Vingt-quatre heures de la vie d'une femme - Stefan Zweig
Auteur : Stefan Zweig
Edition : Le livre de poche
Genre : Contemporain
Date de parution : 1981
Pages : 158
Ma note : 17/20
Synopsis :
Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée... Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez la fugitive. Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestables réussites.
Ce que j'en ai pensé :
Vingt-quatre heure de la vie d'une femme est un court roman où il faut l'avouer il ne se passe pas beaucoup d'actions mais dont l'élégance de l'écriture nous transporte loin des bruits qui nous entourent.
Il s'agit seulement d'une femme âgée qui se confesse d'une erreur ou ce qui lui semble une erreur, ou devrais-je dire une tentation, un moment de faiblesse, d'un coup de foudre, d'une étincelle qui s'éteint aussi rapidement qu'elle n'est apparue. Son "confesseur" reste très passif et on a l'impression que c'est Stefan Zweig qui est cet homme discret et attentif.
L'auteur nous narre avec beaucoup de sensibilité des gestes, des paysages, une atmosphère d'antan avec tellement de retenu que ce texte nous suspend dans le temps. Ce livre est une parenthèse dans un monde qui tourne beaucoup trop vite.
J'ai été totalement immergée par la description que nous fait Stefan Zweig des mains d'un joueur compulsif et de la description tellement vrai de l'addiction au monde du jeu et des paris. Même si la fin était semble toute, trop évidente à mon gout, cela n'était au final que la bonne continuité de l'histoire.
Auteur extrêmement connu à son époque, j'en avais jamais entendu parler avant de lire cette œuvre, serait-il tombé dans les oubliettes brésiliennes ? Je ne sais pas, mais si je recroise un autre de ces romans, je n'hésiterai surement pas à y retourner rien que pour savourer de nouveau la qualité de son écriture et les interminables descriptions addictives et pour une fois, sans ressentir une once d'ennui. D'ailleurs mon ami Laerte me conseille La pitié dangereuse, je vais donc m'orienter dans cette direction.
Citations :
"-Vous croyez-donc, si je vous ai bien compris, que Mme Henriette..., qu'une femme peut sans l'avoir voulu, être précipitée dans une aventure soudaine ? Qu'il y a des actes qu'une femme aurait elle-même tenus pour impossibles une heure auparavant et dont elle ne saurait être rendue responsable ?
-Je le crois, absolument, Madame."
"Peut-être ne comprenez-vous pas encore pourquoi je vous raconte tout-cela, à vous qui m'êtes étranger; mais il ne se passe pas une journée, à peine une heure, sans que je pense à cet événement; et vous pouvez en croire la vieille femme que je suis, si je vous dis qu'il est intolérable de rester le regard fixé, sa vie durant, sur un seul point de son existence, sur un seul jour. Car tout ce que je vais vous raconter occupe une période de seulement vingt-quatre heures, sur soixante-sept ans ; et je me suis moi-même souvent dit jusqu'au délire : "Quelle importance si on a eu un moment de folie, un seul !" Mais on ne peut pas se débarrasser de ce que nous appelons, d'une expression très incertaine, la conscience."
"Et je vis là (vraiment, j'en fus effrayée !) deux mains comme j'en avais encore jamais vu, une main droite et une main gauche qui étaient accrochées l'une à l'autre comme des animaux en train de se mordre, et qui s'affrontaient d'une manière si farouche et si convulsive que les articulations des phalanges craquaient avec le bruit sec d'une noix que l'on casse."
"On sent qu'on est plus près de la mort; son ombre tombe, noire, sur le chemin ; les choses paraissent moins vives, elles ne pénètrent plus aussi profond et elles perdent beaucoup de leur puissance dangereuse."
Ce qu'il me reste dans la tête :
Un homme qui a tout perdu jusqu'à sa dignité sur un banc la nuit, sous une pluie diluvienne et une femme folle amoureuse de ce spectre flouté par la pluie.
Les mains de cet homme animées par une force qui leur sont propres.
Le trajet fait par la jeune femme seule dans sa calèche pour ressentir à nouveau les quelques instants passés.
Le mot de la fin :
Un livre à découvrir si vous ne le connaissez pas, d'une très grande intensité avec finalement peu de chose.
Edition : Le livre de poche
Genre : Contemporain
Date de parution : 1981
Pages : 158
Ma note : 17/20
"Dans la petite pension de la Riviera où je me trouvais alors (dix ans avant la guerre) avait éclaté à notre table une violente discussion qui brusquement menaça de tourner en altercation furieuse et fut même accompagnée de paroles haineuses et injurieuses."
Synopsis :
Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée... Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez la fugitive. Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestables réussites.
Ce que j'en ai pensé :
Vingt-quatre heure de la vie d'une femme est un court roman où il faut l'avouer il ne se passe pas beaucoup d'actions mais dont l'élégance de l'écriture nous transporte loin des bruits qui nous entourent.
Il s'agit seulement d'une femme âgée qui se confesse d'une erreur ou ce qui lui semble une erreur, ou devrais-je dire une tentation, un moment de faiblesse, d'un coup de foudre, d'une étincelle qui s'éteint aussi rapidement qu'elle n'est apparue. Son "confesseur" reste très passif et on a l'impression que c'est Stefan Zweig qui est cet homme discret et attentif.
L'auteur nous narre avec beaucoup de sensibilité des gestes, des paysages, une atmosphère d'antan avec tellement de retenu que ce texte nous suspend dans le temps. Ce livre est une parenthèse dans un monde qui tourne beaucoup trop vite.
J'ai été totalement immergée par la description que nous fait Stefan Zweig des mains d'un joueur compulsif et de la description tellement vrai de l'addiction au monde du jeu et des paris. Même si la fin était semble toute, trop évidente à mon gout, cela n'était au final que la bonne continuité de l'histoire.
Auteur extrêmement connu à son époque, j'en avais jamais entendu parler avant de lire cette œuvre, serait-il tombé dans les oubliettes brésiliennes ? Je ne sais pas, mais si je recroise un autre de ces romans, je n'hésiterai surement pas à y retourner rien que pour savourer de nouveau la qualité de son écriture et les interminables descriptions addictives et pour une fois, sans ressentir une once d'ennui. D'ailleurs mon ami Laerte me conseille La pitié dangereuse, je vais donc m'orienter dans cette direction.
Citations :
"-Vous croyez-donc, si je vous ai bien compris, que Mme Henriette..., qu'une femme peut sans l'avoir voulu, être précipitée dans une aventure soudaine ? Qu'il y a des actes qu'une femme aurait elle-même tenus pour impossibles une heure auparavant et dont elle ne saurait être rendue responsable ?
-Je le crois, absolument, Madame."
"Peut-être ne comprenez-vous pas encore pourquoi je vous raconte tout-cela, à vous qui m'êtes étranger; mais il ne se passe pas une journée, à peine une heure, sans que je pense à cet événement; et vous pouvez en croire la vieille femme que je suis, si je vous dis qu'il est intolérable de rester le regard fixé, sa vie durant, sur un seul point de son existence, sur un seul jour. Car tout ce que je vais vous raconter occupe une période de seulement vingt-quatre heures, sur soixante-sept ans ; et je me suis moi-même souvent dit jusqu'au délire : "Quelle importance si on a eu un moment de folie, un seul !" Mais on ne peut pas se débarrasser de ce que nous appelons, d'une expression très incertaine, la conscience."
"Et je vis là (vraiment, j'en fus effrayée !) deux mains comme j'en avais encore jamais vu, une main droite et une main gauche qui étaient accrochées l'une à l'autre comme des animaux en train de se mordre, et qui s'affrontaient d'une manière si farouche et si convulsive que les articulations des phalanges craquaient avec le bruit sec d'une noix que l'on casse."
"On sent qu'on est plus près de la mort; son ombre tombe, noire, sur le chemin ; les choses paraissent moins vives, elles ne pénètrent plus aussi profond et elles perdent beaucoup de leur puissance dangereuse."
Ce qu'il me reste dans la tête :
Un homme qui a tout perdu jusqu'à sa dignité sur un banc la nuit, sous une pluie diluvienne et une femme folle amoureuse de ce spectre flouté par la pluie.
Les mains de cet homme animées par une force qui leur sont propres.
Le trajet fait par la jeune femme seule dans sa calèche pour ressentir à nouveau les quelques instants passés.
Le mot de la fin :
Un livre à découvrir si vous ne le connaissez pas, d'une très grande intensité avec finalement peu de chose.
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J'ai lu Lettre d'une inconnue de cet auteur mais celui-ci me tente bien aussi! :)
RépondreSupprimerhttp://voldelivre.canalblog.com
Je vais aller voir ta critique.
SupprimerPersonne ne m'a encore conseillé ce titre. Merci
Une lecture qui m'avait beaucoup marquée. Une belle modernité dans la lecture et le thème, pourtant écrit par un homme. Un très beau livre !
RépondreSupprimerQue puis-je rajouter, tu as tout dit en quelques mots.
SupprimerJ'appuie vraiment la dernière phrase, c'est véritablement un classique à lire si on veut apprécier Stefan Zweig, commencer par le joueur d'échec ça pourrait dégouter un peu de l'auteur !
RépondreSupprimerJe ne connais pas le joueur d'échec mais on me l'a conseillé, je le lierai bientôt.
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