Frankenstein - Mary Shelley

 

https://img.livraddict.com/_thumbs/covers/356/356204/200_0/couv21526813.jpgFrankenstein - Mary Shelley
Victor Frankenstein ! C'est l'inventeur, le savant maudit ! À quinze ans, il est témoin d'un violent orage foudre, traînée de feu, destruction d'un chêne... Son destin est tracé. Après des années de labeur, il apprend à maîtriser les éléments ; l'alchimie est pour lui une seconde nature. Bientôt il détient le pouvoir de conférer la vie à la matière inerte. Nuit terrible qui voit la naissance de l'horrible créature faite d'un assemblage de cadavres ! L'œuvre de Frankenstein. Un monstre ! Repoussant, inachevé mais doté, d'une force surhumaine et conscient de sa solitude. Echappé des ténèbres, il va, dans sa détresse, semer autour de lui crimes et désolation. D'esclave qu'il aurait dû être, il devient alors le maître, harcelant son créateur. Il lui faut une compagne semblable à lui... Pour Frankenstein, l'enfer est à venir...

Ah ! Frankenstein de Mary Shelley, symbole de la toute puissance de la littérature gothique : un pilier du genre. Avez-vous remarqué l'emphase que je mets dans cette phrase d'introduction ? Et pourtant, pour moi, cette lecture fut loin d’être un enchantement. Heureusement que j'ai découvert ce titre à travers le lecture audio car je ne peux m’empêcher de penser que, sans elle, ce roman classique serait resté inachevé dans mes mains. Pourquoi ? Parce que Frankenstein souffre de très nombreuses longueurs qui m’a laissé perplexe.

Et pourtant j'ai apprécié la structure de ce roman : l’histoire de la créature, imbriquée dans celle de Victor Frankenstein, elle-même racontée par Walton. Ce choix de raconter toute l'histoire donne un rythme et permet d'avoir les tenants et les aboutissants de chacun des personnages. Mais voilà... ça chouine. Que ce soit Victor avec sa culpabilité larmoyante, la créature dans sa quête de reconnaissance ou Walton dans ses réflexions introspectives ( je continue le voyage ou je rentre me mettre au chaud), tout le monde veut se fendre le cœur !!! Le suicide de tous ces protagonistes auraient sans doute finalement une bonne fin, mais rassurez-vous (ou pas) ce n'est pas le cas. Vous l'aurez compris les lamentations omniprésentes m’ont fait lever les yeux au ciel plus d’une fois.

Que dire de la relation entre Victor Frankenstein et sa créature ? Victor semble souffrir d’un véritable complexe de Dieu. Comment a-t-il pu croire que son monstre survivrait seul, sans aide, dans un monde hostile ? Ce désir de créer la vie semble plus égoïsme qu’altruiste : un moyen pour Victor de repousser les limites humaines, sans jamais en assumer les conséquences. Victor est sans doute le personnage le plus irritant du roman. Jamais responsable, il se cache derrière des excuses et rejette la faute sur les autres. Son incapacité à se remettre en question le rend terriblement agaçant. Et pourtant, une dépendance s’installe entre Victor et la créature : ils deviennent les deux faces d’une même pièce. Attachés l’un à l’autre, ils regardent inexorablement dans des directions opposées. Quand l’un cherche à oublier, l’autre se souvient, créant une tiraillement inextricable.

J'ai été surprise de voir comment les deux (Victor et la créature) incarnent le mal chacun à sa manière. Leurs sombres esprits, leurs sombres envies et leurs sombres  vision de la vérité font qu'il s'enfoncent toujours plus dans un cercle vicieux jusqu'aux noires profondeurs de l'âme. Ils sont incapables de trouver un terrain d’entente, aucun des deux ne voulant faire un pas vers la réconciliation. Leur relation est marquée par cette lutte incessante, où leur acharnement reflète les pires aspects de l’autre.

Quant aux  personnages secondaires, ils montrent également leur sombre esprit : Alphonse Frankenstein le père de Victor, pleurniche sans fin sur la mort de sa femme, le départ de son fils, et tout autre événement tragique. Elizabeth Lavenza, sa sœur de cœur promise à Victor, se morfond sur sa vie et sur l’éloignement de Victor. Ce sont des personnages qui eux aussi, se lamentent et qui, par conséquent, manquent cruellement de nuances ce qui aurait pu équilibrer le roman.

Seul Henry Clerval, avec sa bonhomie et son enthousiasme, apporte une légèreté bienvenue au roman. Il est un souffle d’air frais, une pause dans l’obscurité omniprésente des tourments de Victor et de la créature. Enfin, Justine Moritz, à mes yeux, est la seule véritable figure tragique du roman. Victime d’un destin cruel et d’une injustice dont elle ne sortira pas victorieuse à cause de Victor, elle incarne finalement à mes yeux une sorte de pureté, un ange sacrifié dans un monde sans pitié.

Cependant, je dois rendre hommage à Mary Shelley pour son talent à peindre la nature sauvage. Ses descriptions des Alpes, des forêts sombres, des lacs scintillants et des mers de glace sont de véritables tableaux littéraires. Ces moments de contemplation m'a éloigné temporairement des geignements des personnages et offrent une réelle respiration fraiche certes mais apaisante.

Et pour tant l’histoire de Frankenstein aurait pu être fascinante par les questions qu’elle soulève : jusqu’où peut aller l’homme dans sa soif de connaissance ? Quels sont les devoirs d’un créateur envers sa création ? Ce dilemme moral est  présent dans ce roman, pourtant, cette thématique est assombrie par les choix discutables de l'autrice de préférer l'obscurité à la lumière, mais n'est-ce pas la substance d'un roman gothique... la boucle est bouclée pour cette chronique.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Silo, l'intégrale - Hugh Howey

Le comte de Monte-Cristo, tome 1 - Alexandre Dumas

OUTLANDER, TOME 11 : L'ADIEU AUX ABEILLES, PARTIE 2 - DIANA GABALDON

Bilan de l'année 2024 !!

Comme souffle le vent - Gaëlle Charrier-Bretagne