et envie, où la paresse est vite combattue et on ne parle même pas de la luxure qui ne fait pas parti du vocabulaire. Même si chacune a quand même son vice, la mère est toujours présente pour remettre dans le bon chemin, ces jeunes filles de bonne famille sans le sou. Elles sont donc  tiraillées entre leur envie primaire et la réalité du monde dans lequel elles évoluent.

Une lecture sans ce goût d'interdit, sans ce goût de réaliser des choses incroyables, une simple parenthèse dans la vie quotidienne de filles en pleine éducation, qui grandissent calmement mais sereinement, dont le principal objectif est d'être ensemble, tout simplement. Mais n'est-ce pas ce que recherche toute mère dans l'éducation de leur enfant ? Offrir le meilleur à chacun, leur donner une éducation pour un meilleur avenir. Certes ce texte n'est plus transposable à notre époque de dingue, mais les bases sont bien présentes. Seul bémol, pour ma part et même si le rôle de la mère reste quasiment inchangé deux siècles plus tard , l'acceptation, la contrition de nos enfants sont sensiblement différentes. 

Une texte loin des préoccupations actuelles, cet article sort le lendemain des droits de la femme, et lorsque l'on prône l'égalité et la mixité, ce texte parait maintenant bien désuet. Mais pourtant, rien ne change. Les femmes travaillent, aspirent à des métiers et à un salaire équivalent aux hommes, mais l'éducation reste au cœur de leur préoccupation. Oui, messieurs vous aussi, vous y êtes sensibles et heureusement que cette nouvelle génération permet à la Femme de concilier les deux et que vous vous engagez à une implication dans la vie du ménage de plus en plus importante, rendant la vie égalitaire au sein du foyer comme en dehors. Ne peignons pas le diable sur les murs, continuons à avancer ensemble. 



Citations :

"J'espère qu'elles se souviennent de tout ce que je leur ai dit. Elles sont de bonnes filles pour vous ; elles remplissent fidèlement leur devoirs ; elles n'oublient pas de combattre leurs ennemis intérieurs, et auront remporté de telles victoires sur elles-mêmes, que, quand je reviendrai, je serai plus fier encore de "mes petites femmes"."

"Je comprends. C'est très bien d'avoir des talents et d'être distingué, mais non d'en faire parade ou de se pavaner parce qu'on en a."

"Je ne souhaite donc pas d'habiter jamais quelqu'une de ces maisons fastueuses qui ne sont pas des chez-soi, d'où le luxe chasse si souvent la paix, la bonne humeur, la santé, le bonheur et même les vrais plaisirs. Un bon, un courageux et laborieux mari comme le mien, des enfants comme vous, avec un peu plus d'aisance, si c'est possible, voilà ce que je voudrais vous assurer à chacune, mes chéries."

"Ah si j'étais un garçon ! s'écria-t-elle ; mais non, décidément, je ne suis qu'une fille, une malheureuse et déplorable fille !"

Le mot de la fin :

Alors oui, ce roman n'est pas de première jeunesse, la vision de la femme réductrice, mais nous ne pouvons la juger, l'époque était ainsi, et réjouissons nous de ce que le monde nous a permis de réaliser. Pensez à ce que serez ces quatre filles dans le monde actuel, comment elles se seraient encore plus épanouies qu'elles semblent l'être déjà à la fin du roman, la renommée, l'intelligence, la bonhomie, un seul fil conducteur entre cette époque et la notre : le meilleur d'entre nous parmi nous tous.

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