L'île des oubliés - Victoria Hislop

Auteur : Victoria Hislop

Edition : France Loisirs

Genre : Historique

Sortie : 2011

Pages : 501

"Un vent automnal s'engouffrait dans les rues étroites de Plaka, et des bourrasques glacées enveloppaient la femme, engourdissant son corps et son esprit sans réussir à apaiser son chagrin."

Synopsis :

Saga familiale bouleversante et vibrant plaidoyer contre l'exclusion, ce roman d'évasion plein d'émotion et de suspense nous emporte sur une île au large de la Crète, Spinalonga, l'île des lépreux.

Alexis, une jeune Anglaise, ignore tout de l'histoire de sa famille. Pour en savoir plus, elle part visiter le village natal de sa mère en Crète. Elle y fait une terrible découverte : juste en face du village se dresse Spinalonga, la colonie ou l'on envoyait les lépreux... et ou son arrière-grand-mère aurait péri.

Quels mystères effrayants recèle cette île des oubliés ? Pourquoi la mère d'Alexis a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la bouleversante destinée de ses aïeules et sur leurs sombres secrets...

Ce que j'en ai pensé :

Beaucoup de lecteurs ont affirmé qu'après avoir lu ce roman, ils n'étaient pas prêts de l'oublier, je pense que je ferai sans doute partie de ceux-ci. Un roman poignant mais pas dégoulinant qui vous transperce et qui vous mène au cœur de la Méditerranée, en Crête avec en paysage de fond, cette eau saphir à perte de vue.

Ce livre oublié dans ma PAL depuis 2006 (oui j'écris bien souvent,  la date à l'intérieur lorsque je les achète), je le sors que maintenant après avoir vu le reportage sur Arte qui donnait la parole à Victoria Hislop qui est devenue depuis citoyenne grecque. D'avoir vu cette île, ces ruines encore levées sur Spinalonga, fut pour moi un appel à le sortir de l'oubli.

Même si j'ai eu du mal à m'immerger dans ce roman. La première partie n'est pas entrainante, ma première rencontre avec Alexis fut un échec. Alexis, jeune femme en quête d'identité, va chercher à découvrir les secrets que sa mère ne lui a jamais dit, ne lui a jamais laissé l'occasion de découvrir. La tension palpable entre mère et fille conduit cette dernière à se remettre en question et de remettre en doute sa relation avec son conjoint avec qui, comme le disait tout son entourage : "elle formait un si beau couple". De nombreux flashbacks se succèdent dans cette première partie, le style est loin d'être maitrisé et pourtant on sent que l'auteure cherche à nous raconter des secrets de famille inimaginables.

C'est à partir de la deuxième partie du roman que l'histoire de L'île des oubliés commence réellement et quel plaisir de découvrir l'Histoire de la famille Petrakis de 1939 jusqu'à nos jours. Une famille brisée qui va subir l'acharnement du sort sur les siens : mensonge, tromperie, maladie, mort, duperie, aucun des membres de cette famille ne sera épargné par le destin, non ils ne seront décidemment pas oubliés !

Victoria Hislop nous emmène à travers un bras de mer entre Plaka, petit village crétois et Spinalonga, l'île aux lépreux et on va découvrir comment des gens ordinaires vont vivre ou survivre.

C'est par une chaleur écrasante l'été, et un vent frigorifiant l'hiver que trois générations vont évoluer au rythme des traversées entre la grande île et celle que l'on ne veut pas voir.

Avec beaucoup de délicatesse, nous allons apprendre que l'amitié, l'amour, l'entraide, le dévouement, l'attachement peuvent soulever des montagnes. Loin d'être un roman noir, décrivant l'horrible réalité, le sordide du quotidien, L'île des oubliés décrit ce qui a de plus positifs au sein de l'Homme et plus particulièrement dans le cœur de la Femme. Abnégation est sans doute le terme qui correspond le mieux à ce roman : ce sacrifice total de soi-même au bénéfice de l'autre. Que se soient les médecins qui travaillent à aider les lépreux, les femmes et mères qui se sacrifient pour sauver, protéger la chair de leur chair au détriment de leurs propres marques nécrosées. Mais aussi les gouverneurs qui cherchent à améliorer le quotidien de ceux que tout le monde souhaitent oubliés mais qui sont bel et bien vivants.

Ce roman est un hymne à l'amour des autres, à l'amour de son prochain, et le fait de se recentrer sur des choses simples qui sont essentielles. Un message d'espoir et de croyance en un avenir meilleur. Une part d'identité dans l'ADN que l'on transmet à celui ou celle que l'on mettra au monde. Ce roman évoque également le pardon. Geste sans doute le plus difficile à faire pour chacun d'entre nous et plus encore lorsqu'il s'agit de se pardonner soi-même.

Non, ce livre ne s'oublie pas, au contraire, il se partage, il montre de la beauté là où la majorité des personnes y verraient l'obscurité, la tragédie, la désespérance et la méfiance.

Je reste encore quelques heures à écouter les vagues léchées les falaises, les yeux éblouis par tant de terres arides et sauvages, réchauffées par les rayons du soleil qui apaisent l'âme et le cœur...

Petit bonus :

Citations : 

"- La solitude ne signifiait pas nécessairement être seul. On pouvait se sentir seul au milieu d'une foule"

"L'histoire de ta mère est aussi celle de ta grand-mère et de ton arrière-grand-mère. Ainsi que de ta grand-tante. Leur destin était entrecroisé... Elles illustrent à la perfection ce que nous appelons la fatalité, en Grèce. Celle-ci est bien souvent le fait de nos ancêtres, et non des étoiles. Lorsque nous évoquons l'Antiquité, nous nous référons toujours au destin, mais nous ne parlons pas réellement d'une force incontrôlable. Bien sûr, certains évènements capitaux semblent se produire sans raison et bouleverser le cours d'une vie, mais, en vérité, notre destinée est déterminée par les actions de ceux qui nous entourent et de ceux qui nous ont précédés."

Le mot de la fin :

Presque le coup de cœur, mais la partie contemporaine ne m'a pas particulièrement séduite. Mais dès que Victoria Hislop remonte le temps, on découvre une histoire extraordinaire avec des secrets, de l'amour filial qui va jusqu'au sacrifice, des relations sororales compliquées, l'abandon de ceux que l'on aime mais le tout brillamment raconté sans noirceur et sans être malsain. Je ne l'oublierai pas !

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