Mon mari - Maud Ventura

A
uteur : Maud Ventura
Edition : France Loisirs
Genre : contemporain
Publication originale : 2021
Pages : 351

"Je suis amoureuse de mon mari. Mais je devrais plutôt dire : je suis toujours amoureuse de mon mari."


Synopsis :

C'est une femme toujours amoureuse de son mari après quinze ans de vie commune. Ils forment un parfait couple de quadragénaires : deux enfants, une grande maison, la réussite sociale. Mais sous cet apparent bonheur conjugal, elle nourrit une passion exclusive à son égard. Cette beauté froide est le feu sous la glace. Lui semble se satisfaire d'une relation apaisée: ses baisers sont rapides, et le corps nu de sa femme ne l'émeu guère. Pour se prouver qu'il ne l'aime plus - ou pas assez - cette épouse se met à épier chaque geste de son mari comme autant de signes de désamour. Du Lundi au dimanche, elle note méthodiquement ses " fautes ", les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre, elle le trompe pour le tester. Face aux autres femmes qui lui semblent toujours plus belles, il lui faut être la plus soignée, la plus parfaite, la plus désirable.
On rit, on s'effraie, on se projette et l'on ne sait sur quoi va déboucher ce face-à-face conjugal tant la tension monte à chaque page.

Ce que j'en ai pensé :

Milles idées me viennent en tête pour écrire cette chronique, je dois me concentrer, respirer un grand coup pour être certaine de ne rien oublier et surtout que l'ensemble soit cohérent car ce roman a été pour moi très perturbant. J'en ressors ne sachant pas si j'ai aimé ou si j'ai détesté ; un peu des deux sans doute...

Alors dès le début de cette chronique, je souhaite mettre un avertissement car je trouve que ce roman peut choquer la sensibilité de certaines personnes : je ne me trouve pas particulièrement sensible et pourtant j'ai été dérangée de nombreuses fois par le comportement ou les réflexions de la narratrice qui confond amour et adoration viscérale au delà de toute logique.

J'ai eu, la semaine du 8 mars, journée de la femme, l'envie irrépressible de lire un roman qui parle de la vie d'une femme et j'ai tout simplement reçu une claque en lisant ce roman, mais malheureusement pas dans le bon sens... Je l'ai dit, ce roman est à la fois captivant et extrêmement dérangeant évoquant des situations incongrues, ridicules et totalement déplacées. 

Le 8 mars étant le combat de toutes les femmes pour l'égalité et qui permet de réfléchir et d'échanger sur la place de la femme dans la société, la protagoniste dont l'auteur ne nommera jamais et à mille lieux de ce combat et du féminisme où sa charge mentale explose et décide non pas de faire changer les choses, au contraire cherche par tous les moyens à être la femme parfaite.

Elle aspire d'elle même à être cet être mineur placé sous la coupe de son mari (place de la femme sous l'Empire - voir le code civil de 1804) : elle se comble d'être un ornement qui se doit de charmer son entourage par sa beauté et son esprit que l'on a pris soin de modeler. Seule disgression qu'elle se permet tout de même : cette femme follement asservie volontairement ne veut pas de son rôle de mère. Et c'est à ce moment précis, lorsque j'écris ces mots, que je suis tout simplement écœurée par ma lecture. 

Maud Ventura cherche-t-elle l'approbation ou au contraire la condamnation de cette vie ? Je n'arrive pas à savoir, puisqu'au final la protagoniste en étant malheureuse à certains moments semblent avoir trouvé un équilibre qui lui convient et s'épanouit dans ce schéma marital extrêmement  délétère. Je me pose la question de qui suis-je pour la juger ? 

Maud Ventura a écrit ce roman où le voyeurisme est au centre de l'histoire : on scrute tous les gestes, toutes les idées, tous les rêves, toutes les passions de cette femme sans détourner une seule fois les yeux et c'est justement ce qui fait tout l'intérêt du livre. En fait, j'ai adoré être choquée de la façon dont la protagoniste veut être parfaite (tenue implacable, maison cliché, soins du vidage, des cheveux, des ongles, ...) tout ceci pour atteindre l'élégance qu'elle s'est fixée et avoir les bonnes manières  qu'elle s'est imposée et n'être au final qu'une façade : les fameuses apparences. C'est triste mais au final qui ne le fait pas quasiment tous les jours dans la société dans laquelle nous évoluons. 

Puis j'ai réfléchi à cet amour incommensurable de cette femme pour son mari, et j'ai lu au fur et à mesure des pages, un profond manque de communication entre les deux, un manque d'estime de soi, un manque d'empathie, en réalité ce livre n'est pas basé sur un amour indéfectible mais la traduction du manque d'amour. Et même si la fin du roman est très surprenante, elle reste tout autant malsaine que le reste. 

Citations : 

Combien de fois ai-je espéré que mon mari me mente, qu'il me trompe ou qu'il me quitte : le rôle de la divorcée brisée est plus facile à tenir. Il est déjà écrit. Il a déjà été joué.

Plongée dans mes réflexions, je me rends compte que je suis sortie sans embrasser mes enfants. [...] Je me répète pour m'en convaincre que ce n'est pas grave. Ne pas dramatiser; Mais comment font les autres mères ? Leur arrive-t-il aussi d'oublier de déposer un baiser sur la joue de leurs enfants avant de quitter la maison ? a partir de quel âge cesse-t-on les gestes tendres à chaque séparation ? Mes enfants ont sept et neuf ans. est-ce que cela signifie qu'ils peuvent enfin se passer de mes bras ?

Le mot de la fin : 

Que j'ai aimé ou non ce roman, je ne sais le dire encore après quelques semaines, il en reste que je ne l'oublierai pas... entre voyeurisme et introspection profonde dans le malsain, je ne peux juger l'équilibre de cette femme qui se complaît dans des réflexions immatures et psychotiques très loin des préoccupations de la libération de la femme et du féminisme en général.

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