Le voleur de larmes - Alain Bezançon


A
uteur : Alain Bezançon
Edition : Autoédité
Genre : Nouvelle
Sortie : 2009
Pages : 36


"Les premières lueurs de l'aube commençaient à filtrer à travers les épais rideaux de brocart."



Synopsis :
Dans un monde où les émotions disparaissent, le commerce des larmes et des émotions qu'elles contiennent est devenu une industrie florissante. En marge de cette industrie et de ses larmes d'élevage, un marché parallèle offre des larmes sauvages prélevées à l'insu de leurs propriétaires pour une consommation très privée. Baldassario, le voleur de larmes, est un virtuose dans ce domaine. Il est confronté à son plus grand défi qu'il relève sans se douter de l'issue inattendue que cette aventure lui réserve


Ce que j'en ai pensé :

Et si le monde comme nous le connaissions n'existait plus ?
Et si les gouvernements qui règnent en suprématie tels que nous les connaissions étaient différents ?
Et si les maladies quasi-incurables comme le cancer, le sida, ... avaient toutes été remplacées par une autre ?

Voilà ce que nous propose de découvrir Alain Bezançon à travers sa trop courte nouvelle : Le voleur de larmes.

Les gens meurent de ne plus ressentir d'émotions, leur corps évoluent quasi sans vie pour résister encore quelques instants volés avant de mourir tel un cocon vide. Alors pour subsister encore, pour continuer à exister et avant qu'il ne soit trop tard, il est possible de se nourrir des émotions des autres à travers leurs larmes appelées l'Emotein.

Ce produit fabriqué à partir de larmes "industrialisées" est devenu le dernier rempart avant la mort. Mais qui dit bien rare et cher, dit contrebande. Car au delà de sa fabrication industrielle, il y a l'Emotein dit sauvage, grâce à ceux qui peuvent encore pleurer et en fait le commerce florissant des voleurs de larmes.

Dans cette nouvelle, Alain Bezançon nous confronte à un monde où il est parfois facile de perdre pied : Supplice moyenâgeux, distillerie d'émotions et drones ultra technologiques se côtoient. Un monde qui se meurt pour cause de pénurie d'émotions : Critique de ce qui est devenu notre monde loin de l'altruisme, de l'entraide et du "tout pour soi" sans pardon ? 

Il faut noter également que cette nouvelle s'inscrit dans une expérience où la démarche se veut artistique dont un des axes principal du projet est une réflexion sur l'évolution de la place des émotions dans le monde.

Perdons-nous nos émotions primaires que l'on acquiert au cours de notre première année de vie : joie, tristesse, dégout, peur, colère et surprise ? Lesquelles vous tirerez des larmes ? Quel prix seriez-vous prêt à payer pour les ressentir ?

A travers cette nouvelle, où tout à un prix, Alain Bezançon nous force à nous interroger sur nos propres émotions et sans doute sur les faux-semblants que nous laissons nous envahir pour ne laisser de nous qu'un paraitre.

Et plus, j'ai été emportée par la plume de l'auteur, beaucoup d'émotions transmises justement, c'est une envolée rédactrice, pour atteindre une beauté lignistique, oui j'invente des mots, mais les vrais mots ne sont sans doute pas la hauteur de cette écriture moderne et touchante.

Un trop court récit qui donne envie d'en savoir tellement plus, qui aurait pu être sans doute plus profond en émotions quitte à nous tirer, nous, pauvres lecteurs, quelques larmes...

Citation :

Elle avait le sentiment de se jeter dans quelque chose qui la dépassait, d'être emportée par un tumulte, de sentir les cours de sa vie s'accélérer brutalement, de vivre plus intensément. Alors elle songea à ces moments parfaits lorsqu'elle dansait. Son corps et son esprit ne lui appartenaient plus. elle fusionnait totalement avec l'âme de la musique pour devenir un mouvement, une impulsion, une résonnance...

Le mot de la fin : 

Dans le cadre d'une démarche artistique basée sur la réflexion de la place des émotions dans le monde, Alain Bezançon nous propose une nouvelle futuriste qui nous rappelle à nos propres émotions primaires. A découvrir ...

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