Le Grand Meaulnes - Alain-Fournier

A
uteur : Alain-Fournier
Edition : Le livre de poche
Genre : Classique
Publication originale : 1913
Pages : 246


"Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189..."




Synopsis :

À la fin du XIXe siècle, par un froid dimanche de novembre, un garçon de quinze ans, François Seurel, qui habite auprès de ses parents instituteurs une longue maison rouge - l'école du village -, attend la venue d'Augustin que sa mère a décidé de mettre ici en pension pour qu'il suive le cours supérieur : l'arrivée du grand Meaulnes à Sainte-Agathe va bouleverser l'enfance finissante de François... Extrait : Découragé, presque à bout de forces, il résolut, dans son désespoir, de suivre ce sentier jusqu'au bout. À cent pas de là, il débouchait dans une grande prairie grise, où l'on distinguait de loin en loin des ombres qui devaient être des genévriers, et une bâtisse obscure dans un repli de terrain. Meaulnes s'en approcha. Ce n'était là qu'une sorte de grand parc à bétail ou de bergerie abandonnée. La porte céda avec un gémissement.

Ce que j'en ai pensé :

C'est au croisement de la deuxième rangée et de la troisième étagère de ma boite à livre que j'ai déniché ce tout petit poche, jauni et défraichi par le temps. Et puis là, j'ai eu un déclic, ou devrais-je dire que j'ai entendu cette petite voix qui m'a chuchoté : "Vas-y prend-le !!! Tu ne l'as jamais lu, lance toi !"

Heureusement que j'ai lu ce roman en étant adulte, car s'il m'avait été donné en lecture imposée à l'école, je me serais très certainement beaucoup ennuyée et j'aurais une fois de plus détester le Français et ces auteurs encensés par les paires qui me procuraient à l'époque une violence verbale envers des paragraphes pourtant inoffensifs. Oui désolée, j'ai toujours été plus Mathématiques que Français. Du moins à l'époque...

C'est donc avec un regard plus mature (non je ne suis pas vieille, quoi que...) que j'ai lu ce roman qui, il faut tout de même être honnête est particulièrement démodé.

Sans compter que nous nous trouvons dans la campagne profonde, que les personnes n'ont jamais quitté leur village ou presque, que la seule distraction est, ben en fait rien ou presque...

Revenons à l'époque où la salle de classe commune est chauffée par un minuscule poêle au bois en son centre, les garçons habillés de bermudas et de gilets. Quand je pense que des parents se sont plains car il ne faisait que 11 degrés dans l'école, quelle honte comparée à cette époque !!! Mais j'admets, moi aussi, je trouve que c'est vraiment trop froid pour moi ou mes enfants...

Comme souvent lorsque je rédige ma chronique je m'égare, alors revenons au Grand Meaulnes, ou plus exactement à François, jeune élève, fils d'instituteur à la campagne, qui va rencontrer Augustin Meaulnes, un nouvel élève. Ils vont partager la même classe mais aussi le même foyer, puisque Augustin est mis en pension par sa mère chez les parents de François. 

Augustin est âgé de quelques années de plus que François, il sera non pas un modèle pour ce dernier mais plutôt une sorte de fantasme : François vit à travers Augustin ce qu'il ne pourra ou n'osera jamais faire par peur des conventions, des conséquences. François nous raconte donc dans ce roman les "exploits" de son meilleur ami, de son frère d'adolescence avec beaucoup d'admiration sans jamais de jalousie.

J'ai trouvé ce roman très fantasmagorique, à tel point que je me suis parfois demandé ce qui appartenait au réel de ce qui appartenait au songe.

 Alain-Fournier nous ballade entre rêve d'enfance et vie d'adulte : ce passage délicat ou il est nécessaire de faire des choix pour commencer sa propre vie.

Entre Augustin qui vit ses rêves et François qui rêve la vie d'Augustin, les deux amis ne font que s'éloigner irrémédiablement tout au long de ce roman. La désillusion de grandir après le ravissement de l'enfance, Alain-Fournier nous propose un moment de désenchantement. Très loin d'avoir été prise par ce roman, je me suis laissée portée par les rêves d'Augustin, par la vie simple de François et en refermant cet ouvrage, je me suis sentie triste des choix faits, des décisions prises et puis je me suis dit pourquoi pas. Augustin a touché du bout du doigt son rêve, mais les rêves sont éphémères et disparaissent aussitôt que les yeux s'ouvrent et fixes d'autres horizons parfois plus prometteurs même s'il ne s'agit que d'un mirage.

Citations :

"Mais un homme qui a fait une fois un bond dans le paradis, comment pourrait-il s'accommoder ensuite de la vie de tout le monde ?"

"Après cette fête où tout était charmant, mais fiévreux et fou, où lui-même avait si follement poursuivi le grand pierrot, Meaulnes se trouvait là plongé dans le bonheur le plus calme du monde.
Sans bruit, tandis que la jeune fille continuait à jouer, il retourna s'asseoir dans la salle à manger, et, ouvrant un des gros livres rouges épars sur la table, il commença distraitement à lire.
Presque aussitôt un des petits qui étaient par terre s'approcha, se pendit à son bras et grimpa sur son genou pour regarder en même temps que lui ; un autre en fit autant de l'autre côté. Alors ce fut un rêve comme son rêve de jadis. Il put imaginer longuement qu'il était dans sa propre maison, marié, un beau soir, et que cet être charmant et inconnu qui jouait du piano, près de lui, c'était sa femme..."

Le mot de la fin :

Je ne regrette pas mon choix de lecture sans pour autant avoir pleinement apprécié. J'ai aimé me perdre dans les rêves d'Augustin mais moins de suivre la réalité de l'époque. Trop réaliste, j'aurai aimé rester dans le fantastique.

***

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