Azincourt par temps de pluie - Jean Teulé
Azincourt par temps de pluie - Jean Teulé
Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d’une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l’Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu’à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu’aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tout ce que la cour de France compte d’aristocrates se précipite pour participer à la curée. Ils ont bien l’intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n’en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l’autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s’impose : grandiose !
Ce cher François Ier aurait -il oublié quand il s'écriait : 1515 ! et que sa cours devait inlassablement répondre Marignan, qu'un siècle plus tôt son prédécesseur avait essuyé l'une des plus terribles défaites de l'histoire du royaume de France : 1415 ! Azincourt! Bouhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
Jean Teulé va ici non pas rafraichir la mémoire de ce pauvre François Ier qui se serait retourné dans son tombeau dans la basilique de Saint-Denis, mais bien la notre. Azincourt, tout le monde ou presque connait ce nom, on en garde tous un souvenir lointain de cours d'Histoire, mais la date reste incertaine même si les plus téméraires citeront la guerre de 100 ans, donc par déduction associera cette bataille aux fameux envahisseurs anglais, Re Bouhhhhhhhhhhhhhhhh. Et ensuite on dit que la France n'est pas douée en Anglais, mais il y a de quoi tout de même !!! et qui va sortir vainqueur de cette boucherie ?
Car oui, la bataille d'Azincourt est donc un des combats les plus sanglants qu'aura connu le royaume de France et c'est l'armée de Charles VI qui de part son petit problème récurrent de démence, n'aura aucun souvenir de cette défaite. Jean Teulé nous livre ici sa version sanglante, brutale, parfaitement crue dans son style toujours très imagé et soigné. J'aime beaucoup cet auteur lorsqu'il se livre à cet exercice. J'avais pu explorer sa vision à travers Charles 9 (pas mieux d'ailleurs que son ancêtre au niveau démence) ou Le Montespan. J'y ai retrouvé son humour grinçant pour mettre en avant la succession de choix ineptes et sa vision truculente des faits historiques.
La pauvre et minuscule armée anglaise a donc décimé l'armée Française en un monticule de morceaux désolidarisés les uns les autres au milieu d'une la plaine embourbée. Cœur sensible s'abstenir, j'ai presque ressenti l'odeur du sang en lisant le roman. Les séries pseudo-fantastiques que nos petits écrans présentent et que nous adorons découvrir n'ont rien à envier à la vrai Histoire. Jean Teulé nous propose une version extrêmement visuelle et sensorielle et j'ai adoré cette expérience.
Même si je dois le reconnaitre, certains passages sont un peu longs, j'ai trouvé très intéressant de présenter le déclin de la chevalerie et de ses règles parfois pédantes parfois inappropriées où une fois encore est mis en évidence l'égo surdimensionné de l'Homme.
Un roman dans le pur style de l'auteur qui ne pourra que séduire ceux qui l'apprécie, où les faits historiques sont retalés tels que vécus dans le sang et la boue, dans le dénuement et l'inhabilité avec un humour représentatif du ciel au dessus de ces corps sans tête : noir.
Dernier roman de cet auteur qui maintenant repose aussi sous terre, ça sera son dernier, mais heureusement pour moi, il m'en reste à découvrir.
C'est le seul "roman" de Jean Teulé que j'ai lu pour le moment. Je me rappelle avoir noté quand j'avais rédigé ma chroniqueuse sur ce titre, il y a 18 mois, le rôle de "témoin" du personnage féminin... Un roman de vulgarisation historique qui se lit vite et avec aisance (même si son contenu n'occulte pas celui des fosses du même nom!).
RépondreSupprimer(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
J'aime beaucoup votre commentaire (sourire), oui ce rôle féminin est finalement une sorte de témoin de ce qui sera une boucherie. J4aime beaucoup le style de Jean Teulé qui permet oui une sorte de vulgarisation, mais aussi s'appuie sur des faits historique justes, ce qui n'est pas toujours le cas.
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