Mise à feu - Clara Ysé

Auteur :
 Clara Ysé
Edition : Grasset
Genre : Contemporain
Sortie : 2021
Nombre de pages : 192

"Avant mes six ans, c'est le soleil.
Quelque chose de pur, de frais, de vivant.
Gaspard, l'Amazone, Nouchka et moi. Unis.
Jusqu'à l'incendie."



Synopsis :

Nine et Gaspard vivent dans la maison de leur mère, l’Amazone. Nouchka, leur pie, veille sur le trio. La nuit du réveillon, un incendie ravage le paradis de l’enfance. Le lendemain, le frère et la sœur se réveillent seuls chez leur oncle, l’inquiétant Lord.

Ils reçoivent tous les mois une lettre de l’Amazone qui leur dit préparer dans le Sud la nouvelle demeure qui les réunira bientôt. Quel pacte d’amour et de rêve vont-ils nouer pour conjurer l’absence ?

Récit magique et cruel, féérie moderne, roman d’initiation et d’aventure, ode à la liberté, à l’adolescence, à la tendresse, aux amitiés qui sauvent, Mise à feu envoûte par son émotion, sa puissance d’évocation poétique et musicale.

Ce que j'en ai pensé

Il y a certains livres que nous lisons qui nous emmènent en dehors de notre zone de confort. On lit mais nous ne comprenons pas où l'auteur désire nous emmener, hors des sentiers balisés, on marche sur des cailloux, à travers des ronces, on se griffent, on se tord la cheville, mais on ne peut pas dire que l'expérience soit désagréable car le cadre est agréable. Puis à la fin de cette traversée non prévue, il y a la lumière, la compréhension de pourquoi nous avons fait ce chemin parfois en équilibre, parfois à la rupture, et on regarde devant soi, ce que le monde nous propose et on pleure. Voilà en quelques mots ce que m'a fait ressentir Clara Ysé en lisant son premier roman.

Quand j'ai commencé à lire Mise à feu, et surtout après avoir lu le synopsis, j'ai repensé à En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut, qui est un roman extraordinaire, où on découvre une mère à travers les yeux de son fils. Heureusement, Clara Ysé, ne nous propose pas la même histoire, mais il y a tout de même un fil conducteur commun : le passage de l'enfance à l'âge adulte vu par un enfant qui aime sa mère.

Mais voilà, pendant toute la durée de ma lecture, je me suis posée la question : rêve ou réalité?

Une mère qui abandonne ses enfants pour restaurer une maison pour leur futur confort, et qui ne communique que par courrier ? Rêve ou réalité ? L'histoire se passe après 2000, les téléphones portables, ça existe !!! 

Un oncle, le Lord (qui résonne dans ma tête comme l'Ogre dont la prononciation n'est pas très éloignée), qui les héberge en attendant leurs retrouvailles avec leur mère, personnage plus sombre que jamais, coléreux, limite incestueux, formidable marâtre masculinisé ? Rêve ou réalité ? 

Des enfants qui parlent la langue des oiseaux et discutent avec leur pie qu'ils ont apprivoisé, nounou à plein temps, qui les ramène dans le droit chemin, lorsque leur jeunesse leur fait dévié des règles sociétales et qui fait le voyage pour donner des nouvelles à leur mère absente ? Rêve ou réalité ?

Cette chambre au dernier étage qu'ils partagent, tout en haut de l'immense appartement dans lequel, frère et sœur se sécurisent, se réfugient pendant que le Lord organise ses repas avec ses amis ? Rêve ou réalité ?

Tout se mélange, se croise, nous embarque dans un songe avec ses peurs, ses monstres, mais aussi ses espoirs, ses personnes qui sont sur le bord du chemin et que l'on embarque avec soi et dont l'amitié sera inconditionnelle, ses lumières. Tout ceci imbriqué dans la vrai vie. 

Ce roman ne prendra tout son sens qu'à la toute fin du roman, le rêve de l'enfant laisse place à la réalité de l'adulte, et enfin, nous aussi nous voyons. Nous voyons l'horrible vérité, nous redécouvrons ces jeunes adultes et ce qu'ils ont traversé et nous les voyons d'une nouvelle manière, nous devenons sensibles, émotifs, mais nous voyons l'espoir aussi de ce qui, maintenant, va pouvoir leur arriver.

Clara Ysé, redonne la vue à ses lecteurs, après les avoir emmenés sur des chemins sombres, je n'ai aucun regret d'être aller jusqu'au bout de ce roman, pour finalement apprécier ce texte plus que ce que ne laisser présager sa lecture en cours. Il méritait même une relecture pour avoir une autre vision, ce qui est pour moi une rareté.

Citations :

 "[...] des pages de mes carnets disparaissaient à intervalles réguliers depuis deux ans, mais je n'avais pas envie de retourner dans le bureau du Lord. Je laissais faire, et passais mes doigts sur le fil des pages arrachées, comme sur des cicatrices, en me répétant que les carnets étaient comme la mémoire, on en occultait certaines brides, cela faisait partie de la vie, l'oubli. J'écrivais des poèmes et la promesse de notre départ en boucle. Les mots trop précieux, je les gardais à l'intérieur de moi."

 "Il voudrait prendre les coups pour ceux qu'il aime mais la violence s'abat parfois sans qu'on la voie venir. Elle est là, comme ces rapaces à l'arrêt au-dessus de leur proies. Gaspard a beau avoir une intuition hors du commun, il arrive que la violence fonde sur nous avant qu'il ait pu la deviner. ça le ronge, cette sauvagerie du hasard, ou du destin, selon le nom qu'on donne aux oiseaux de proie."

Le mot de la fin :

Mise à feu, un roman qui porte parfaitement son nom : un compte-à-rebours qui marque le départ imminent d'une action. Parfois le compte-à-rebours peut être plus long que l'on aurait imaginé : des enfants qui vivent dans un rêve, pour accéder à la réalité et enfin grandir pour vivre leur propre vie. A découvrir pour une fin emplie d'émotions.

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Commentaires

  1. Il y a quelque chose dans le résumé qui a titillé ma curiosité et ta chronique vient de la faire croître ! Merci pour ce partage !

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    1. Merci pour ton commentaire, j'espère que ce livre sera une belle découverte pour toi, comme il l'a été pour moi, même si à de nombreuses reprises je me suis dit, qu'il n'était pas fait pour moi, j'ai tenu jusqu'à la fin et j'ai compris que la détermination peut révéler une belle surprise. Bonne lecture.

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