Hunger Games T0 : La ballade du serpent et de l'oiseau chanteur - Suzanne Collins

 


Auteur : Suzanne Collins

Éditions : PKJ
Genre : Dystopie
Date de publication originale : 2020
Pages : 607

    
 "Coriolanus plongea le chou dans une grande casserole d'eau froide et se promit qu'un jour il n'en mangerait plus jamais."


Synopsis :

C'est le matin de la Moisson qui doit ouvrir la dixième édition annuelle des Hunger Games. Au Capitole, Coriolanus Snow, dix-huit ans, se prépare à devenir pour la première fois mentor aux Jeux. L'avenir de la maison Snow, qui a connu des jours meilleurs, est désormais suspendu aux maigres chances de Coriolanus. Il devra faire preuve de charme, d'astuce et d'inventivité pour faire gagner sa candidate. Mais le sort s'acharne. Honte suprême, on lui a confié le plus misérable des tributs : une fille du district Douze. Leurs destins sont désormais liés. Chaque décision peut les conduire à la réussite ou à l'échec, au triomphe ou à la ruine.
Dans l'arène, ce sera un combat à mort.


Ce que j'en ai pensé :

J'ai tant de choses à vous dire concernant ce roman, que je ne sais pas vraiment par où commencer. Dans ma tête, se percutent beaucoup trop d'idées, j'espère que la chronique que je vais écrire aujourd'hui, sera pour vous cohérente. 

Tout d'abord, ce fut une surprise pour moi de découvrir ce roman sur les réseaux car je n'aurais jamais imaginé que l'auteur puisse faire un préquel. Tout autant curieuse qu'excitée de découvrir ce roman, je n'ai su résister à l'appel au combien essentiel de découvrir ce roman qui aurait cruellement manqué à ma culture livresque n'est-ce pas ? 

Et là quel bonheur de retrouver immédiatement la plume de Suzanne Collins. Il y a chez certains auteurs une signature dans leur écriture, et en particulier chez les auteurs de dystopie. Vous m'auriez confié ce roman sans en connaitre l'auteur, je l'aurai immédiatement identifié.

Cependant j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, et je pense que cela est du à un manque cruel de rythme dans ce roman, un peu d'ailleurs comme dans le second tome de la trilogie.

La première partie de ce roman, nous permet de découvrir Coriolanus Snow (le futur président de Panem, si certains d'entre vous n'ont pas suivi) alors qu'il est à peine âgé de 18 ans, mais qui est déjà dévoré d'ambition, de besoins de reconnaissance, plus motivé que jamais à récupérer par tous les moyens la vie d'avant la guerre, la vie quand les Snow étaient encore des grands de ce monde, la vie avant la mort de ses parents. Plein de vigueur et de hargne, Coriolanus n'a qu'une seule ambition qui le ronge au plus profond de ses entrailles c'est de briller dans la haute de Panem. Mais voilà, son appartement qu'il partage avec sa grand-mère et sa cousine, n'a plus le cachet d'antan, la réalité c'est que la famille Snow sont devenus des crève-la-dalle, que chaque jour il faut faire semblant et survivre au jour d'après. Les jeux d'Hunger Games sont loin de leur préoccupation pécuniaires, donc s'il y a des adolescents et des enfants qui crèvent dans une arène, autant que ça soit eux plutôt qu'eux et surtout lui. Le cadre est planté, la description du personnage laisse entrevoir le Président qu'il deviendra quelques années plus tard.

Cette partie est plutôt bien montée, sans doute l'excitation de retrouver un personnage emblématique. C'est d'autant plus intéressant que nous allons découvrir des jeux qui ne sont pas tout du orchestrés de la même façon que ceux que nous avions découverts dans la triologie. Ici, pas de médiatisation à outrance, pas de ferveur de la part des habitants de la capitale, en fait les jeux passent tout simplement inaperçus. Tout le monde sait qu'ils existent, mais ils sont loin de rythmer la vie de chacun. C'est pour cela que le gouvernement en place décide de choisir des jeunes de la "noblesse" pour être un mentor d'un des joueurs : c'est le début des nouveaux jeux et Coriolanus va être un générateur de bonnes idées tout au long de sa participation en tant que mentor, car ce que j'ai trouvé vraiment intéressant c'est de pouvoir concevoir les idées de ce personnage haïssable qui seront mises en place bien des années plus tard.

Je souhaite vous parler maintenant des jeux de cet époque et pour vous permettre de vous projetez, je vais faire le rapprochement avec une époque parfois méconnue , mais pourtant révoltante de ce qui a réellement existé chez nous, en France, à savoir le jardin ethnologique plus connu par les Parisien par le jardin d'acclimatation. Et justement parlons d'acclimatation : fin du XIXème siècle, il était possible de visiter l'exceptionnelle exposition d'être humains présentés comme des sauvages. Et cela faisant l'attractivité du parc et a duré près d'un quart de siècle avec pas moins de 22 expositions d'êtres humains (voir bonus). Ces gens, ces être humains, considérés comme des moins que rien étaient présentés aux yeux de tous !!! Et ici, Suzanne Collins a repris le principe avec les joueurs des Hunger Games, première génération, qui sont avant d'être envoyés dans l'arène, parqué comme des animaux, sans nourriture, sans point d'eau, vivant parmi la vermine et les rats. Vous m'accorderez que nous sommes loin des jeux fastueux quelques décennies plus tard. Ce passage est sans doute le plus intéressant du roman, la vision de Coriolanus et des des autres personnages, où pour certains ce qui se passent est normal et pour d'autres vont les retourner complétement à en haïr l'espèce humaine.

La seconde partie est vraiment centrée sur les jeux, mais j'ai trouvé ce passage trop long, beaucoup moins intéressant, car nous sommes seulement spectateur du temps qui passent car les joueurs sont amoindris, sans réélle motivation, et en ait aucun ne pense à survivre et à se battre. J'ai passé plusieurs passages, sinon, j'aurai peut être même abandonné ce roman.

Nous arrivons ensuite à la toute dernière partie, et nous découvrons une nouvelle fois une facette tout à fait nouvelle de Snow, et cela redonne du rythme au roman, me donnant envie de savoir comment l'histoire va se terminer. On le sait Snow gravira les marches jusqu'à la présidence, mais quel est l'élément déclencheur de sa fureur, de sa dureté, et bien une des raisons est présentée ici et permettra de mieux comprendre ce personnage complexe. 

Trois parties, trois visions de Coriolanus, où chacune permet de découvrir la jeunesse du personnage tant détesté qu'il deviendra, pour moi, dans sa jeunesse je ne l'ai pas détesté, je l'ai juste suivi dans ses choix qui sont certes discutables mais finalement qui sont ceux qui en aurait fait d'autres, la raison l'emporte sur les sentiments encore une fois. 

Quant aux personnages secondaires, que se soit la Dr Gaul (encore plus vicieuse que ne deviendra Snow dans le futur, mais tellement vrai dans son discours sur la nature humaine), Lucy Gray la candidate de Coriolanus que j'ai trouvé tellement fade, qui a à peine éveiller mon interêt à son égard (non j'avoue aucune émotion pour ce personnage), Tigris et Grand-M'dame, l'ami dont j'ai déjà oublié le nom qui n'a jamais été son ami, bref ses personnages, passent et ont construit Snow, mais le temps efface les rencontres, et seuls restent des souvenirs, et un autre soi. Ils ont porté le personnage de Coriolanus, mais ils se sont très vite effacés de ma mémoire.

Citations :

"Voir les pages de ses livres d'images, ceux-là mêmes qu'il avait lus et relus avec sa mère, se consumer dans les flammes n'avait jamais manqué de la faire pleurer à chaudes larmes. toutefois, mieux valait la tristesse que la mort."

"Ce que vous avez vu dans l'arène, c'est l'humanité sans fard. celle des tributs, et aussi la vôtre. Vous avez vu à quelle vitesse la civilisation disparaît. Vos bonnes manières, votre éducation, votre héritage familial, toutes ces choses dont vous êtes si fier, tout cela s'est envolé en un clin d'œil, vous dévoilant tel que vous êtes vraiment. Un garçon armé d'un gourdin qui en frappe un autre à mort. C'est l'humanité dans sa plus simple expression. "

"Je crois qu'il y a une bonté naturelle en chaque être humain. On sait quand on franchit la ligne entre le bien et le mal, et on essaie toute notre vie de rester du bon côté de cette ligne."

Petit Bonus :


L'exposition d'êtres humains présentés comme des « sauvages » est un fait avéré de longue date sur le site du jardin d'
acclimatation. En 1877, Carl Hagenbeck propose à la vue des Parisiens une petite troupe de Nubiens. Pendant un quart de siècle, ce sont vingt-deux expositions d'êtres humains qui sont organisées. Il s'agit majoritairement d'Africains, même si l'on trouve aussi des Indiens, des Lapons ou des Cosaques. Les troupes présentées le sont parfois en même temps que des animaux issus de la même région. Ces « exhibitions de sauvages » alimentèrent dès le xixe siècle de vifs débats car les hommes étaient confinés derrière les grilles de la grande pelouse, comme les animaux dans leurs cages voisines. Le jardin devient pendant cette période un des hauts lieux de l'anthropologie à Paris.

Pendant le quart de siècle qui suit, le rythme de ces exhibitions ralentit : on n'en compte qu'une dizaine entre 1903 et 1931, date de la dernière exposition humaine en marge de l'exposition coloniale internationale. Elles prennent en revanche un tour plus nettement colonial, les tribus exposées étant sélectionnées dans diverses contrées de l'empire colonial français : Sénégal, Afrique du Nord, Nouvelle-Calédonie, etc..





Et si vous voulez en voir encore plus, voici une vidéo qui est parue au mois d'aout 2020, comment ne pas faire le rapprochement lors de ma lecture au même moment :https://youtu.be/EdBYdgieIeo


Le mot de la fin :


Mitigée durant toute ma lecture, j'ai particulièrement apprécié les idées qui vont immerger pour créer les futurs jeux, mais j'ai trouvé le rythme de cet ouvrage  en dent de scie, m'ennuyant vers le milieu avant de dévorer la fin du roman. Je le conseille pourtant pour un retour en arrière qu'on ne peut que rapprocher à notre propre passé.


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