Une nuit particulière - Grégoire Delacourt

 

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Elle s’appelle Aurore. Et pourtant c’est au crépuscule qu’elle rencontre Simeone, un soir d’automne, à Paris, aux abords du local d’un groupe de parole. Elle quitte une réunion, lui arrive pour la suivante. Il attend, l’observe, intrigué, mais c’est elle qui s’adresse à lui. Le temps d’une cigarette, la conversation s’engage.
Après trente ans d’amour fou, Aurore sait qu’elle va être quittée par son mari. Simeone a la gorge mangée par un crabe, il lui reste peu de temps à vivre, il refuse de lutter et sa femme a peur. Alors les deux inconnus s’avancent ensemble dans une nuit qui ne ressemblera à nulle autre, des rues de Paris à un bar de nuit, d’une chambre d’hôtel à un aller-retour en taxi vers Roissy et une évasion vers les rivages de l’aube. Première ou dernière nuit, tous deux l’ignorent. Ils ne sont sûrs que d’une chose : au matin, après cette bouleversante nuit d’amour, rien ne sera plus jamais comme avant. Car l’amour ne s’écrit jamais à l’avance.
Romanesque, poétique, fulgurant : un magnifique roman d’amour


Composé de deux parties, de deux personnes : une femme et un homme, le roman "Une nuit particulière" nous entraine à mettre notre vie entre parenthèse le temps de sa lecture ou ce qui fut mon cas, de mon écoute. Deux parties, qui pour ma part, furent inégales et fondamentalement complémentaires : la première centrée sur Aurore où je me suis détachée de ce personnage et une seconde où je me suis abîmée en Simeone et puis au final en Aurore. Tiraillée par ces personnages aux antipodes qui se fondent et que j'ai rejoint.

J'ai vécu la première partie de ce roman comme une psychanalyse de l'abandon, de la rupture avec l'homme que l'on aime, l'homme que l'on désire à travers une nuit avec un autre partenaire, choisi au hasard d'une rencontre sur le trottoir noir Parisien. Paris, justement, ses places, ses restaurants, ses musées, ses hôtels, cette ville lumière est presque un personnage en tant que tel. Et qui dit Paris, dit Parisien. Elle, surtout, avec sa culture élitiste, son besoin de comparaison, ses envies superfétatoires. Ce personnage que j'ai commencé à exécrer qui donne l'impression d'être supérieur.  Elle évoque des noms, des mots pour ce plaisir jubilatoire de dire qu'elle les connait. Cette première partie en est rempli et ne me croyez pas jalouse ou amère de ne pas connaitre tel ou tel lieu, tel ou tel personnage, non je trouve juste dégoulinant des références accessibles à si peu de personnes.

Non, je n'ai pas aimé Aurore, ou plutôt la façon dont elle est décrite par l'auteur car trop éloignée de moi jusqu'à ce que ... je comprenne cette femme qui jusque là je ne comprenais pas.

J'entre dans la seconde partie avec le point de vue de Simeone, et là je bascule ... J'ai ressenti comme un lâché prise et Aurore qui jusque là me paraissait inaccessible, a pris du corps, de l'esprit comme si dans les yeux de cet homme les morceaux de vie prenaient place dans le grand échiquier de la vie.

Simeone, triste, isolé, condamné, las, va  s'ouvrir auprès de cette femme inconnue et c'est tout simplement beau. Sensible délicat, attentionné, aimant et amant, il va suivre Aurore pour une nuit pour savoir où la vie va le mener. Grégoire Delacourt va s'arrêter régulièrement sur de menus détails (une griffure sur un disque en vinyle, une volute de fumée de cigarette, ...)  qui vont donner toute la profondeur au texte, à la scène qui se déroulait devant mes yeux et je ne voulais pas arrêter d'écouter comme hypnotisée, bercée, enlacée par ces mots qui caressaient ma peau, mon corps, mon âme. Ce texte sensuel, sexuel, émotionnellement vertigineux.

Je ne savais plus si je voulais ou non que  le jour se lève dans le texte et j'ai écouté ce rythme qui devient effréné comme si l'auteur avait encore tout à dire et pas assez de temps. Ces secondes qui fuient inexorablement, ce sable qui coule sans qu'on puisse l'arrêter vers l'inévitable. J'ai tremblé, j'ai pleuré, j'ai ressenti la douleur, j'ai compris enfin Aurore, son désespoir, sa passion, son incommensurable amour, je l'ai trouvé belle, désirable à travers les yeux de Simeone et j'ai tout arrêté. J'ai retenu mon souffle quelques secondes, j'ai oublié ce que j'avais ressenti lors de la première partie que je n'avais pas apprécié et j'ai compris que c'est parce que je ne l'avais pas aimé et tant aimé la seconde que les opposés s'attirent, fusionnent, vibrent à l'unisson et qu'il fallait que j'en passe par là pour extérioriser par l'écriture de cette chronique cette admiration que m'a procuré ce texte pour cette femme, pour cet homme.

Comme je vous l'ai déjà mentionné, ce texte, je ne l'ai pas lu mais écouté, bercée par la voix de Charles Morillon, envoutante, suave, désespérément attirante, et une fois le dernier mot prononcé, j'ai terriblement envie de le lire cette fois-ci, de redécouvrir ce texte avec mes yeux, arrêter une fois de plus le temps, baigner de mes larmes mes joues et les pages pour qu'elles portent la trace de mes émotions enfouies, trop longtemps gardées et même oubliées.

J'aimerais vous en parler encore et encore pour ne pas me séparer d'eux, pour qu'ils restent encore auprès de moi quelques minutes quelques heures, pour continuer à ressentir cette peine synonyme de vie, je voudrais être égoïste, masochiste de mes propres sentiments, voir le soleil se lever et être seule avec mon amour.

Merci aux éditions #audiolib et #netgalley pour cette découverte qui restera inoubliable

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