La métamorphose - Franz Kafka
La métamorphose - Franz Kafka
Lorsque Gregor Samsa s'éveille, un matin, après des rêves agités, il est bel et bien métamorphosé. Doté d'une épaisse carapace d'où s'échappent de pitoyables petites pattes ! Lugubre cocasserie ? Hélas, ultime défense contre ceux qui, certes, ne sont pas des monstres mais de vulgaires parasites... Les siens. Père, mère, sœur, dont l'ambition est de l'éliminer après avoir contribué à l'étouffer...
La métamorphose est une nouvelle dont j'avais pu entendre parler plusieurs fois dans le passé sans jamais m'y arrêter ni envie particulière de découvrir ce texte. Et puis, au hasard de ma boite à livre, je déniche ce tout petit livre d'une centaine de pages et je me dis pourquoi pas.
Je n'ai lu aucune analyse de texte concernant ce roman, je vais donc vous en parler librement, vous évoquer mon sincère ressenti et les émotions que m'a procurées cette histoire...
Gregor, vendeur itinérant, se réveille un bon matin dans un corps d'insecte peu ragoutant sorte de cafard ou de blatte, cette bête gênante et surtout considérée comme nuisible. Et justement Franz Kafka met le doigt sur une notion très importante qui est : que faire d'une personne qui serait estimé comme indésirable du jour au lendemain ? La métaphore de l'insecte m'a des fois, fait pensé à une personne aliénée, malade, vieillissante ou condamnée pour un délit. Dans ces situations comment l'entourage ou la famille réagit-elle ? Comment accepter, comprendre et se débarrasser de cet être : la déshumanisation à travers cet insecte est la façon la plus facile pour chacun pour ne pas subir les conséquences émotionnelles et accepter nos actes. "Ce n'est pas notre faute c'est de sa faute et je n'ai pas de reproche à me faire".
Dès le début de cette nouvelle, Gregor, se voit, quant à lui avec ce nouveau corps, ce nouveau costume comme si tout était normal et accepte sa métamorphose sans se poser la question du pourquoi il a ce nouveau corps. "Soit, c'est comme ça." En revanche c'est un choc pour le reste du monde. Qu'est-ce que cette chose immonde et que faire ? La cacher ? L'isoler ? S'en débarrasser ?
Nous retrouvons les étapes de la démarche du changement. Choc, Déni, colère, Peur ... Mais à la différence d'ensuite enclancher une attitude constructive orientée vers le futur, il n'y aura rien de positif, pas d'acceptation, pas de pardon. Ainsi la sœur qui était sans doute au début de cette œuvre la plus compatissante envers son pauvre frère, devient à la fin de celle-ci, la plus extrême et la plus virulente. La façon dont Franz Kafka présente cette évolution de motivation est particulièrement bien mis en avant et nous conduit même nous, lecteur, à prendre son parti, je trouve ça particulièrement effrayant.
Cette nouvelle rédigée en 1915 ne pouvait mettre en avant la cruauté et l'extermination qui aura lieu moins de 30 ans plus tard, et pourtant je ne peux m'empêcher de faire le lien sur les événements qui vont arriver. Son raisonnement d'isolement, de déshumanisation au sein d'une simple famille : père, mère, fille et fils, au niveau social moyen, qui leur donne la capacité à rejeter l'un des leurs, met en avant le manque d'humanité et de compassion qui pourtant caractérise l'être humain.
Et pourtant, Franz Kafka fait le choix de ne jamais faire se plaindre son personnage Gregor, comme s'il était déjà absent des jours qui passent, comme si tout était parfaitement normal comme si, lui, avait accepté, pardonné et en certain sens atteint une certaine sérénité, et que de lui même il savait qu'il n'y avait qu'une seule fin possible.
En rédigeant cette chronique je me rend compte qu'en fait c'est justement Gregor qui a fondamentalement changé en dehors de son apparence et non les autres membres de la famille qui n'ont vu que les apparences et la gêne provoquée.
Cette œuvre parle d'abandon, de vulnérabilité, de traumatisme et d'estime de soi. A travers les yeux des autres. Quels sont les facteurs qui permettent de mettre de côté l'un des siens sans éprouver la moindre culpabilité et comment ne pas voir que l'on est devenu quelqu'un d'autre ? Un texte au final dérangeant mais que j'ai aimé découvrir pour voir au delà de la métamorphose.
Je n'ai jamais lu Kafka, dont je ne me suis d'ailleurs jamais intéressée à la bibliographie. 🙈 Grâce à ta chronique, j'ai mis celui-ci dans ma liste d'envies car je trouve le sujet intéressant. Ca sera l'occasion de découvrir l'auteur.
RépondreSupprimerJe suis très contente que je t'ouvre de nouveaux horizons 😊. Moi non plus je ne connaissais pas cet auteur avant cette lecture. Mais ça reste néanmoins très particulier comme œuvre.
SupprimerL'un des livres qui m'impressionne… comme la plupart des Classiques.
RépondreSupprimer😂 je ne m'impressionne plus des classique, j'essaie et ensuite je poursuis ou j'abandonne. Seule la grosseur d'un livre peut encore m'impressionner. Et puis en vieillissant, je trouve qu'on aborde plus la lecture de la même manière. Je lis pour mon plaisir et non pas pour impressionner les autres 😉
Supprimer