Filles de la Mer - Mary Lynn Bracht
Auteur : Mary Lynn Bracht
Edition : Robert Laffont
Genre : Historique
Publication originale : 2018
Pages : 401
Edition : Robert Laffont
Genre : Historique
Publication originale : 2018
Pages : 401
"L'aube est à peine levée et , dans l'obscurité du demi-jour, d'étranges ombres s'étirent sur le sentier."
Synopsis :
Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite sœur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée. Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa sœur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.
Ce que j'en ai pensé :
Comment rester insensible devant cette terrible histoire qui s'est passé il y a seulement 60 ans de l'autre côté de la Terre. Mary Lynn Bracht nous raconte à travers les yeux de deux sœurs, à deux époques différentes ce qu'étaient celles que l'on nommait les "filles de la mer" en Corée.
Comment rester insensible devant cette terrible histoire qui s'est passé il y a seulement 60 ans de l'autre côté de la Terre. Mary Lynn Bracht nous raconte à travers les yeux de deux sœurs, à deux époques différentes ce qu'étaient celles que l'on nommait les "filles de la mer" en Corée.
Ces pêcheuses de l'extrême, sur l'île de Jeju en mer de Chine Orientale, n'ont pas peur de se jeter dans l'eau glacée durant de longues heures pour ramasser les fruits de la mer, toujours plus profond, toujours en apnée. Mais cela n'est qu'une toute petite partie de ce roman.
Nous allons suivre particulièrement Hana, enlevée par l'armée japonaise pour être exploitée dans un bordel en Mandchourie. Le principe est simple, le Japon est en guerre contre la Chine, et pour apporter du réconfort aux soldats avant de peut-être mourir au combat, on leur permet de jouir de quelques minutes dans les bras d'une jeune fille, d'une très très jeune fille à peine formée ou même pas du tout.
Quels sentiments de révolte, de colère, de dégout, m'ont parcourus de nombreuses fois à la lecture de ce roman. Ces jeunes filles tranquilles dans leur cocon familial ont été arrachées à leurs parents pour être exploitées, réduites en esclaves sexuelles pour des hommes qui ne sont pas capables de garder leur sexe dans leur pantalon.
Le sujet abordé par Mary Lynn Bracht est bouleversant, écœurant et reste un tabou dans le pays du soleil levant. Cependant, ce roman est écrit avec beaucoup de pudeur, sans voyeurisme salace ou lubrique, juste la description des faits et le combat que mène Hana pour être de nouveau libre. Car seule cette détermination va lui permettre d'oser, de se dépasser, et de trouver la force nécessaire pour continuer à vivre.
En parallèle de l'histoire d'Hana, nous découvrons Emi, sa jeune sœur, déjà âgée, changement d'époque et de lieux. Emi a toujours gardé l'espoir de retrouver sa grande sœur que la vie lui a arraché. Nous découvrons ce qui a été son existence, pas beaucoup plus facile d'ailleurs et qui a montré également beaucoup de courage malgré la culpabilité d'être responsable du kidnapping de sa sœur. Ce poids lourd dans sa poitrine, la honte et le secret et magnifiquement décrit par l'autrice.
J'ai énormément appris de cette époque qui fait partie de la Seconde Guerre Mondiale qui n'avait pas seulement lieu en Europe.
Véritable coup de cœur, ce roman ne s''oublie pas facilement. Il marquera celui qui l'aura lu avec puissance et force.
Merci à celles qui l'ont sélectionné dans ma rubrique "C'est à vous de choisir", et je regrette seulement qu'il soit resté autant de temps dans ma PAL.
Citations :
"- Nous plongeons dans l'océan comme nos mères et nos grands-mères et nos arrière-grands-mères l'ont fait avant nous depuis des centaines d'années. Ce don est notre fierté, car nous dépendons de personne, ni de nos pères, ni de nos époux, ni de nos grands frères, ni même des soldats japonais pendant la guerre. Nous attrapons nous-mêmes notre argent, nous survivons grâce à ce que la mer nous offre. Nous vivons en harmonie avec la nature ; combien de ces maîtres d'école pourraient en dire autant ? C'est notre argent qui paie leur salaire. Sans les "ouvrières" que nous sommes, ton professeur n'aurait pas de quoi remplir son assiette."
"Pourquoi l'ont-ils emmenée sur les champs de bataille ? Ce n'est pas un soldat. C'est une fille. Il n'y a que les garçons qu'on emmène au combat."
"Les mots sont un pouvoir, lui avait un jour dit son père après lui avoir récité l'un des poèmes au message politique. Plus tu en connaîtras, plus tu auras de pouvoir. C'est pour cette raison que les japonais ont banni notre langue natale. Ils limitent notre pouvoir en limitant nos mots. Hana se répète ce nouveau vocabulaire tout en continuant son travail, concentrée sur chaque mot pour accroître son pouvoir."
Le mot de la fin :
Un roman qui ne s'efface pas avec le temps tellement il reste puissant lors de sa lecture. Des vrais sentiments ressentis, espoir et désespoir, ce roman touche de toute les manières. J'aurai aimé resté encore quelques heures sur les plages de l'île de Jeju ou encore dans les plaines de Mandchourie.
***
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