Congo Requiem - Jean-Christophe Grangé



Auteur : Jean-Christophe Grangé
Éditions : France Loisirs
Genre : Thriller
Date de publication originale : 2016
Pages : 726


          " Aéroport de Lubumbashi, Congo-Kinshasa. L'embarquement avait des allures de foire d'empoigne."


Synopsis :


  On ne choisit pas sa famille mais le diable a choisi son clan.
Alors que Grégoire et Erwan traquent la vérité jusqu'à Lontano, au coeur des ténèbres africaines, Loïc et Gaëlle affrontent un nouveau tueur à Florence et à Paris.
Sans le savoir, ils ont tous rendez-vous avec le même ennemi. L'Homme-Clou.
Chez les Morvan, tous les chemins mènent en enfer.

Congo Requiem


Ce que j'en ai pensé :



 Quel plaisir ce fut de retrouver la famille Morvant après un excellent tome 1. Ici Jean-Christophe Grangé ne nous propose pas une mais bien quatre enquêtes qui semblent indépendantes mais qui ont pourtant la même génèse l'Homme Clou et surtout la même destination.


Tout d'abord, le Père  : Grégoire Morvant retournant sur les terres de son passé, l'Afrique noire, obsédante, qui sue à travers toutes les pores de son corps, les mines de cotran, un dernier coup, le dernier gros coup avant de quitter ce pays aussi magnifique qu'emplit d'horreurs, de modernité et de tradition …


Ensuite le fils ainé : Erwan Morvan qui calque ses pas sur les traces originelles de l'Homme clou. Erwan qui veut découvrir la vérité sur son père et sur les mensonges accumulés par 40 ans de violence, de secrets, de tourmente. Erwan va découvrir le lieu où il est né Lontano, ville fantôme où seuls les murs encore levés sont un écrin à des clans ultra-armés prêts à combattre. La terre est rouge mais pas seulement à cause de la latérite mais surtout du sang qui gorge jusqu'à saturation le sol.


Puis, le cadet : Loïc arrivé en Italie pour enterrer le père assassiné de son ex-femme qu'il déteste pourtant tant. Il va s'efforcer de remonter le fil de la chronologie de cet assassinat et découvrir le monde inconnu des trafic d'armes.


Et enfin, la fille : Gaëlle qui fera appel à l'une des enquêtrices de son frère, qui après avoir fantasmé sur son psychologue va découvrir sa face cachée, son inexistence et encore et toujours des secrets qui la ramène vers l'Homme clou.


4 enquêtes si bien ficelées qui comme le battement d'aile d'un papillon va déclencher une tempête chez un autre membre de la famille Morvan. Chaque membre et à son paroxysme de son égoïsme, croyant chacun son tour découvrir la clé oubliant la cohésion de cette famille et ne prendra conscience que trop tard des conséquences. C'est dans la nature humaine de vouloir connaitre la vérité même si des fois, elle serait sans doute mieux enfouie loin, loin dans ces forêts africaines entourée de grigris d'os, de pierre et de coquillage.


Jean-Christophe Grangé nous emmène au cœur de la noirceur de l'Homme blanc ou noir, au cœur de cette Afrique oubliée du reste du monde, là où la violence est à son apogée, là où la nature faune et flore reprend ses droits. C'est à la fois hypnotisant et glaçant.


Les scènes sont crues, elles explosent devant nos yeux imaginant bains de sang, corps déchiquetés, lambeaux de chair, d'organes suintant, sans oublier la chaleur étouffante et cette végétation millénaire qui va continuer à vivre et va cacher en son sein, ces tueries sans laisser aucun témoin. C'est la Nature, la belle et grande Nature face à celle terrifiante, noire et sordide de l'Homme.


Vous l'aurez compris, j'ai été transportée par ce roman, et malgré un tour de passe-passe final qui m'a déplu ce qui lui coute le coup de cœur, j'ai adoré suivre cette famille si mal assemblée et pourtant attachante.


Citations :


"Grégoire n'avait aucune illusion. A l'arrivée, on s'apercevrait qu'il manquait la moitié du matériel - oublié, volé, vendu. Pas grave : la meilleure façon de gérer les problèmes en Afrique était de les ignorer. L'incertitude était une composante à part entière de tout projet. En respectant ce postulat, on appréciait même mieux la vrai poésie du pays, irrationnelle et sans issue."


"A l'aube, ils avaient découvert une plaine qui baignait dans son jus. Un grand corps vert qui se prélassait dans des draps de pluie. Tout scintillait dans l'aurore. La nature semblait avoir poussé dans la nuit. La naissance du monde, rien que ça, sous un ciel écarlate, sortant lui aussi des forges mythologiques…"


"La misère de l'Afrique : personne ne songe à changer le système - violence, corruption, barbarie à tous les étages. Chacun vise au contraire à l'utiliser pour se tailler une place au soleil."


"Elle était venue ici quand elle était petite - pour voir son père. Puis plus grande - pour venir chercher son frère. Le fameux 36 - pas de quoi se rouler par terre. Des couloirs exigus, des bureaux qui ressemblaient à des placards, des grappes de câbles collés au plafond. Retirez les flics de légende et les affaires mythiques, ne restait qu'une vulgaire officine administrative."


"Avant de partir en Afrique, il avait dit à son père : "La prescription, c'est pour les juges, pas pour les hommes." Il avait tord. La prescription était inscrite dans les tables de l'univers. La prescription, c'était l'oubli. Non pas celle des mémoires, mais celle des corps : plus d'hormones ni d'adrénaline pour se révolter. "


Le mot de la fin :


Un roman riche en actions, en sentiments, en couleurs, en odeurs … Un roman gorgé de sang, de miasmes, de secrets, de doutes, de vérité… Un roman puissant envahi par les ténèbres de l'esprit dans un cadre majestueux, l'Afrique. Une suite à la hauteur du tome précédent ou juste en-dessous …


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