Elia : La passeuse d'âmes, la TRILOGIE - Marie Vareille
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“Les prophéties ne s’accomplissent que si quelqu’un a suffisamment de courage pour les réaliser”
Elia vit dans une dictature divisée en deux catégories : l’élite, les Kornésiens, et la classe exploitée, réduite en esclavage : les Nosoba. Elia est une Kornésienne. À quinze ans à peine, elle exerce en tant que passeuse d’âmes à l’hôpital de la capitale du pays : elle euthanasie tous ceux qui seraient considérés comme inutiles ou dangereux pour la communauté. Un jour, un jeune Nosoba, de la caste des intouchables parvient à la convaincre de l'aider à s’échapper, alors même qu'elle avait ordre de l'exécuter. Accusée de trahison, Elia s'enfuit...
J'ai dévoré Elia, la Passeuse d'Âmes en seulement deux petits jours tant cette lecture s'est révélée addictive.
Marie Vareille nous propose ici un genre différent de ce que j'ai déjà lu au travers La dernière allumette. Une dystopie YA ultra rythmée où je suis restée fascinée du début à la fin que je compare à La Passe-Miroir revisitée à la sauce Germinal avec une touche de Divergente... un cocktail qui fonctionne à merveille !
Les codes des romans young adult sont respectés avec ce premier tome. Le lecteur est entraîné dans un monde bien défini, structuré par des castes inégalitaires où les privilèges et la misère se côtoient brutalement. Élia, issue de l’élite, a été désignée génétiquement pour accompagner les personnes en fin de vie vers l’au-delà soit pour le dire clairement elle euthanasie sans distinction les gens qu'on lui apporte. Jusqu'à ce jour, où elle va décider de ne pas respecter la loi : prise de conscience, révolte, fatigue ou faiblesse, c'est le début d'une mutation profonde dans l'âme d'Elia qui par son acte va renaitre d'une certaine façon. Ainsi, contrainte de fuir, elle plonge dans une réalité qu’elle ne soupçonnait pas, découvrant la rudesse des conditions de vie de la classe inférieure, là où l'oppression sociale est permanente et où Elia va également mener sa propre quête identitaire.
Si l’histoire ne réserve pas de véritables retournements de situation, sa narration est fluide et des questions qui trouvent progressivement leurs réponses. C’est cette progression maîtrisée qui m'a tenue en haleine, sans jamais lasser.
Élia est une héroïne à la fois forte et vulnérable, contrainte de se taire pour survivre, mais incapable d’enfouir les nombreux secrets qui la hantent. Heureusement, elle pourra compter sur l’entraide et l’amitié des jeunes qu’elle rencontre, que se soit auprès de Tim, bienveillant et discret, qui va jouer un rôle d'initiateur dans l’évolution d’Élia ; Arhya, téméraire et loyale, au caractère bien trempé qui aide ceux qu'elles aiment de bien des manières et bien évidemment Sol, charismatique et protecteur, il apporte un certain équilibre dans ce monde cruel. Si j'ajoute Argo, le frère de Sol, cela fait un bon club des cinq prêts à vivre d'extraordinaires aventures, non pas tout à fait mais le clin d'œil était sympa. Mais une chose est certaine, c'est que tous contribuent à son évolution, lui permettant de survivre, puis de se reconstruire et enfin de comprendre son véritable rôle dans cet univers impitoyable.
Ce premier tome se termine sur une étape cruciale dans la destinée d’Élia. Acculée, elle devra affronter ses peurs et faire face à son passé pour sauver ceux qu’elle aime. L’enjeu monte d’un cran, promettant une suite encore plus intense.
« Être courageux, ce n’est pas ne pas avoir peur, c’est justement avoir le courage d’agir malgré la peur. »
Merci à Bridjou pour cette découverte puisque c'est mon premier coup de cœur de cette année, car si je m'étais arrêtée à la couverture, je ne serai vraiment pas allée plus loin.
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En rentrant avec Solstan au Conclusar, le centre de détention pour mineurs du Palatium, Elia n’a qu’un seul objectif, sauver sa soeur. Mais elle est loin d’imaginer les dangers qui l’attendent derrière les murs de béton où le secret de ses origines ne doit être découvert à aucun prix ! Dans un monde impitoyable où l’ennemi n’est pas toujours celui que l’on croit, Elia survivra-t-elle ? Arrivera-t-elle à sauver sa sœur et à retrouver ses amis ? Elia, Solstan, Tim et Arhia sauront-ils défendre leurs idéaux jusqu’au bout, quel que soit le prix à payer ?
Dans la plupart des trilogies dystopiques, le schéma classique suit une certaine montée de la violence avant la délivrance finale du peuple opprimé à la toute fin du troisième tome, où éclate la liberté, la fin des préjugés et le retour du libre arbitre, comme un ciel bleu après l'orage. Ici, Marie Vareille casse les codes en proposant un deuxième tome sombre, dur, et d'une intensité surprenante.
Loin d'être le tome de la transition, ce second tome se caractérise par sa noirceur et son intensité. Chaque personnage doit faire face à des choix cornéliens, dictés par ses propres convictions et un sens de l'honneur qui les pousse dans des directions opposées. Elia est totalement perdue : elle ne sait plus quelle est sa place ni vers qui se tourner. Sol, toujours fidèle à sa volonté de protéger ceux qui comptent pour lui, reste un planté dans ses bottes et à du mal à faire un pas. Tim est rongé par les regrets, tandis qu'Arhya, bien que plus en retrait, joue un rôle essentiel dans l'ombre. Seul Argo, donne cet air d'insouciance enfantine et illumine les moments de part sa présence.
Ce tome nous présente également de nouveaux personnages qui viennent enrichir l'intrigue et complexifier les rapports de force. Entre manipulations, alliances incertaines et trahisons, la tension monte crescendo. Le combat pour la liberté est sur le point de commencer, et personne ne sera épargné. L'auteure met en avant des scènes de torture physique et psychologique puissantes, ainsi que des entraînements dignes d’un parcours du combattant.
Si le premier tome posait les bases de cet univers dystopique, ce second tome permet d’en explorer certaines nuances. Le système politique se révèle de plus en plus cohérent et oppressant, tandis que les indices semés çà et là laissent entrevoir des révélations. J’ai particulièrement aimé la manière dont Marie Vareille joue avec nos attentes en multipliant les fausses pistes et les rebondissements inattendus. Cette fois-ci, j’ai enfin trouvé le twist final que j’attendais dans le premier opus, et il m’a réellement déstabilisée !
Au-delà de la violence et des enjeux politiques, ce tome est presque une étude des sentiments humains. Loin des clichés de la romance facile, on explore ici les émotions profondes de ces jeunes hommes et femmes obligés de survivre, de faire face à leurs propres doutes et de lutter pour ceux qu’ils aiment. L’auteure illustre de manière très crédible la manière dont les oppressions, les manipulations et les idéologies façonnent les esprits.
J’ai particulièrement apprécié les scènes de calme avant les tempêtes nombreuses qui secouent ce tome, rendant l’ensemble encore plus addictif. Ce récit, bien que sombre, est très réussi et promet un troisième volet explosif.
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Suite à l'échec de l'attaque du Conclusar, les combattants de l'Aube ont été décimés, Tim a disparu et Solstan est passé à l'ennemi.
Elia, activement recherchée par le Palatium, doit fuir la Cité pour survivre.
Dans un monde fait d'injustice et de violence où les Passeurs d’Âmes ont désormais les pleins pouvoirs, elle devra affronter le pire.
Seule face à la puissance du Palatium, saura-t-elle se relever et sauver ceux qu'elle aime ?
Avec ce troisième et dernier tome, Marie Vareille clôt son histoire en mettant en lumière une idée centrale : seuls, les personnages vacillent, mais ensemble, ils deviennent une véritable force. L’oppression semble totale, le gouvernement qui contrôle vie et mort est plus puissant que jamais, et pourtant, l’espoir demeure. Car l’envie de liberté finit toujours par s’élever, même dans les pires ténèbres.
Si les thématiques abordées restent classiques pour le genre – rébellion, lutte des classes, espoir d’un monde meilleur – l’autrice a réussi ) ma captivé même si, il faut l'avouer, un peu moins que dans les tomes précédents. J’ai trouvé que le dernier affrontement s’étirait un peu trop en longueur, mais l’ensemble reste cohérent et bien rythmé. L’univers, et je le regrette est limité en termes de décors et d’exploration, pourtant il est compensé par une analyse de l’évolution psychologique des personnages. J4avais pu le constater dans le tome 2, mais ici cela prend tout son sens : les personnages grandissent, acceptent leurs failles, ont des doutes et leurs certitudes vont être brisées.
Ainsi, l’essentiel du roman se déroule entre la Ville Éphémère et le Palatium, où tout converge vers un affrontement inévitable. Tous se retrouve pour s'unir et défendre leur vie, leurs valeurs. Ce troisième tome met moins l’accent sur la brutalité que son prédécesseur et a une part de fatalité et de reconstruction jusqu'à la délivrance, où chacun tente de se reconstruire malgré les blessures du passé. Si la conclusion est relativement prévisible, elle n’en reste pas moins satisfaisante et apporte une véritable clôture à cette trilogie.
Tu confirmes donc que cette trilogie est à découvrir notamment pour ses personnages qui ont l'air attachants et dont on prend plaisir à découvrir les liens.
RépondreSupprimerTu as tout compris ;)
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